Cela fait un an, le 4 novembre 2008, que l’impensable est devenu réalité: un noir était élu à la présidence des Etats-Unis, la première puissance mondiale peuplée majoritairement de blancs. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts des Etats-Unis et du monde mais il n’est pas inintéressant de rappeler quelques évidences.
La victoire de Barack Obama a été possible parce que George W Bush était détesté par une grande partie de la population américaine et parce que le pays commençait à être confronté à une grave crise économique. Mais la victoire de Barack Obama était tellement improbable à cause de sa jeunesse, de son inexpérience des arcanes du pouvoir washingtonien, de sa peau et de la puissance des candidats face à lui (notamment Hillary Clinton) que l’on ne peut qu’être, encore une fois, admiratif de la capacité qu’il a eu à apparaître incontournable et élu dans un pays où il y a quarante ans un homme, Martin Luther King, était assassiné parce qu’il réclamait l’égalité des noirs face aux blancs mais qu’il n’imaginait pas un seul instant qu’un noir puisse être élu président d’une nation essentiellement blanche (rappelons que la majorité des Latinos est de race blanche).
Au-delà de cet événement historique et de la performance politique, il convient bien entendu d’analyser la pratique politique et les résultats de Barack Obama sur l’année écoulée. Evidemment, ll ne peut être question de tirer des conclusions définitives de son action alors qu’il n’en est même pas au quart de son mandat présidentiel puisqu’il a pris officiellement ses fonctions le 20 janvier dernier.
Si l’on doit tout de suite dire que sa pratique politique a confirmé son centrisme et sa volonté de consensus, on doit ajouter que ce positionnement sur l’échiquier politique lui a attiré plus de difficultés que de facilités dans son action gouvernementale. En effet, sur la plupart des sujets il a du affronter la gauche et la droite, la première estimant qu’il est trop tiède dans ses réformes, la deuxième le présentant comme un dangereux socialiste qui, au choix, conduit le pays vers le communisme ou le nazisme!
Plus sérieusement, le plan de relance de l’économie, le plan d’assurance santé pour tous les Américains, l’ébauche d’une nouvelle vision du monde, le plan pour développer l’industrie verte et lutter contre la dégradation de l’environnement (dont le réchauffement climatique) ont été les principaux chantiers de l’Administration Obama au cours de ces premiers mois de pouvoir.
Quels sont les résultats? Le plan de relance de 787 milliards de dollars n’a pas empêché le chômage d’augmenter mais la croissance de 3,5% au troisième trimestre de 2009 est du presqu’uniquement à celui-ci. Reste que certains experts, dont le très libéral (gauche) prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, estiment qu’il convient de mettre en place un deuxième plan de relance, une prise de position vivement combattue par les conservateurs et à laquelle Obama ne veut se résoudre pour l’instant.
En ce qui concerne le plan d’assurance santé pour tous, un vote du Congrès devrait intervenir dans peu de temps. Et même si le plan a été édulcoré par rapport à la volonté d’Obama de mettre en place une véritable alternative publique au système géré par les assurances privées, s’il est voté ce sera un important succès pour le président américain. Selon les analystes, de toute façon, un plan d’assurance santé pour la quasi-totalité de la population devrait voir le jour avant la fin de l’année.
Pour ce qui est de l’environnement, Barack Obama a été un peu en retrait par rapport à ses ambitions premières. Néanmoins, pratiquement plus personne aux Etats-Unis ne met en doute la nécessité de faire quelque chose notamment au niveau des énergies alternatives et, déjà, le futur se prépare, comme toujours, principalement en Californie.
Quant à la nouvelle vision d’un monde multipolaire avec la volonté de coopération avec tous les régimes de la planète tout en continuant à promouvoir la démocratie, elle a été accueillie avec enthousiasme par l’ensemble des peuples du monde. Mais elle se heurte à la fameuse realpolitik et aux régimes totalitaires ainsi qu’aux mouvements terroristes.
Barack Obama a encore trois ans (et peut-être sept s’il est réélu pour un second mandat) pour faire avancer son «agenda» comme on dit aux Etats-Unis. Et même s’il n’a pas atteint ses objectifs au cours de ses premiers mois de présidence, personne ne peut dire qu’il n’a rien fait et rien tenté. Bien au contraire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean Gripari
Directeur du département international du CREC