2009 a été une année riche en événements concernant le Centre, le Centrisme et les centristes. Mais on ne peut encore prédire si ces événements seront à la une de l’histoire tant un certain nombre d’incertitudes demeurent.
En France, le Centre a renoué avec sa fâcheuse habitude de se morceler. La création de l’Alliance centriste au mois de juin par le sénateur Jean Arthuis, entré en dissidence de François Bayrou, se voulait une clarification du paysage centriste en souhaitant devenir cet aiguillon qui allait réunir la famille autour d’une confédération de type UDF. En cette fin d’année, le nouveau parti n’a pas réussi ce rapprochement, bien au contraire même s’il a, lui-même, obtenu quelques ralliements néanmoins pas suffisants pour en faire encore un acteur incontournable du Centre. D’autant que la stratégie développée par son chef, Jean Arthuis, a quelque peu déboussolé les observateurs mais aussi, plus grave, un certain nombre de militants. Se réfugiant d’abord dans un silence étrange et peu à même de faire du prosélytisme, il a tenté, par la suite, sans succès, de porter une parole de rassemblement et vient enfin de publier une synthèse de son programme.
Il faut dire qu’il n’a guère été aidé par le Mouvement démocrate et le Nouveau Centre qui ont tout de suite fermé à double tour la porte d’une alliance avant même que celle-ci ne puisse même être poussée proposant aux militants de l’Alliance centriste de les rejoindre afin de créer un Centre uni, eux qui venaient de quitter leurs navires pour la même raison! Cependant, la création de cette formation politique a semé une certaine inquiétude dans les deux partis précités. Le Mouvement démocrate, engagé dans une stratégie d’alliance à gauche (socialistes et écologistes) n’a en définitive que peu réagi.
Cela n’a pas été le cas avec le Nouveau Centre qui s’est tout de suite emparé du thème de la réunification de la famille centriste et qui a inventé le slogan «l’UDF d’aujourd’hui». Car, embarqué dans une majorité penchant de plus en plus à droite avec l’arrivée de Philippe de Villiers dans ses rangs et par des débats comme ceux sur l’identité nationale, le parti d’Hervé Morin s’est réveillé, sentant bien qu’il était en train de perdre sa légitimité au centre de l’échiquier politique. Et l’opération a réussi puisque le président du Nouveau Centre a mobilisé les médias autour de son initiative et de sa confrontation avec François Bayrou qui, étrangement, est entré dans cette controverse sur l’utilisation du nom UDF alors même qu’il avait sabordé celle-ci pour créer son Mouvement démocrate.
Du coup, la question de la réunion des Centristes s’est plutôt focalisée sur une nouvelle UDF dirigée par Hervé Morin que sur une Alliance centriste emmenée par Jean Arthuis. Mais ce dernier, si cela se confirme, ne pourra que s’en prendre à lui-même car il aurait pu, dès juin dernier, occuper cet espace qui était son fonds de commerce et qu’il a laissé inexplicablement à Hervé Morin qui ne s’est pas fait prier deux fois pour le squatter!
Reste que le bilan du Nouveau Centre au gouvernement et dans la majorité n’est guère enthousiasmant. Le parti pèse peu sur les décisions gouvernementales et ne réussi pas à imposer ses vues à l’Assemblée nationale où Jean-François Coppée ne semble pas avoir envie de lui laisser un large espace d’expression et d’initiative. Dès lors, le Nouveau Centre apparaissait, jusqu’à l’affaire UDF, comme un simple appendice de l’UMP qui se fondrait un jour ou l’autre dans la grande formation de droite, rejoignant l’aile modérée composée d’anciens membres de la confédération giscardienne dont Valéry Giscard d’Estaing lui-même faut-il le rappeler.
Mais, et il faut porter ceci au crédit d’Hervé Morin, le débat UDF a réveillé les caciques endormis des anciens centriste de l’UMP. De Jean-Pierre Raffarin à Pierre Méhaignerie en passant par Fabienne Keller, les voilà maintenant prêts à mettre sur pied une organisation pour peser sur les décisions au gouvernement et au Parlement. L’année 2010, avec les élections régionales et les difficultés économiques qui devraient encore durer nous en diront un peu plus sur l’avenir de ces initiatives. Initiatives qui ont réveillé également Valéry Giscard d’Estaing. L’ancien président de la république semble même prêt à reprendre du service pour faire revivre son ancienne formation et tenter de la ramener vers les hauteurs électorales.
A l’étranger, l’intérêt du Centrisme s’est bien évidemment focalisé sur la première année de présidence de Barack Obama. Il est trop tôt pour faire un quelconque bilan d’autant que la plupart des mesures prises par la nouvelle administration n’ont pas encore donné les résultats escomptés et que les réformes sont en cours de discussion. Néanmoins, on peut déjà tenter de discerner ce qu’est l’Obamisme.
Il s’agit à coup sûr d’une approche centriste de la gouvernance. Barack Obama a décidé de mener une politique consensuelle et modérée, fidèle en cela à ses principes et ses valeurs qu’il a détaillés dans ses livres et dans ses discours depuis son entrée en politique. Une des preuves les plus significatives de ce centrisme sont les attaques virulentes de la gauche et de la droite. Pour les libéraux américains (gauche), il a tourné le dos à ses promesses électorales progressistes. Pour les conservateurs, il est un dangereux socialiste.
Ces attaques répétées dans un climat économique et social extrêmement difficile avec un taux de chômage très élevé ont eu un impact certain sur les Américains qui sont de plus en plus réservés sur le programme alors qu’ils ont encore confiance en l’homme. Bien entendu, si l’économie redémarre fortement l’année prochaine, Barack Obama engrangera les dividendes de sa politique. Dans le cas contraire, il pourrait traverser des turbulences encore plus fortes. Reste que nous ne devons pas oublier, et les Américains non plus, que les Etats-Unis, en novembre 2008, ont choisi de porter le rêve (Obama) au pouvoir plutôt que la compétence (Clinton). Un choix discutable et, en tout cas, très périlleux Car l’on est toujours déçu lorsque les rêves ne se réalisent qu’à moitié d’autant que l’on sait qu’il est déjà difficile de les réaliser en partie.
Dès lors, Barack Obama doit accepter de redescendre de son piédestal dont les fondations n’étaient guère raisonnables - chaque électeur américain ayant fait un transfert sur sa personne de ses fantasmagories -, pour diffuser un message d’espoir mais aussi de responsabilité qui est de mise dans les périodes de crise. Il l’a déjà fait, depuis le début de son mandat, en annonçant que la route serait longue et rude. Personne ne l’avait vraiment écouté alors, préférant idéaliser la personne en en faisant une sorte de sauveur. Mais, en homme politique intelligent, Barack Obama sait bien que le plus dangereux c’est d’être prisonnier des rêves de ses électeurs…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.