Les militants la veulent. Les sympathisants la veulent. Les électeurs la veulent. Et, selon un dernier sondage, les Français également la veulent, cette refondation du Centre autour d’une confédération de type UDF. Et dans la foulée une candidature centriste unique pour l’élection présidentielle 2012.
Du côté des états-majors des partis centristes, tous jurent leur volonté, sinon leur envie, de parvenir à une union de tous les centristes. Mais quid de la dynamique de refondation du Centre?
On sent plutôt une stratégie où tout le monde se prononce en faveur d’une refondation pour ne jamais y parvenir… Ce n’est guère nouveau en politique. «Plus refondateur que moi, tu meurs», disent à l’unisson les ténors centristes de Jean-Louis Borloo à François Bayrou en passant Hervé Morin. Mais les Français les soupçonnent d’avoir des arrière-pensées où le chacun pour soi et la destruction de l’autre l’emporte sur la construction d’une maison commune centriste.
Un exemple? Quand Jean-Louis Borloo met sur pied un «comité de liaison permanent», soi-disant pour préparer la mise en place d’une confédération indépendante des centres, il ne rompt pas les liens de son parti, le Parti radical, avec l’UMP et s’autoproclame le chef d’une refondation. Hervé Morin lui répond alors qu’il na rien à faire dans ce comité et François Bayrou estime que Borloo roule pour Nicolas Sarkozy, ce que n’est pas loin de partager Hervé Morin, Morin et Bayrou qui ne se parlent plus depuis longtemps…
Encore une fois, le seul qui semble sincère dans ce concert de déclarations lénifiantes est Jean Arthuis. Mais le président de l’Alliance centriste ne peut refonder à lui tout seul le Centre. Il peut en être l’aiguillon et le liant mais il faut que les diverses pièces du puzzle acceptent de se s’imbriquer les unes dans les autres.
Or on ne voit pas qui pourra contraindre Jean-Louis Borloo, Hervé Morin et François Bayrou ne serait-ce que de s’assoir à une même table pour parler. Chacun des trois qui, pour l’instant, émergent médiatiquement, joue son jeu personnel qui a peu à voir avec une véritable volonté de s’unir ensemble et de voir leurs partis se réunir dans une confédération.
Pourtant, les sondages sont mauvais pour chacun de ces trois-là. Leurs intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle de 2012 ne dépasse pas les 9%, le meilleur d’entre eux demeurant, pour l’instant, François Bayrou devant Jean-Louis Borloo et Hervé Morin. Et, bien sûr, cela ne peut les qualifier pour le second tour. Plus grave, Marine Le Pen du Front national les devance nettement pour la troisième position, derrière les candidats du Parti socialiste et de l’UMP. Une nouvelle gifle se prépare pour le Centre si rien ne bouge.
Si les leaders et les partis centristes ne prennent pas conscience qu’ils ont une chance pour refonder une force politique qui comptera dans les années à venir, alors tout échec dans cette entreprise aura de graves conséquences pour eux et, surtout, la capacité du Centre à peser dans le débat politique.
Cette prise de conscience, et non le jeu des petites phrases et des grandes envolées lyriques trop souvent hypocrites, peut créer cette dynamique de refondation qui est beaucoup trop molle actuellement dans les faits à défaut de l’être dans les paroles.
Dès lors, toutes les initiatives sont les bienvenues comme celles que pourraient initier des militants de chacun des partis pour demander la création d’une confédération, dans un «appel à l’unité du Centre dans sa diversité», par exemple. Ou celles de personnalités du Centre inattaquables quant à leur positionnement centriste. On pense bien sûr à Jean Arthuis dont le parti, l’Alliance centriste, a été essentiellement créé pour réunir tous les centristes. Mais, dans chaque formation du Centre, il y a des hommes et des femmes qui souhaitent sincèrement cette refondation. Qu’ils prennent la parole et qu’ils prennent des initiatives dès maintenant car 2012, c’est déjà demain.
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