mardi 11 mai 2010

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella - La centriste attitude


Un centriste est quelqu’un qui est du Centre et adhère au Centrisme et à ses valeurs. Fermer le ban. Ou, pas tout à fait. En effet, le centriste doit également posséder la «centriste attitude». L’essence de celle-ci est fondamentalement la liberté. Un centriste est une personne libre. Et ce n’est pas rien. Ni dans la façon dont cela construit sa vision du monde, ni dans celle qui forge sa manière de faire de la politique.

Là où, souvent, certains ne voient qu’opportunisme ou manque de profondeur politique (qui sont l’apanage des faux centristes), il y a cette volonté farouche de demeurer libre. D’où une conséquence majeure. Les centristes ne sont quasiment jamais solubles dans un seul parti centralisé et monolithique, comme l’a prouvé l’UDF qui ne fut forte et conquérante que quand elle était multiple et ouverte.

Bien sûr, on pourrait dire la même chose des gens de Gauche et de Droite. Mais pas à la même échelle et pas de la même façon. Si à gauche et à droite des chapelles idéologiques s’affrontent, parfois durement, au centre on trouve des hommes libres partageant la même vision politique et les mêmes valeurs mais jaloux de leur indépendance et de leur différences.

Attention, bien sûr, de ne pas trop idéaliser ce tableau. Les combats de chefs aux fortes ambitions personnelles (lesquelles n’ont rien de négatif si elles sont porteuses d’un vrai message politique) aboutissent, malheureusement, à des divisions stupides et négatives comme c’est le cas à périodes répétées et accouchent d’un Centre morcelé. Incapables de s’entendre, ses composantes deviennent alors des supplétifs de la Droite et de la Gauche.

La III° République nous a bien montré la futilité politique des divisions du Centre et les ambitions personnelles qu’elles recelaient. Mais nous retrouvons aussi ce tableau aujourd’hui où les centristes sont éclatés dans diverses formations plus proches les unes des autres qu’elles ne le sont de la Droite et de la Gauche avec lesquelles, pourtant, elles recherchent des alliances avant même de se retrouver ensemble...

Du coup, les centristes oublient les autres qualités de la «centriste attitude», le consensus et la responsabilité. Car la liberté n’est rien en politique si elle n’est pas associée à la responsabilité et que cette liberté et cette responsabilité ne soient pas les bases communes d’un consensus. De la même façon que liberté et égalité sont indissociables dans la recherche de la fraternité. Le tout dans une autre qualité centriste, le pragmatisme.

Faire de la politique, c’est vouloir faire triompher ses idées et ses valeurs. Tous les centristes devraient se le rappeler au moment où ils tentent de refonder un Centre dynamique qui doit, de nouveau, peser sur les choix politiques importants qui sont devant nous, Français, Européens et Humanité, en mettant en place une société libre, respectueuse, solidaire, tolérante, avec une économie sociale de marché fondée sur les valeurs du libéralisme social. Et avec la «centriste attitude», ce sera sans doute beaucoup plus facile…

Une semaine en Centrisme – Le drôle d’appel du pied de Sarkozy et Raffarin à Bayrou


En expliquant à François Bayrou qu’il avait toute sa place dans la majorité présidentielle actuelle, Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Raffarin n’ont pas que déconcerté leurs amis de l’UMP mais également les membres du Nouveau Centre et du Mouvement démocrate. Car si l’UMP se cherche des alliés au centre qui peuvent séduire une partie de l’électorat de centre-gauche et écologiste, on ne voit pas très bien comment François Bayrou, au risque de perdre le peu de crédibilité politique qui lui reste ainsi que ses derniers fidèles, pourrait renier toute sa stratégie mise en place bien avant 2007 dans sa quête pour devenir président de la république.

Pour autant, l’histoire apprend que les retournements de veste sont communs en politique. Car François Bayrou doit aussi assurer son existence politique qui, aujourd’hui et pour l’instant, ne passe plus par la gauche, celle-ci n’ayant pas besoin de son apport pour conquérir le pouvoir. Du coup, le leader du Mouvement démocrate qui avait affirmé lors de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle que le mot «centre» n’avait jamais fait partie de son vocabulaire déclare désormais qu’il est au centre et que son devoir est de garantir l’indépendance de ce courant de pensée: «je suis au centre. Enraciné dans cette famille politique. Et au centre, ça veut dire indépendance. Et je suis le garant de cette indépendance». Rien de moins.

Cet appel du pied de l’Elysée à celui qui s’enorgueillissait d’être, il y a deux ans, en tête dans les sondages sur le «meilleur opposant à Nicolas Sarkozy» n’a pas du tout plu au Nouveau Centre qui sait qu’un retour à droite de François Bayrou compliquerait sa tâche pour s’imposer comme la formation naturelle de refondation des centristes. D’où des déclarations dures de François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée nationale: «je ne comprends ni la portée ni le sens de cet appel. C'est incroyable de penser qu'on va renforcer la majorité avec quelqu'un qui est dans l'opposition systématique depuis l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 2007 (…) C'est inopportun, ça apporte une grande confusion, alors que les électeurs ont besoin de clarté. Ca déstabilise ceux qui soutiennent la majorité. Ou alors c'est une manœuvre concertée de déstabilisation du Nouveau centre au moment où il se reconstitue».

Déstabilisation du Nouveau Centre, la formule est lâchée. C’est vrai que l’on peut se poser la question puisque Nicolas Sarkozy ne souhaite pas qu’il y ait une candidature de ce parti à la présidentielle. Mais l’on pourrait aussi dire la même chose vis-à-vis du Mouvement démocrate, le Président de la république cherchant à ôter le reste de crédibilité dont nous parlions à François Bayrou. Et qui pourrait alors sortir du chapeau présidentiel? Un Jean-Louis Borloo qui n’arrête pas de se tâter pour savoir s’il y va ou non, tant il devra se justifier sans relâche de n’être pas un sous-marin élyséen dans le marais centriste…

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC