Le Centrisme n’a pas pour vocation de rassembler tous les partis politiques autour d’un même projet commun, il a pour vocation de rassembler une majorité d’électeurs autour de son projet de société. Le Centrisme n’est pas l’union nationale et l’union nationale n’est pas du Centre. Heureusement. Mélanger les deux c’est faire une erreur ou, pire, c’est une escroquerie politique. Que les partis centristes partagent les valeurs de la démocratie avec les autres partis est une évidence et est une bonne chose mais cela n’aboutit pas à l’union nationale. Que le Centre veuille travailler avec tous ceux qui le veulent à droite et à gauche est une évidence et une bonne chose mais c’est le lot de toute pensée politique qui se veut rassembleuse autour de son projet.
La confusion entretenue par quelques opportunistes, mais qui était aussi à la base de la candidature de François Bayrou aux présidentielles de 2007, vient de certaines des valeurs du Centrisme comme le pragmatisme, le compromis et le consensus, par exemple. Si l’on pousse à l’extrême ces trois concepts, ils peuvent se confondre avec une union de tout le corps social. Mais si celui-ci est le fantasme de tout parti politique, l’unanimisme (catastrophique pour la démocratie), il ne passe pas par l’abandon des valeurs propres défendues par le Centre mais par un ralliement à celles-ci. Si le Centre déclare qu’il peut réunir les Français largement, c’est parce que ses idées, son programme et ses valeurs ont cette capacité et non parce qu’il est prêt à toutes les concessions pour rallier tout le monde et n’importe qui.
Pour autant, quelle que soit cette volonté de rassembler le plus large possible, celle-ci s’adresse aux citoyens et non aux partis politiques. Le Centre n’a jamais vocation à gouverner avec tous les partis politiques sur base d’un accord ad minima (sauf si le pays est en danger), il a toujours vocation à gouverner avec tous les partis politiques qui partagent ses idées et ses valeurs. Le Centre n’a jamais vocation à rallier tous les partis politiques mais il propose un projet de société auquel peuvent toujours se rallier tous les partis politiques qui sont d’accord avec son contenu.
Assimiler le Centrisme à l’union nationale n’est pas lui rendre service, au contraire. Cela fait du Centrisme une coquille vide qui se remplirait des idées communes de la Droite à la Gauche et qui deviendrait son corpus politique, démontrant ce que ses adversaires prétendent, qu’il est un opportunisme politique grappillant de chaque côté de l’échiquier politique quelques mesures démagogiques. Bien au contraire, le Centrisme est une pensée forte autour de valeurs fortes et de principes de gouvernement forts.