Voici des extraits d’une tribune d’Hervé Morin, président du Nouveau Centre dans le Télégramme de Brest et intitulée «L'Europe est notre force»
« La campagne des élections européennes est ouverte. à moins de cent jours du scrutin, les partis politiques achèvent la constitution de leurs listes. Au Nouveau Centre, nous avons fait le choix de l’union avec nos partenaires de l’UMP, parce que la crise économique rend plus que jamais nécessaire le rassemblement de la majorité.
Pour nous, centristes, l’Europe n’est pas seulement une construction, c’est un socle de valeurs communes que notre famille politique a portées à travers l’histoire : la liberté, l’humanisme, les solidarités, le désir et la volonté de paix. Au cours de la campagne, le Nouveau Centre entend porter trois messages.
Le premier, c’est qu’il faut remettre de la politique en Europe. Voilà trente ans cette année que les députés européens sont élus directement par les citoyens. Le parlement européen est le seul exemple au monde d’une assemblée transnationale dotée du pouvoir de fabriquer des lois contraignantes. Cela devrait faire des élections européennes un rendez-vous démocratique majeur. Elles restent pourtant un rendez-vous manqué. (…)
Les citoyens doivent pouvoir connaître le nom du futur président de la Commission selon le résultat des élections. Cela contribuera à européaniser un scrutin qui n’est encore que la juxtaposition de vingt-sept élections nationales. Portons ainsi l’idée que les élections européennes soient organisées partout le même jour dans le cadre de listes véritablement européennes avec des programmes élaborés en commun par les partis politiques européens.
Notre second message est que, dans la conjoncture économique actuelle, les citoyens ne demandent pas tant une Europe qui les protège qu’une Europe qui répare ce que la crise est en train de détruire. Réparer, c’est d’abord instaurer des règles de gouvernance européenne dans différents domaines que sont notamment la régulation des marchés financiers, le contrôle des agences de notation et la lutte contre les paradis fiscaux ; car l’Europe doit bien sûr porter, dans l’économie de marché, l’idée de la morale et de l’éthique. (…)
Le troisième message que nous entendons porter, c’est celui d’une Europe capable de projeter son modèle sur la planète. L’Europe, c’est le plus beau contrat collectif au monde. Notre projet est différent de celui des Etats-Unis, comme il est bien entendu différent du modèle chinois, indien ou brésilien. Il est le meilleur pour l’homme. Nous sommes porteurs d’une vision solidaire et coopérative de l’organisation du monde qui nous place à l’avant-garde sur de nombreux fronts : la lutte contre le changement climatique, avec une diplomatie environnementale qui a déjà permis de faire bouger les lignes, la promotion de la diversité culturelle et linguistique, la reconnaissance de normes sociales internationales, le dialogue des cultures et des civilisations. (…)
L’évolution du monde rend plus que jamais nécessaire l’émergence d’une véritable puissance publique européenne. Mais ayons l’honnêteté de reconnaître qu’il n’existe pas d’ambition fédérale à vingt-sept. C’est pourquoi il nous faut inventer de nouvelles formes de coopération pour surmonter les blocages et les lenteurs d’une Union élargie. On ne fera pas l’Europe des cinquante prochaines années comme nous l’avons faite depuis un demi-siècle. Il ne s’agit pas de renier les pères fondateurs mais de faire preuve de pragmatisme pour franchir une nouvelle étape de l’intégration européenne. Tôt ou tard, les Etats qui en ont la volonté politique devront conclure entre eux un nouveau traité avec l’ambition de construire une Europe politique responsable et influente.»
© 2009 Le Télégramme de Brest