Ménageant la chèvre et le chou et, peut-être, son avenir politique, Jean Arthuis – qui s’était affiché avec François Bayrou lors du Congrès de son parti début juillet – a affirmé, lors d’une interview à France Soir, qu’il se positionnait à équidistance du président du Mouvement démocrate et de son adversaire centriste, Jean-Louis Borloo.
Il faut dire que le président d’Alliance centriste continue à déclarer qu’il ne fermait pas la porte à sa possible candidature à la présidentielle alors qu’il n’apparaît même pas dans les sondages d’opinion. Une manière comme une autre pour lui d’être présent sur la scène médiatique.
Néanmoins, dans les mois qui viennent, il pourrait trouver un écho plus important à ses propos centrés le plus souvent sur les déficits publics et les dépenses exorbitantes de l’Etat avec la crise de la dette publique qui commence à faire de plus en plus le buzz médiatique au fur et à mesure qu’elle s’aggrave.
Extraits.
Vit-on au-dessus de nos moyens?
Bien sûr! Il y a deux sortes de pays aujourd’hui: les pays qui ont un fonds souverain et ceux qui ont une dette souveraine. Le pompon, c’est quand la France, endettée, veut se doter d’un fonds souverain. Pour le constituer, que fait-elle? Elle emprunte!
(…)
C’est un manque de volonté politique?
Ce n’est pas seulement ça. Il faut totalement réorganiser l’Etat et les collectivités territoriales. C’est extrêmement lourd. Et puis, il va falloir réviser notre scénographie politique. Ce que je ne supporte pas dans la pratique politique française, ce sont toutes ces habiletés politiques, ce renoncement à la pédagogie, comme si on prenait les Français pour des sots. L’opposition droite-gauche devient mortifère. Dès qu’un camp commence à articuler des propositions de nature à résoudre les problèmes, le camp d’en face sort les arguments les plus archaïques pour garder le pouvoir. C’est consternant.
(…)
Voterez-vous la «règle d’or» défendue par Nicolas Sarkozy s’il décide de convoquer le Congrès à Versailles?
D’abord, ce n’est pas vraiment «la» règle d’or. La vraie règle d’or prohibe le recours à l’emprunt pour financer des dépenses de fonctionnement. Aujourd’hui, il s’agit d’introduire simplement dans la Constitution une procédure d’encadrement budgétaire, une projection pluriannuelle avec un plafond de dépenses et un plancher de recettes. Mais oui, je voterai cela, même si je doute qu’il y aura une majorité pour la voter. Mais j’insiste: en matière de lutte contre les déficits, rien ne remplace la volonté politique. Vous pouvez mettre tout dans la Constitution, c’est d’abord une affaire de volonté.
Le gouvernement est en train de préparer le budget pour 2012. Est-on sur le bon chemin?
Un budget est construit sur une hypothèse de croissance. Mais les gouvernements ont toujours tendance à la surestimer. Quand vous tablez, comme c’est le cas pour le prochain budget, sur une croissance à 2,25 %, j’ai peur que vous vous racontiez des histoires. C’est commode parce que si vous majorez votre hypothèse de croissance, vous minorez d’autant l’effort à accomplir pour tenir votre trajectoire de réduction des déficits… Dans ce budget, il faut qu’on trouve des mesures pour réduire de 10 milliards le déficit. Pour cela, il va falloir donner un nouveau coup de rabot sur les niches fiscales. Il y en a 468, qui coûtent 75 milliards. Un coup de rabot peut donc permettre d’économiser 4 à 5 milliards d’euros. Je pense qu’il faudra aussi augmenter la CRDS de 0,25 %, ce qui rapporterait 2,5 milliards. Il faut également faire de nouveaux efforts sur un certain nombre de dépenses de fonctionnement. On doit pouvoir économiser à peu près 2 milliards. Je ne suis pas favorable à un dispositif exceptionnel pour taxer les plus hauts revenus, qui serait payé par les employeurs: c’est encore rajouter de la complexité à notre législation fiscale qui l’est déjà trop. Mais je souhaite l’institution d’une tranche supplémentaire, au-delà de 150.000 €, de l’impôt sur le revenu à un taux compris entre 45 et 50 %.
(…)
Souhaitez-vous une sorte d’union nationale sur ces questions?
Les grandes réformes ne peuvent se décider et être mises en œuvre par un camp contre l’autre. Il faut transcender nos considérations partisanes et nos tactiques électorales. Inverser la tendance déficitaire doit nous pousser à mettre un terme à cette guérilla absurde entre la gauche et la droite. A l’heure de la mondialisation, les Français ont autre chose à faire que s’affronter de manière aussi clanique. C’est vraiment un SOS que je lance, un signal de détresse. La situation des finances publiques, c’est le marqueur de toutes nos inconséquences, de l’enchaînement de nos petites lâchetés. Et les gens le ressentent bien. Entendre la gauche dire qu’elle va ramener la retraite à 60 ans, ce sont des histoires à dormir debout. Personne n’y croit, pas même les militants de gauche.
(…)
Voyez-vous «le» candidat capable de porter un tel message?
Il faut travailler d’abord le projet. Après, on verra.
Vous êtes plutôt Borloo ou plutôt Bayrou?
Disons que je suis équidistant… Je souhaite une candidature centriste en 2012, mais cela n’aura de sens que si le projet a une vraie valeur ajoutée, et n’est pas juste une addition de ressentiments. Ce n’est pas l’antisarkozysme qui doit être la marque d’une candidature centriste: c’est l’ambition, la vision, le rassemblement et la confiance.
© 2011 France Soir
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