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mercredi 13 octobre 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella - Sans responsabilité, pas de société démocratique équilibrée


Au moment où nous devons prendre des décisions importantes pour notre avenir, rappelons-nous que le bon fonctionnement de la démocratie est impossible sans responsabilité. Un individu libre est quelqu’un qui fait des choix sans contrainte autre que celle du respect de la liberté d’autrui mais qui est capable, dans le même temps, de faire des choix responsables. Sans vraie capacité pas de réelle liberté.

Cette capacité s’acquiert grâce à son émancipation, c’est-à-dire par l’acquisition d’un savoir qui lui permet de se déterminer librement et en toute responsabilité, à la fois, pour son intérêt propre mais également pour celui de la communauté à laquelle il appartient. D’où l’importance, dans une démocratie, d’une transmission du savoir efficace par un système éducatif performant et des médias délivrant une information sérieuse et libre afin de donner la réelle capacité à chaque individu de choisir en toute responsabilité.

Sans cette prise en compte concomitante de ces deux intérêts, individuel et collectif, il n’y a pas de responsabilité individuelle et, en conséquence, il ne peut y avoir de société équilibrée composée de personnes c’est-à-dire d’individus libres, respectueux, solidaires et tolérants ayant des droits et des devoirs.

C’est pourquoi l’on peut être inquiet devant les avancées de l’égoïsme et de l’égocentrisme dans les pays démocratiques. Cette individuation montante caractéristique des sociétés postmodernes n’est pas une conséquence inéluctable de l’avancée de la démocratie, bien au contraire, mais le résultat d’un dévoiement de l’individualisme par l’exercice d’une liberté sans responsabilité. Celle-ci n’est en réalité qu’une licence permettant à chacun d’entre nous de pouvoir revendiquer à son unique avantage et de choisir pour son seul intérêt propre en rejetant toute idée de responsabilité dans ses revendications et ses choix. Or, une telle perversion de la liberté détruit évidemment le vivre ensemble, détruit la démocratie et, in fine, détruit la liberté elle-même. Sans responsabilité, l’exercice de la liberté n’est qu’une suite de décisions dont le seul horizon est la satisfaction égoïste et égocentrique de désirs immédiats et la volonté d’acquérir des privilèges sans se soucier des conséquences.

En outre, en l’absence de responsabilité, l’individu à tendance à orienter ses choix vers l’obtention d’un avantage superficiel et un profit à courte vue au détriment de décisions qui auraient des bénéfices, non seulement, plus pérennes et plus respectueuses de l’autre, mais qui seraient meilleures pour ses propres intérêts et ceux de ses proches.

C’est la raison pour laquelle, le Centrisme, pensée de la liberté dans la responsabilité, applaudit à toutes les avancées de la liberté mais ne conçoit celles-ci que pour un individu responsable. Un individu de plus en plus autonome et libre n’est un danger pour la société que s’il est irresponsable, cette irresponsabilité détruisant alors le lien social qui unit les membres d’une même communauté entre eux.

La responsabilité est donc une condition sine qua non du bon fonctionnement de la démocratie. Si elle ne s’élève pas dans les années à venir, en même temps que l’individu acquiert une plus grande autonomie, alors nous avons tout lieu d’être inquiets. Nous devons absolument remettre de la responsabilité de tous les actes, à tous les niveaux et dans tous les domaines, de la politique à l’économie, et pour tout le monde, du président de la république au simple citoyen.

Les admirateurs des régimes totalitaires considèrent les individus comme des incapables qui ne peuvent se prendre en main et décider pour eux et pour la communauté. Les promoteurs des luttes pour l’émancipation qui ont traversé les XIX° et XX° siècles voulaient démontrer l’inanité d’un tel raisonnement. Ils savaient que la liberté était un risque. Cependant, ils pariaient dans la reconnaissance des bienfaits de celle-ci par les peuples qui l’utiliseraient avec responsabilité ce qui permettrait qu’ils fassent bon usage de cet inestimable bien. Il serait bien dommage que nous contredisions ces derniers et donnions raison aux premiers. Ce serait, en outre, excessivement dangereux pour la démocratie…

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