Au fur et à mesure que les élections régionales approchent, les défections au Mouvement démocrate se multiplient. La dernière en date a du poids puisqu’il s’agit du président du groupe Union centriste au Sénat, Nicolas About, dont on se rappelle que l’élection avait été très mal vécue par Hervé Morin, président du Nouveau Centre dont les sénateurs font partie du même groupe et qui avait revendiqué le leadership sur celui-ci...
Même si ce phénomène se constate dans tous les partis et est souvent le fait d’opportunistes déçus de ne pas être éligibles ou premier sur une liste, l’ampleur que ces départs - et souvent leur importance politique -prennent à chaque échéance électorale au MoDem est caractéristique de ce que représente le parti de François Bayrou, un patchwork difficilement identifiable politiquement dont le seul but semble de rouler pour une ambition présidentielle.
Un peu de centrisme (et encore), un peu de socialisme, un peu d’écologisme, le tout teinté d’un fort catholicisme social, voilà les ingrédients de cette sauce politique de moins en moins attrayante et qui fait que le Mouvement démocrate est une formation assise sur un socle idéologique flou, qui tente d’être tout à la fois et qui n’est, comme c’est souvent le cas en pareille situation, rien de tout ce qu’elle souhaite représenter.
Dès lors, les militants ne peuvent être que déçus, les électeurs désorientés. Et un militant déçu s’en va, un électeur désorienté n’apporte plus sa voix. Pourquoi donc voter pour ce Mouvement démocrate dont on ne sait pas en définitive ce que pense son leader? Pour les centristes, il semble être de gauche mais pour les écologistes, ce n’est qu’un opportuniste qui tente de séduire leurs électeurs à des fins d’ambition personnelle alors que pour les socialistes c’est un homme de droite qui veut refaire le coup de Mitterrand en 1971 en se présentant comme un homme de gauche pour s’approprier leur parti.
On analysera avec intérêt la première réponse qu’apporteront les élections régionales de mars prochain. Reste qu’il faut être prudent en politique. Car si ce genre de coup est sou vent un fiasco, il a également un pourcentage de réussite. Et ce n’est pas parce que François Bayrou est aujourd’hui dans les difficultés qu’il le sera toujours demain. Pour autant, il lui faudra beaucoup de foi en son destin – qu’il a - et une grande intelligence politique - qu’il n’a pas encore démontré – pour parvenir à ses fins et faire de ce parti à la ligne politique indéfinissable une machine à gagner les présidentielles.
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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