Dans une interview au quotidien régional Le Télégramme, Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée et centriste de l’UMP a estimé que pour être écoutés, les centristes doivent faire des propositions et soient plus présents dans les débats politiques avec des positions communes. Extraits.
Comment ressentez-vous le départ de Jean-Louis Borloo et des centristes du gouvernement?
C'est une vraie déception. Mais je dirais que ça l'est aussi pour certains amis gaullistes de l'ex-RPR. La famille centriste et des démocrates libéraux est totalement exclue de ce gouvernement.
Plus largement que vous inspire la composition de ce gouvernement?
Il y a dans la majorité présidentielle deux objectifs: d'une part, améliorer la compétitivité des entreprises et réduire les déficits. Cela, le Premier ministre actuel le défend très bien. Mais il y a un autre équilibre à trouver au sein de la majorité présidentielle qui est que ces objectifs ne seront atteints que si les Français ont le sentiment qu'il y a une recherche d'une plus grande justice sociale. Moi actuellement, et je ne suis pas le seul à le penser, je ne vois pas l'homme dans le gouvernement qui représente cette tendance ou cette volonté.
Vous parlez de la nécessité de rassembler la famille centriste mais comment?
La question est de savoir si nous avons des positions communes. Il nous faut d'abord travailler sur les deux ou trois sujets d'actualité pour adopter des positions communes. Il faut que la famille centriste soit plus présente dans les débats. Et si elle est plus présente, elle sera plus écoutée. Il faut aussi que nous examinions nos propres faiblesses. La première des conditions est de nous organiser et de faire des propositions.
Dans la perspective de la présidentielle, la tentation des centristes ne sera-t-elle pas de quitter l'UMP? Ne regrettez-vous pas finalement d'avoir intégré l'UMP?
Je ne veux pas parler de la présidentielle. Il y a de graves problèmes à résoudre. Nous avons pris un engagement de cinq ans et nous le tenons. Je vous rappelle qu'en 2002 nous avons pensé que la bonne santé d'une démocratie, ce n'est pas sept partis et six syndicats mais une simplification de la vie politique et syndicale pour éviter notamment le culte des ego.
Était-ce la bonne stratégie à la lumière du sort réservé aujourd'hui aux centristes?
Au terme du quinquennat, il faudra voir si ça correspond bien aux attentes de la société française et de ses traditions. Est-ce qu'elle souhaite une dispersion ou est-ce qu'elle souhaite quand même que nous concentrions le débat en facilitant l'organisation de la vie politique. Ce qui était vrai en 2002 le sera-t-il encore en 2012? Il faudra faire le bilan.