«Mieux» devient à la mode en politique et à tendance à remplacer «plus». Ce n’est pas pour déplaire aux centristes qui ont toujours été des adeptes inconditionnels du «mieux» face au «plus». Car le «mieux» ressort d’une expertise politique cohérente et responsable alors que le «plus» n’est souvent issu que d’une arrière-pensée électoraliste où l’on prend des mesures populistes afin de contenter superficiellement et conjoncturellement des groupes dont on veut s’attacher les faveurs au préjudice de la communauté.
Beaucoup d’hommes et de femmes politiques font souvent croire qu’en donnant «plus» on fait «mieux». Or, non seulement c’est une solution de facilité mais c’est un principe totalement erroné. Non pas que «plus» ne soit pas parfois justifié mais «mieux» est toujours plus pertinent. Car si «plus» ne signifie pas toujours «mieux», «mieux» signifie toujours «plus», c’est-à-dire une avancée positive de la situation que l’on veut améliorer. Dès lors, avant de donner «plus», il faut s’atteler à faire «mieux».
Bien évidemment, il ne faut pas faire une mauvaise interprétation de l’opposition entre «mieux» et «plus». Le «mieux» inclut toujours le «plus», c’est-à-dire une valeur ajoutée alors que le «plus» n’inclut pas forcément le «mieux» c’est-à-dire une amélioration qualitative et, in fine, une quelconque amélioration.
Une des meilleures analogies pour expliquer la différence fondamentale entre ces deux concepts vient de notre alimentation. Manger plus n’améliore pas toujours la santé alors que manger mieux, oui.
Mais on aussi en prendre d’autres. Gagner plus d’argent n’a pas beaucoup d’intérêt si, en même temps, les impôts et l’inflation augmentent et grignotent de pouvoir d’achat. Ce dernier peut donc s’améliorer en gagnant mieux, c’est-à-dire si l’augmentation des revenus se déroule dans une situation économique et fiscale est stabilisée. Ainsi, on peut se permettre de faire une augmentation de salaire moindre tout en faisant une augmentation du niveau de vie plus importante.
De même pour les dépenses publiques. Dépenser mieux, c’est dépenser le juste prix pour le meilleure résultat possible et non dépenser le plus qui aboutit souvent à une gabegie.
En matière de maladie, ce n’est pas plus de soins qui est la principale recherche d’un système de santé efficace mais de donner de meilleurs soins qui permettent de vaincre au mieux l’affection. Certains diront que pour avoir de meilleurs soins, il faut plus de soins. C’est totalement faux. Si les soins uniquement utiles étaient d’une qualité optimum, on n’aurait pas besoins d’en donner plus qu’il n’en faut. Or, c’est parce que la qualité fait parfois défaut que l’on est obligé de donner plus de soins afin de palier à la déficience qualitative.
Autre exemple, ce n’est pas en construisant le plus de kilomètres d’autoroutes que l’on rend la communication entre les différentes régions du pays meilleure mais en organisant au mieux le réseau routier ce qui ne passe pas forcément par un allongement du réseau autoroutier.
Dans la gestion de l’appareil étatique, ce n’est pas de recruter le plus de fonctionnaires possible mais de mieux les recruter, de mieux les former, de mieux définir leur mission et de mieux leur assurer la possibilité de faire leur travail au mieux qui permet de l’optimiser en matière de ressources humaines.
Du coup en faisant mieux, on donne plus à la population en termes de qualité de vie et d’efficacité tout en évitant de jeter l’argent par les fenêtres.
Le Centrisme a toujours préféré le «mieux» au «plus» parce qu’il sait que l’organisation et la gestion de la société doit se faire d’abord sur des critères qualitatifs et non quantitatifs. Ainsi, une politique doit d’abord définir ce qui est mieux avant de donner plus. Or, souvent, on donne plus en essayant en ensuite de faire en sorte que ce soit mieux. Une erreur qui aboutit à un gaspillage et à un mécontentement de ceux qui en pensant avoir plus espéraient être mieux ce qui n’est pas le cas.
Le principe même du juste équilibre, pierre angulaire du Centrisme est de faire «mieux» pour tous face aux extrémismes de droite et de gauche qui prônent le «plus» pour leurs clientèles électorales.
Le théorème «plus n’amène pas forcément un mieux alors que mieux est forcément un plus» dont nous avons parlé plus haut doit donc guider l’action de ceux qui se réclament du Centrisme. Bien évidemment, le «mieux» nécessite la mise en place d’expertises ainsi que de règles de bonne gouvernance. Car il ne doit surtout pas devenir un cache-misère où on prônerait une qualité hypothétique pour éviter de faire la juste dépense.