Dans le débat sur la rigueur et sur la maîtrise des déficits, le discours dominant semble être que la France, ne pouvant vivre au-dessus de ses moyens, est condamnée à un certain déclin et même à un déclin certain. Or, c’est exactement le contraire qui doit être à la base d’une politique rigoureuse dont un des axes est de maîtriser les dépenses publiques. Il s’agit de redonner les moyens à la France afin qu’elle puisse éviter le déclin qui se dessine à cause d’un laxisme politique au cours des dernières décennies. Seule une politique responsable en la matière peut permettre au pays de repartir sur des bases saines. Une politique prônée et voulue par les centristes.
En aucun cas, une telle politique ne signifie que l’on ne peut, dans le même temps, réorienter les capacités publiques et privées de la France vers l’innovation et la mise en place d’une économie du XXI° siècle, capable de se mesurer aux défis de la mondialisation (et non en les niant). Si ce n’était pas le cas, une politique de rigueur et de maîtrise de la dépense publique ne serait qu’une vision étriquée et comptable du politique qui conduirait inévitablement à une profonde crise de confiance de la société française sans pour autant apporter une quelconque solution aux problèmes structurels et conjoncturels du pays.
On peut croire qu’en fermant les yeux la réalité n’existe pas et rêver. On peut aussi croire que l’on ne peut rien pour infléchir la réalité et s’empêcher d’espérer. Ces deux postures irresponsables et de renoncement conduisent soit à nier les efforts à faire (on le voit avec le problème de la retraite et, plus largement, des comptes sociaux du pays), soit à s’enfermer dans un repli sur soi qui aboutit à refuser la confrontation avec le réel parce que, soi-disant, tout ce qui se passe est inéluctable.
Pour éviter que l’une ou l’autre de ces visions ne paralysent la France, nous devons donc travailler à la rendre plus riche en augmentant ses moyens afin que les Français gardent leur niveau de vie et puissent, à terme, l’augmenter. Ecartons les politiques misérabilistes et les discours de renoncement pour prendre en main notre avenir et celui de nos enfants. Mais n’oublions pas que jamais rien n’est donné et qu’il ne suffit pas d’avoir un discours volontariste pour que la réalité se plie par miracle à nos désirs. Il faut se retrousser les manches et se préparer à une bataille, tout pacifique mais néanmoins rude afin d’inventer une société dynamique, innovante avec des Français qui ont envie de gagner.
Augmenter les moyens de la France, c’est faire les efforts nécessaires aujourd’hui afin d’en récolter les fruits demain. C’est ce que nous avons fait au sortir de la deuxième guerre mondiale avec la réussite que l’on connait. C’est ce qu’ont fait également l’Allemagne et le Japon. C’est ce que font l’Inde, la Chine et le Brésil et, un peu avant eux, la Corée du Sud.
Tout cela nous rappelle que rien n’est jamais donné définitivement. D’un côté comme de l’autre. Qui pouvait penser que la Grande Bretagne, de première puissance mondiale en 1900 allait décliner aussi rapidement au cours du XX° siècle? Qui pouvait penser, en retour, que ce qui apparaissait comme un déclin quasi-définitif de la Chine à l’aube du XX° siècle ne serait qu’une période difficile qui s’est achevée par un formidable retour, le grand bon en avant non pas celui catastrophique de Mao mais celui époustouflant de Deng Xiaoping, pour permettre à l’Empire du milieu de récupérer sa place en ce début de XXI° siècle (même s’il doit encore se consolider)?
Si l’on envisage les deux côtés, la morale à en tirer est que ceux qui se reposent sur leurs lauriers préparent leurs difficultés de demain et ceux qui se retroussent les manches construisent leurs réussites du futur. Mais cela nous rappelle aussi que rien ne se fera sans travail. Qu’on l’aime ou non…