Ainsi «l’UDF d’aujourd’hui» comme se définit le Nouveau Centre ne fera pas de listes autonomes pour les prochaines élections régionales, évitant une nouvelle fois de se compter au moment où les sondages ne lui accordent que 2% des intentions de vote. Des accords sont en train d’être trouvés et signés dans la plupart des régions, même en Ile-de-France où le «rebelle» Santini estime dorénavant qu’il fallait une union…
Un parti qui n’ose jamais se présenter seul devant les électeurs est une nouvelle bizarrerie de notre paysage politique. Mais plus que cela, cette incapacité à voler de ses propres ailes pour un Centre indépendant en dit long sur la cassure provoquée par le virage à gauche de François Bayrou. D’autant que si l’on regarde de nouveau les sondages, on s’aperçoit que le Mouvement démocrate est en train d’aller au une nouvelle fois au casse-pipe avec ces élections régionales ce dont son président n’a probablement cure puisque sa stratégie est personnelle et ne vise que l’élection présidentielle.
Cette situation est malgré tout inédite sous le V° République puisque le Centre a toujours réussi à exister électoralement grâce à Jean Lecanuet, Alain Poher, Valéry Giscard d’Estaing ou Raymond Barre et même François Bayrou avec sa version de l’UDF jusqu’en 2007. Bien sûr, Hervé Morin, le président du Nouveau Centre aimerait bien être l’héritier de cette lignée. Et l’on peut raisonnablement dire qu’il souhaiterait que le parti qu’il a créé avec quelques uns après leur départ de l’UDF juste avant qu’elle ne devienne le Mouvement démocrate soit une force politique qui compte.
Mais le constat est là et implacable, le Nouveau Centre n’est rien d’autre actuellement qu’un appendice de l’UMP. Dès lors, il ne peut que se plier à la volonté de son puissant allié comme un vassal le fait à celle de son suzerain. Tout simplement parce que si le Nouveau Centre s’émancipait de cette tutelle pesante, il risquerait, non seulement, de perdre ses quelques places au gouvernement mais aussi ses élus qui doivent compter pour la grande majorité d’entre eux sur des accords électoraux avec l’UMP pour se faire élire.
Pourtant, les élections régionales étaient un bon test pour le parti centriste. Elles ne sont guère stratégiques et elles permettent de se compter au premier tour avant de s’allier au second. Mais c’était sans compter sur la volonté de Nicolas Sarkozy de présenter des listes unies de la Majorité présidentielle. Et le Nouveau Centre ne possède pas (encore?) cette personnalité politique qui lui aurait permis de passer outre l’ordre venu de l’Elysée. Il faudra donc attendre une prochaine élection pour voir si le Nouveau Centre est un vrai parti avec une vraie base électorale ou seulement un rassemblement de centristes en mal d’identité.
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC