Revoilà le Front national au plus haut dans les sondages grâce à sa nouvelle égérie, Marine Le Pen, «la fille de», mais aussi grâce aux brûlots allumés depuis cinq ans par un Nicolas Sarkozy qui se croyait grand stratège et son vizir dans les basses œuvres des mesures populistes et xénophobes, Brice Hortefeux. Sans oublier une partie du PS qui joue également sur un populisme de gauche dont on sait, in fine, qu’il nourrit les extrêmes.
Comme d’habitude, cela ne veut pas dire que les questions que posent les Français et que reprend habilement le Front national sont de mauvaises questions. Encore une fois, ce sont les réponses de l’extrême droite qui sont de mauvaises réponses. Mais mettre les pieds dans le plat est souvent perçu par les électeurs comme un courage dans un monde où nous croulons sous le politiquement correct et l’imbécilité rhétorique quand ce n’est pas la peur tout court des conséquences lorsque l’on voudrait, tout simplement, parler de la réalité.
Dire qu’aujourd’hui, il n’y a pas un problème dans la perception des Français de la mondialisation (culturelle, économique, sociale et sociétale), dans celle du terrorisme islamiste, dans celle de l’immigration venue des zones en dehors de l’Union européenne, dans celle du déclin de la France et de la perte des avantages sociaux qui va de pair, sans oublier le chômage et un avenir sombre pour la jeunesse, c’est se mettre des œillères devant les yeux et ne répondre à aucune question posée par nos compatriotes.
En revanche, aller dans le sens de la peur et de l’angoisse est, non seulement, criminel mais contre-productif. Tous les partis démocratiques qui ont pratiqué cette stratégie ont fait le lit des extrêmes. L’Allemagne nazie, l’Italie fasciste, l’Espagne franquiste, le Portugal salazariste ne sont guère si loin que ça pour que nous ayons déjà oublié ce qu’un pays replié sur lui-même, ayant peur de l’autre, faisant confiance à des opportunistes démagogues qui prétendaient leur assurer un avenir soi-disant radieux tout en leur assurant la sécurité sans liberté, peut faire perdre à sa population et, parfois, au reste du monde.
Certains prétendent que l’Histoire est un éternel recommencement. Parions plutôt que l’Histoire, certes, ne nous apprend pas ce qu’il faut faire, mais, au moins, nous apprend ce qu’il ne faut pas faire.
Ici, les fondamentaux du Centre peuvent éviter les dérives malsaines et dangereuses qui permettent à la candidate du Front national à la présidentielle d’être à 20% dans les sondages à un an de l’élection.
Le pragmatisme, le consensus, la justice sociale dans une économie ouverte et compétitive, une morale de l’action politique, une volonté d’être justes avec tous et de donner le mieux à tous. Cette vision humaniste qui place l’être humain au centre de tout et non en le marginalisant comme n’étant qu’un pion, un outil, un anonyme dans la grand mouvement du monde, est celle qui peut sécuriser les populations, les amener à être solidaires les unes avec les autres, leur donner l’envie de construire une maison commune où la haine et l’angoisse n’ont pas leur place.
Ces fondamentaux n’attendent plus qu’une chose. Qu’il y ait une force centriste suffisamment puissante pour être crédible aux yeux des électeurs. En attendant, chaque centriste, chaque formation politique du Centre a pour mission, inlassablement, de porter ces fondamentaux et cette vision politique afin d’expliquer qu’une société est paralysée quand elle est traversée par la haine, le ressentiment et l’exclusion. Mais elle n’avance pas non plus quand elle n’est pas sûre de ses valeurs, quand elle fait des compromissions inacceptables avec l’essence même de ce qu’elle est et qu’elle recule face aux extrémismes et aux ennemis de la liberté et de la justice, de quelques bords d’où qu’ils viennent et de quelques façons qu’ils se présentent.
Car si, actuellement, c’est avant tout contre la montée inquiétante du Front national qu’il faut se battre, il ne faut pas oublier que tous les autres extrémismes, les extrémismes de gauche, les extrémismes communautaristes et religieux sont tout aussi dangereux.
Alors, répétons-le. Tout le monde a sa place dans une société du juste équilibre prônée par le Centre s’il respecte quatre valeurs essentielles: la liberté, l’égalité, la fraternité et le respect. Quatre mots simples qui sont les remparts indestructibles contre toutes les tentations des extrêmes.
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