Un François Bayrou immédiatement objet de toutes les attentions de la part… de l’UMP et du PS! Car les voix centristes pourraient être cruciales pour leurs candidats lors du deuxième tour. De François Hollande à Claude Guéant, en passant par Pierre Moscovici, Nadine Morano et tant d’autres, il ne savait sans doute pas que l’on pensait autant de bien de lui à gauche et à droite!
Même son amie Eva Joly, candidate écologiste, veut s’unir «nationalement» avec lui…
Le candidat Bayrou est évidemment sensible à tant d’attentions qui lui rappelle son fait d’arme principal, ses 18,55% du premier tour de la présidentielle de 2007. Cela lui permet d’être au centre de l’actualité politico-médiatique et d’avoir une importance dans le débat nettement supérieure aux intentions de vote actuelles dans les sondages (entre 5% et 9%).
Cela lui permet également de pouvoir développer ses idées et ses deux thèmes principaux, «produire en France» (et son corollaire «consommer Made in France») et «refonder le système éducatif». Sans oublier de pouvoir répéter, sans cesse, «j’ai été le premier à parler du danger des déficits publics».
Pour autant, cela le limite également terriblement en le confinant à n’être qu’une force d’appoint. Ce contre quoi il tente de lutter constamment.
Mais il s’est lui-même mis dans cette situation et à être interrogé sans relâche pour qu’il dise de qui il se sent le plus d’affinités, entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Car, à l’inverse de 2007, il a indiqué, bien avant sa déclaration officielle de candidature, qu’il se désisterait pour un des deux qualifiés pour le second tour. Du coup, au lieu de la jouer «totale indépendance» comme lors de la campagne d’il y a cinq ans, il est bien dans une optique de ralliement politique dès le 22 avril au soir.
Du coup, les médias ont commandé moult sondages pour savoir de quel côté penchait son électorat. Et le résultat, c’est qu’il penche beaucoup plus du côté de François Hollande que de Nicolas Sarkozy.
Ce qui n’arrange peut-être pas ses affaires, lui qui s’était «recentré» ces derniers mois pour ne pas apparaître trop à gauche…
Si François Bayrou veut mener une campagne originale sur son projet politique (qui n’est pas encore totalement prêt), il va falloir qu’il sorte de cette «candidature de témoignage» et de ralliement au second tour.
Néanmoins, pour cela, il faut qu’il grimpe dans les sondages, ce qui n’est pas encore le cas. Et si cela ne se produit pas, alors, il sera relégué à devoir constamment réagir aux dires et propositions des deux «grands» candidats (comme ce fut le cas sur le plateau de France 2 cette semaine) et à se positionner face à eux.
Les prochaines semaines vont être cruciales à ce sujet pour lui.
De son côte, Hervé Morin, qui a avait annoncé sa candidature fin novembre, continue sa campagne vaille que vaille, sans que cela n’émeuve plus que cela les Français. Non pas que ses propositions ou ses déclarations n’aient aucun intérêt (remarquons qu’il est le seul actuellement à prôner une Europe fédérale, thème centriste fort), mais il est quasiment inaudible de la population.
Résultat, dans les deux sondages de la semaine qui vient de s’écouler, il ne figure même pas puisque son score était en-dessous de la barre des 0,5%.
Voilà qui va rendre de plus en plus difficile sa volonté d’aller jusqu’au bout. Pour autant, on ne voit pas comment il pourra faire autrement que de s’accrocher. Il est allé trop loin pour jeter l’éponge sans que cela n’ait pas de conséquences, d’une part, sur son avenir politique, d’autre part, sur l’indépendance du Nouveau centre.
S’il renonce, sa carrière d’homme public aura du mal à s’en remettre. De même, la mainmise de l’UMP sur le Nouveau centre sera plus facile et le part centriste risque fort d’être complètement satellisé.
Pour l’instant, Hervé Morin pense que son courage politique lui vaudra, quoiqu’il arrive, une image positive dans l’opinion publique. C’est un pari jouable. Mais trop s’accrocher, s’il ne décolle vraiment pas, pourrait aussi plomber son avenir…
A noter que le candidat virtuel d’une saison estivale, Jean-Louis Borloo, a repris la parole. On ne sait pas si c’est pour vendre son livre ou pour se replacer dans le débat politique depuis son piteux abandon de ses ambitions présidentielles sans même avoir été au feu.
Toujours est-il que l’on retiendra de ses propos, une charge virulente contre le Centre, lui qui se disait être le candidat naturel pour le représenter. Ainsi que des piques contre son vieil ennemi, et pourtant toujours allié dans l’Arés (Alliance républicaine, écologique et sociale), Hervé Morin.
Un Hervé Morin qui pourrait trouver dans les méchancetés du président du Parti radical un espoir d’exister politiquement et de démontrer la légitimité de sa candidature.
Pas sûr que ce soit le but de Borloo…
Alexandre Vatimbella
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