Il est étonnant de constater - alors que l’on sait que la terre tourne autour du soleil depuis qu’au XVI° siècle Galilée confirma la théorie de Copernic -, qu’en matière politique, les analystes politiques et les médias en sont toujours à fonctionner selon une grille de positionnement idéologique à la fois bizarre et obsolète, selon laquelle ce sont les extrêmes, la Droite et la Gauche, qui définissent, le Centre.
Bizarre parce qu’elle est contraire à toute logique géométrique. Il ne peut y avoir de Droite et de Gauche que s’il y a un Centre (on ne peut être qu’à gauche et à droite de quelque chose…). Obsolète parce qu’elle a oublié que les grandes batailles idéologiques du XIX° et du XX° siècles, entre la Droite et la Gauche n’ont plus aucun sens et ont été dépassées.
Il est temps que nos politologues, nos journalistes mais aussi tous les centristes qui souffrent d’un complexe d’infériorité, voire du syndrome de l’opportuniste, se mettent dans la tête que le Centre n’est pas une version édulcorée de la Droite ou de la Gauche, voire des deux à la fois! Et tous doivent faire cette révolution copernicienne mentale qui est évidente.
Evidente, car c’est bien le Centre qui définit ses extrêmes et non le contraire. C’est bien le Centre qui fait qu’il y ait une Gauche et une Droite. Sans point central, pas de point à gauche et pas de point à droite.
Ce simple rappel géométrique est aussi un rappel politique. Le Centre a toujours mis en priorité l’humanisme consensuel et le partage équitable de la richesse le tout dans une démarche pragmatique prenant en compte la réalité. Pour le Centre pas de liberté sans solidarité. A partir de ce positionnement central et équilibré, la Gauche et la Droite ont forgé des idéologies clientélistes déséquilibrées car s’adressant à une partie seulement des électeurs.
Le Centrisme est ainsi le seul courant de pensée politique qui est, dans ses fondements, dénué de tout clientélisme et de toute volonté de cliver et de diviser. Il ne prône pas, non plus, un unanimisme car il se méfie des notions de «bien commun» et d’«intérêt général» et d’«union nationale» qui sont souvent liberticides. Mais il n’exclut personne et il estime que toute personne qui se sent exclue est la preuve d’un déséquilibre de la société auquel il faut remédier.
Bien sûr, l’expérience montre que tous ceux qui se disent centristes n’ont pas toujours respecté ce positionnement essentiel (dans les deux sens du mot) du Centre. L’opportunisme a parfois remplacé la force de la conviction.
Mais ce n’est pas parce qu’il y a des brebis galeuses (comme c’est le cas à Droite et à Gauche) que c’est une raison pour déformer la réalité politique. De même, ce n’est pas parce que les politologues de gauche et de droite ont voulu décrédibiliser le Centre que celui-ci n’existe pas.
Une des raisons de cette volonté réside dans le fait que pour souder son électorat, il faut avoir un adversaire politique. Pour la Gauche, ce sont les «gens de droite». Pour la Droite, ce sont les «gens de gauche». Et tout ce qui pourrait casser cette vision simpliste mais efficace en terme de propagande politique n’a pas sa place. Une force qui ne prône pas la guerre civile continuelle, qui ne veut diaboliser personne, qui souhaite une pratique politique apaisée est un ennemi qu’il faut terrasser au plus vite, avant qu’elle ne mette à mal le schéma de la confrontation stérile.
En ce début de XXI° siècle qui n’est pas aussi radieux que ce que nos parents et nos grands-parents avaient rêvé, la vision centriste est la seule qui puisse proposer un projet de société responsable pour s’attaquer à tous les défis qui se présentent et à imaginer un bien vivre ensemble qui permette de reprendre cet espoir que, petit à petit, la Gauche et la Droite, ont broyé dans des promesses démagogiques, dans des affrontements idéologiques stériles et dans le refus de l’autre, de celui qui ne pense pas comme soi.
Il est vraiment temps que la révolution copernicienne du Centre devienne une réalité. Pas pour le Centre. Pas pour les centristes. Pas pour le centrisme. Mais pour l’Humanité.