Dans une interview au quotidien régional Ouest France, le président de l’Alliance centriste, Jean Arthuis, revient sur la refondation du Centre en estimant que les centristes doivent créer un parti indépendant.
Que comptez-vous faire pour relancer le centre?
L’Alliance centriste et le Nouveau centre ont lancé un appel, le 25 mars, pour refonder la famille centriste. Nous étudions ensemble les statuts du parti politique que nous voulons recréer. La porte est ouverte à tous ceux qui partagent nos valeurs humanistes, sociales, libérales et européennes. En rassemblant tous les centristes, nous entendons clore la période d’effacement ouverte au lendemain des présidentielles de 2007.
Resterez-vous partenaires de la majorité?
Nous voulons créer un parti indépendant. L’indépendance permet de nouer des alliances pour agir et gouverner tant au plan local que national. Mais, être indépendant, ça veut dire faire entendre notre propre tonalité, nos convictions, notre propre musique. Nous rencontrons le Premier ministre mardi prochain pour lui rappeler nos priorités.
Iriez-vous, le cas échéant, jusqu’à vous désolidarisez de ce gouvernement?
Oui, bien sûr. Mais je reste confiant. Et je pense que nous pouvons tenter de travailler en écho avec des parlementaires UMP issus du centre. A défaut de rejoindre dès maintenant leur famille d’origine, ils pourront, s’ils le souhaitent, prendre part à notre communauté d’idées et peut être de votes.
Sur quels points voulez-vous faire entendre votre propre musique?
D’abord, il faut éviter d’ouvrir des débats sur des questions accessoires. Cesser de faire voter des lois de circonstances qui ne répondent qu’à des préoccupations médiatiques. L’urgence est de rétablir la compétitivité pour arrêter les délocalisations et vaincre le chômage. Il faut simultanément réduire les déficits publics. Cela suppose de poursuivre les réformes pour mieux maîtriser les dépenses. Nous vivons une crise lourde et profonde qui appelle tout le monde à des efforts. Mais ces efforts doivent être équitablement répartis. A cause de la crise, certaines des mesures qui paraissaient judicieuses en 2007 ne sont plus d’actualité. Il faut abattre les tabous, ceux du bouclier fiscal et de l’ISF, et imposer plus lourdement (45%) les plus hauts revenus. La fiscalité doit être équitable, simple et compréhensible.
Les centristes présenteront-ils un candidat à l’élection présidentielle de 2012? Hervé Morin sera-t-il ce candidat?
Il n’est pas imaginable que notre candidat soit membre du gouvernement. Dès que nous aurons bouclé nos propositions, défini notre vision du mode de gouvernance publique, nous devrons choisir un candidat apte à porter notre projet devant les Français. Il est vrai que les centristes ont rarement eu le culte du chef. D’ailleurs, quand le président de l’UDF a tout misé sur l’élection présidentielle, il a institué une gouvernance qui ne correspondait plus du tout à notre culture. Viendra le temps où nous désignerons notre candidat, à l’occasion de primaires.
Votre démarche ne risque-t-elle pas d’affaiblir Nicolas Sarkozy et la droite dans son ensemble?
Notre mission est de redresser la France et de redonner confiance à tous les Français. Notre engagement et notre démarche doivent renforcer le crédit de l’action politique. Toute majorité doit savoir organiser la diversité de ses membres. Le rassemblement de clones n’a aucune valeur ajoutée. Je me méfie de ce que Raymond Barre appelait la «tarte à l’union».
Recueilli par Thierry Richard
© 2010 Ouest France
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