Mauvais sondages, membres de son parti prêts à entrer en dissidence voire en résistance, méfiance des centristes même de ceux qui le soutiennent, communication incompréhensible («irai-je, irai-je pas?»), Jean-Louis Borloo est actuellement dans le creux de la vague après son émancipation de l’UMP en vue…
En vue de quoi, au fait? De se présenter à la présidentielle? Pour gagner ou pour monnayer son soutien au deuxième tour, voire son désistement avant même le premier tour? De se positionner pour être le premier ministre du deuxième septennat de Sarkozy? Pour être, de la sorte, le «Rocard» du président sortant? (*) Personne ne le sait. Et, dans le lot, on peut inclure Borloo lui-même…
Du coup, l’«effet Borloo» qui devait booster les modérés de la majorité présidentielle et leur permettre d’exister, semble, au mieux, en panne, au pire, déjà passé pour l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.
Le président du Parti radical peut-il rebondir? Evidemment. La présidentielle est encore loin. Il peut se passer beaucoup de choses jusque là et les retournements de tendance ne sont guère rares en la matière. Il serait donc très présomptueux de l’enterrer dès maintenant et aucun politologue digne de ce nom ne le ferait.
Cependant, la marche triomphale vers la stature d’homme d’Etat que recherche Jean-Louis Borloo depuis qu’il a été humilié par Nicolas Sarkozy (qui lui a fait miroiter Matignon pendant des mois avant de choisir une nouvelle fois Fillon pour le poste de premier ministre) connaît de nombreux couacs.
Et il ne pouvait en être autrement pour quelqu’un qui, tout d’un coup, parce qu’on le privait du travail dont il rêvait, se découvrait opposant de l’intérieur sans concession pour celui qu’il venait de servir fidèlement et sans aucun désaccord pendant quatre ans et à qui il tressait la veille encore de son «coming out» des couronnes de lauriers.
Les centristes, en dehors du Nouveau centre - et, encore, pas de tout le parti d’Hervé Morin – n’ont pas mordu à l’hameçon un peu trop voyant. On l’a donc vu partir à la pêche au Villepin qui a fait quelques compliments en retour mais sans plus. Et, auparavant, il avait tenté de prendre Hulot dans ses filets mais ans réussite non plus.
Une stratégie assez floue qui ne plaît pas à tout le monde, loin de là, notamment à quelques uns de ses amis centristes qui se demandent de plus en plus s’ils ont choisi le bon cheval et s’inquiètent de ses clins d’œil à tout et n’importe qui.
Il reste du temps à Jean-Louis Borloo pour convaincre. Mais lui reste-t-il de la crédibilité?...
Le Centriste
(*) Adversaires au sein du Parti socialiste, Michel Rocard et François Mitterrand s’était entendu lors de la présidentielle de 1988 pour que, contre un soutien du premier, si le second était réélu à la tête du pays sur un programme très modéré, il le nommerait premier ministre, ce qu’il fit.