Dans une interview au quotidien régional La Nouvelle République, Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, revient sur sa possible candidature à l’élection présidentielle et sur les manœuvres actuelles autour du Centre.
Valérie Létard, secrétaire d'État à l'Écologie, a défendu, hier, l'idée d'une candidature centriste en 2012, mais plutôt celle de Jean-Louis Borloo que la vôtre. Trahison ou manipulation?
C'est bien qu'un membre du gouvernement défende l'idée d'une candidature centriste. Valérie est Valenciennoise, comme Jean-Louis Borloo, c'est une solidarité naturelle!
Pourquoi n'annoncez-vous pas clairement votre candidature la présidentielle?
A deux ans de l'élection, ce ne serait pas décent, alors que la France est confrontée à de si lourds défis! Et puis, une candidature Nouveau Centre, ce doit être une ambition collective. J'ai trop vécu - avec François Bayrou - l'obsession personnelle, pour préférer aujourd'hui une démarche collective. Le Nouveau Centre, c'est une offre politique qui a sa place à côté de l'UMP. Si, pour nos parlementaires, ce n'est pas cette offre qui compte d'abord, mais plutôt leurs destins personnels... alors ils ne représenteront plus un électorat mais dépendront du fait du prince.
Sarkozy fait-il le bon calcul en renouant avec François Bayrou?
François Bayrou est au fond du trou, et il croit avoir là une occasion d'exister de nouveau. Moi, je pense que c'est plutôt le baiser qui tue: en renouant avec Nicolas Sarkozy, François Bayrou devient incompréhensible pour ses électeurs. Car qui comprendra qu'après avoir été d'une telle radicalité contre le président de la République, il revienne aujourd'hui vers lui? François Bayrou ne convaincra ni les centristes de gauche qui le voient revenir vers le Président, ni ceux de droite dont il s'est délibérément éloigné. Le Centre a un potentiel électoral de 15 %, mais il n'est pas de ce côté-là. François Bayrou, est une histoire qui se terminera dans la confusion en 2012.
Sarkozy a-t-il besoin des centristes pour gagner en 2012, et pouvez-vous vous présenter contre lui, alors que vous êtes dans son gouvernement?
De 1958 à 2002, c'est l'alliance des centristes avec un parti de droite qui a fait gagner les élections (sauf en 1981 et 1988, mais dans un autre contexte), même en 2007, où 70% des électeurs UDF ont voté Nicolas Sarkozy ! Quand la gauche est au pouvoir, tout le monde trouve normal que les Verts présentent un candidat à la présidentielle. Pourquoi cela ne serait-il pas normal aussi pour le Nouveau Centre? Une société moderne est une société complexe et diverse qui a besoin d'une offre politique plurielle. Quant à ma présence au gouvernement : la campagne électorale est encore très loin, il y a encore beaucoup à faire au gouvernement et, de toute façon, ce n'est pas moi qui en décide.
Propos recueillis par Bruno Besson
© La Nouvelle République 2010