Dans une interview au quotidien Libération, Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste, estime que le Centre n’est pas un appendice de la Droite. De même, il estime que les centristes devront négocier avec la Droite et la Gauche si leur candidat ne parvient à se qualifier pour le second tour des présidentielles de 2012.
Le rassemblement de la famille centriste doit-il aboutir à une seule candidature à la présidentielle de 2012?
Cela doit en être la conséquence naturelle. Mais avant d'arriver à cette candidature unique, les centristes doivent mettre en forme leur projet avec une dimension programmatique et des lignes d'action. Il doit aussi porter une certaine idée de la gouvernance, de son éthique, de son style et de sa méthode.
Qui serait alors le mieux placé pour défendre un tel projet devant les électeurs?
Le préalable est d'abord que nous nous rassemblions, que nous parvenions à mettre un terme à cette évaporation du centre qui nous a brimés depuis dix ans maintenant. Il y a aujourd'hui urgence à ce rassemblement car la voix du centre est inaudible. Or je constate que quand les Français expriment majoritairement sondage après sondage leur souhait de changer de gouvernement, ils considèrent dans une même proportion qu'une alternance ne changera rien. C'est dire s'il y a urgence et nécessité pour le centre à proposer un autre projet politique, une véritable alternative. Le moment venu, les centristes devront entendre ceux d'entre eux qui sont candidats à la présidentielle et choisir le plus apte à porter ce projet devant les Français.
Pour départager les candidats, faut-il organiser des primaires chez les centristes?
Je le souhaite. Si nous parvenons à nous rassembler en vue des prochaines échéances de 2011 - les cantonales en mars et les sénatoriales en septembre - il est très important que tous les centristes se retrouvent, refondent leur famille, désignent des candidats à ces deux scrutins et évitent des confrontations de candidats centristes.
Comment organisez des primaires entre des candidats issus de différentes formations politiques ?
L'identité et la force de l'ancienne UDF, c'était de concilier la liberté et la solidarité qui restent les deux moteurs et les deux valeurs du centre. C'était aussi son engagement européen. Il y avait, au sein de l'UDF, une grande diversité mais quand venait le temps de l'élection, un seul candidat représentait la famille. Il faut en revenir à cet état d'esprit. A cet égard, le temps est venu de se préoccuper du devenir de l'UDF mise en sommeil pour trois ans à la veille du congrès fondateur du Modem le 30 novembre 2007 à Villepinte.
Hervé Morin pourrait incarner la famille centriste en 2012?
Je pense d'abord qu'il nous faut réaffirmer ensemble que nous sommes le Centre. Le Centre et pas uniquement le centre droit. Nous devons être tout le Centre. Le Nouveau Centre peut se revendiquer comme une des parties du centre mais il doit se montrer attentif à ne prononcer aucune exclusive.
A vos yeux, François Bayrou reste un candidat centriste?
Il appartient incontestablement à la famille centriste. Il y a eu un moment d'incompréhension entre nous. J'observe avec intérêt que, depuis quelque temps, il se recentre.
Est-ce que Dominique Strauss-Kahn pourrait rallier les voix des électeurs centristes?
Dominique Strauss-Kahn appartient à la famille socialiste que je sache. Mais au soir du premier tour, si le candidat centriste ne parvient pas à se hisser au second tour, celui qui aura porté nos couleurs devra entrer en négociation avec les deux candidats en lice comme ça se fait en Allemagne et en Grande-Bretagne.
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