Avant chaque élection, c’est le temps du repositionnement. Tout d’abord, les partis et les élus de droite se repositionnent à droite et les partis et les élus de gauche se repositionnent à gauche. Il leur faut bien se rappeler au bon souvenir de leurs clientèles respectives déçues de leurs «trahisons» systématiques des promesses intenables qu’ils ont faites à leurs électeurs.
Cette transhumance politique est un acte éprouvé qui permet de prouver sa pureté idéologique et tenter d’effacer toutes les décisions, tous les votes, toutes les déclarations qui n’ont pas été «dans la ligne» depuis le dernier rendez-vous électoral et qui ont fortement mécontenté les électeurs les plus militants, avec un discours sans nuance, formaté pour plaire uniquement à son camp.
Ce processus traditionnel est une des causes principales du dégoût de la politique de nombreux citoyens qui, à raison, pensent qu’on les prend pour des imbéciles ou de simples bulletins de vote sans cerveaux!
Mais il ne s’agit que de la première phase de ce repositionnement démagogique. Car ce dernier est, à la fois, double et à double-détente.
Après le repositionnement idéologique en début de campagne, vient le repositionnement électoraliste vers la fin de celle-ci. Il convient alors de faire un pas au centre pour envoyer un signal à tous les électeurs modérés afin de les rassurer après la phraséologie partisane avec ce message, «ne croyez pas que nous sommes des extrémistes, c’est simplement une posture». Un message insultant aussi bien pour ceux à qui s’adresse le premier repositionnement que le second…
Mais qu’importe puisqu’une élection se gagne au centre dans toutes les démocraties.
On comprend bien que la Droite et la Gauche doivent se plier systématiquement à cet exercice démagogique et à l’éthique pour le moins discutable.
Le Centre, lui, n’en a pas besoin.
Et les électeurs centristes qui croient aux valeurs du centrisme ne devraient pas tomber dans le panneau.
Le Centre n’a pas besoin, ni idéologiquement, ni démagogiquement, de s’ajuster pour rameuter ses électeurs et tromper ceux de droite et de gauche.
Dans sa vision de juste équilibre, il n’a pas à utiliser d’artifices pour démontrer qu’il s’intéresse à tous et que sa démarche politique n’est pas clientéliste. De même, avec son pragmatisme, sa recherche du consensus, son projet libéral social, qui sont les composantes de son socle d’action, il ne lui est guère utile de se «recentrer».
Quand viendra le temps du vote, les électeurs centristes feraient bien se s’en rappeler et de ne pas se tromper dans leur choix. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour faire gagner le Centre mais cela le sera pour permettre à celui-ci d’être en position de force pour que ses propositions politiques soient prises en compte lors d’éventuels désistements ou d’éventuelles alliances.