Dans un entretien au Figaro, le politologue et directeur de la Fondation pour l’innovation politique a expliqué ce qu’il pensait de la stratégie que devrait adopter le Nouveau Centre au sein de la Majorité présidentielle. Extraits.
Quels enseignements tirez-vous de la législative partielle dans les Yvelines?
La stratégie d'union des droites est performante au premier tour, mais à la peine au second. Pour le candidat de droite, cette stratégie se traduit au deuxième tour par un gain visible (+ 6 points) mais limité, le candidat franchissant à grand-peine la barre des 50 %. En revanche, la candidate écologiste a gagné 30 points d'un tour à l'autre en ralliant à elle, outre ses électeurs Verts, ceux du PS, du PCF et les divers gauches alliés au MoDem. De nouveaux électeurs semblent venus de l'abstention. Nous avons là deux modèles en présence : d'un côté, l'union dès le premier tour, qui est le choix de l'UMP, au risque de favoriser l'abstention et de ne pas progresser suffisamment au tour décisif ; de l'autre côté, la diversité électorale, qui permet à un camp d'offrir à ses électeurs une pluralité de possibilité avant de les réunir au second tour, mais qui expose l'un d'eux au risque d'être éliminé dès le premier tour. Ici, le PS en fait les frais.
Ce résultat condamne-t-il la stratégie de l'UMP?
Non, mais il marque les limites de son caractère systématique. Il faudrait une stratégie plus fine, adaptée aux singularités locales. Dans certains cas, la pluralité de l'offre au premier tour peut permettre d'obtenir une meilleure mobilisation au deuxième tour. Cette mécanique est sans doute plus adaptée aux partis qui gouvernent, parce qu'ils souffrent inévitablement d'une certaine désaffection électorale. En revanche, avec la stratégie d'union, les électeurs désirant voter à droite sans vouloir soutenir l'UMP dès le premier tour, pour manifester impatience ou agacement, pourront avoir le sentiment qu'on leur force la main et choisir l'abstention. Mais si le danger, pour l'UMP, c'est l'abstention, pour le PS c'est le vote Vert.
Le Nouveau Centre n'a-t-il aucune utilité électorale?
Si l'on pense qu'une offre diversifiée de premier tour est d'un meilleur rendement au second tour, notamment auprès des abstentionnistes de droite, alors l'utilité du Nouveau Centre est dans les candidatures autonomes. La question est d'autant plus importante pour l'UMP qu'il faut retrouver au moins au second tour les électeurs que le MoDem a perdu en opérant son virage à gauche. Les partielles indiquent les pertes importantes subies par le MoDem. La géographie du vote UDF donne les contours de la carte pertinente.
© 2009 Le Figaro