Le cortège a de quoi surprendre. Les bouffons côtoient le corbillard conduit par un chauffeur au visage impassible. Les cris des pleureuses font écho aux quolibets d’une foule incrédule. La famille est bien là, même les cousins très très éloignés qui espèrent qu’il y aura bien quelque chose à grappiller lors de l’ouverture du testament (à moins qu’ils n’aient déjà volé quelques bibelots lors de la levée du corps au domicile du défunt).
Voilà une bien triste procession. Pourtant il s’agit d’un carnaval, le carnaval centriste qui se dirige vers le cimetière des illusions perdues, passant à travers la haie de ses militants et de ses électeurs qui hésitent entre la peine et le dégoût.
En tête, le fou du roi, le pâle Jean-Louis Borloo, habillé en clown triste, portant tous ses malheurs (mais pas ceux du monde, ce serait bien trop difficile pour lui) sur son visage, assurant avec un mégaphone à ceux qui veulent bien l’entendre qu’il était prêt à y aller, à se battre pour ses convictions, à soulever les montagnes, à affronter les plus grands dangers de la terre mais que, tout compte fait, il ne voulait pas ajouter de la confusion à la confusion. Pourtant, n’est-ce pas lui qui affirmait qu’il n’était pas centriste et qui a expliqué son renoncement en affirmant qu’il n’y avait pas de dynamique centriste pour sa candidature?!
Au moins cela provoquait de grands éclats de rire. Car, pour le reste, les bouffons ne faisaient rire qu’eux-mêmes. Voilà les sénateurs qui, main dans la main, tous unis et tous se détestant, venus dire qu’il n’y avait qu’à regarder leur union à la haute assemblée pour voir que cet enterrement n’était qu’une parodie. Dans le même temps, ils avaient tous l’oreille collée sur leurs portables afin de négocier leur ralliement contre quelques bonnes gracieusetés, tout en se répandant en méchancetés sur leurs voisins.
Suivaient leurs chefs qui, avec des gourdins en carton pâte – il ne faudrait tout de même pas risquer de se blesser entre gens civilisés – se tapaient sur la tête. Hervé Morin s’en donnait à cœur joie sur François Bayrou qui n’était pas en reste avec Jean-Marie Bockel qui n’arrêtait pas de crier qu’il n’était pas centriste mais qu’il voulait bâtir une alliance de tous les centristes. Pierre Méhaignerie n’osait pas taper de peur que quelqu’un se fâche avec lui et Jean Arthuis ne parvenait toujours pas à choisir sur qui taper.
Un peu à l’écart, tous les adversaires du Centre trinquaient à leur bonne santé. Décidément, se disaient-ils avec de larges sourires, les centristes n’ont pas besoin d’adversaires pour perdre, ils le font très bien tous seuls!
Pendant ce temps, dans le cercueil, le Centre s’impatientait. Que ces indignes représentant le jette une bonne fois pour dans la fosse commune de leurs échecs et de leurs retournements de veste pou qu’enfin quelques courageux viennent l’en extraire pour le faire ressusciter et le servir dignement.
Prenait-il ses rêves pour de la réalité? Réveillé en sursaut, je n’eus pas la réponse…
Le Centriste
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