Il fut un temps où les pages politiques du Figaro appartenaient à Robert Hersant. Le reste du journal était assez libre de ses opinions mais il fallait être proche du pouvoir de l’époque par un prosélytisme pas toujours subtil.
Aujourd’hui, le même cas de figure se reproduit mais avec le nouveau propriétaire, Serge Dassault, et avec l’aide d’un bon soldat en la matière – qui a appris ses leçons auprès de Bouygues à TF1 -, Etienne Mougeotte, le directeur de la rédaction.
Donc, tout doit être fait pour que le Figaro joue son rôle dans la réélection de Nicolas Sarkozy. Rien n’à redire, un quotidien a évidemment le droit de supporter qui il veut, et Le Figaro, journal de droite, ne tourne pas le dos à son positionnement politique de longue date. C’est le contraire qui serait surprenant.
Ce qui est plus gênant, c’est de voir certains de ses journalistes être plutôt des propagandistes que des médiateurs de l’information. On sent que leurs sources d’informations proviennent le plus souvent de l’Elysée (ainsi que leurs commentaires) et que les gros titres simplistes, voire simplificateurs, n’ont pas d’autres buts que d’être polémiques à l’égard de la Gauche.
Dans ce cadre, et ce qui nous intéresse ici, c’est la drôle de danse du ventre du journal autour du Centre. La part belle faite à François Bayrou, pourtant pourfendeur de Nicolas Sarkozy et chef autoproclamé de la lutte pour les valeurs dévoyées par le président de la république actuel, ont de quoi surprendre à première vue.
D’autant que cela s’accompagne d’une critique en règle de Jean-Louis Borloo qui clame son attachement à la majorité et à Sarkozy (Hervé Morin étant un peu plus ménagé).
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que tout cela est issu… de la vision de Nicolas Sarkozy du Centre.
Pour le président de la république et donc Le Figaro, François Bayrou, quoiqu’il arrive, sera candidat à la présidentielle. Et une partie des voix qui se portera sur le leader du Mouvement démocrate au premier tour lui reviendra au second. Il faut donc le ménager mais aussi l’introniser seul vrai candidat centriste.
Car, la candidature de Jean-Louis Borloo est bien plus dangereuse pour Nicolas Sarkozy et sa stratégie électorale. Le président du Parti radical est en effet un homme de la majorité actuelle, un ministre fidèle pendant les quatre premières années du quinquennat et il laboure des terres électorales bien plus proches de l’UMP que celles de Bayrou. Surtout, au jour d’aujourd’hui, il semble avoir une surface électorale plus large que celle de ce dernier même s’il ne décolle pas vraiment dans les sondages (mais Bayrou non plus).
Du coup, il faut le discréditer pour éviter, soit qu’il monte trop haut dans les sondages, soit qu’il accapare une partie des voix que Sarkozy espèrent faire au premier tour, lui enlevant sa dynamique pour le second ou, pire, l’empêchant même d’atteindre ce second tour.
Et Le Figaro a bien compris ce que veut son champion. Prenez, par exemple, l’édition du 31 août, où l’on trouve un article conséquent sur François Bayrou et pourquoi il «a décidé d’ignorer Borloo», un autre article sur le suivi par l’Elysée de «la bataille des centres» et dans lequel on apprend tout ce que Nicolas Sarkozy fait pour des centristes ingrats et enfin un dernier sur Jean Leonetti, nouveau ministre et membre du Parti radical, qui s’affirme de jour en jour comme l’adversaire interne le plus agressif de son président, Jean-Louis Borloo.
Toute la stratégie à l’égard du Centre de Nicolas Sarkozy, pardon, du Figaro, est résumée dans cette page quatre…
Le Centriste