Qu’est-ce qu’un arc central allant de la Droite à la Gauche et englobant le Centre? Rien de moins qu’une union nationale déguisée en un terme «modernisé» qui est l’obsession depuis longtemps de François Bayrou, à la tête de laquelle il se verrait bien, évidemment, et dans le rôle du Général de Gaulle… Un arc central dont personne ne veut et qui diluerait le Centrisme dans une simple idéologie entremetteuse entre la Droite et la Gauche. Toujours est-il que vouloir réunir dans la même majorité José Bové, Dominique de Villepin, Laurent Fabius et lui-même, voilà son espoir pour bouter hors du pouvoir Nicolas Sarkozy. Dans deux interviews récentes au Figaro et aux Echos, à la veille de l’ouverture du congrès programmatique du Mouvement démocrate à Arras, il a dévoilé ses intentions en la matière. Extraits.
Où en est votre dialogue avec le PS?
Nous voulons une autre société que celle qu'on est en train d'imposer en France. Comment l'obtenir? D'abord en fixant ses idées, ensuite en acceptant le dialogue avec les grands courants démocratiques du pays qui veulent l'alternance et, un jour, en travaillant avec eux. Et pour moi, des gaullistes aux socialistes ouverts, en passant par les écologistes, il n'y a aucune exclusive. Je ne vois pas dans ces courants des adversaires: j'y vois des concitoyens qui ont les mêmes inquiétudes que les nôtres, et je suis sûr qu'un jour ils peuvent devenir partenaires. Chaque fois que le général de Gaulle a assumé la charge de rebâtir le pays à partir des fondations, il a réuni les grands courants démocratiques du pays.
Jusqu'où êtes-vous prêt à aller?
Pas de limite au dialogue. Quand j'écoute attentivement les responsables de ce grand «arc central» que j'appelle de mes vœux, je ne vois rien dans les valeurs fondamentales qui les séparent irrémédiablement. Socialistes ou Verts, écologistes, droite sociale, républicains, tous quand on parle avec eux sont préoccupés par l'endettement du pays, tous ont le souci de la question sociale et environnementale. Tous veulent une économie vivante, une démocratie restaurée. Il y a des nuances plus que des divergences et quand il y aura des divergences, c'est le pays qui les tranchera au premier tour des grandes élections.
Vous vous dites dans l'opposition, mais pas de gauche. Sur le fond qu'est-ce qui vous distingue du PS?
D'abord la conception de l'entreprise. Au PS, il y a trop souvent méfiance à l'égard de l'entreprise. Quand Martine Aubry annonce qu'elle veut envoyer au tribunal toute entreprise qui licencie alors qu'elle réalise des bénéfices, j'ai l'impression d'une fuite à gauche sans issue. Heureusement que les entreprises adaptent leur situation avant d'être dans le rouge! Autrement, on peuplera les cimetières d'entreprises…
Et je ne crois pas que l'Etat soit la solution à tous les problèmes. Je crois davantage à la société organisée et vivante qu'à l'Etat tout-puissant. Enfin, la posture officielle du «tout-à-gauche» n'est pas la mienne. Pour moi, le gauchisme n'est pas une issue. C'est une impasse.
Vous imaginez des partenaires dans la «droite sociale», à qui pensez-vous?
Nicolas Sarkozy a fait dévier la droite française de ses valeurs. J'ai connu une droite républicaine, ouverte, sociale, avec le souci de la justice. On dirait qu'elle a disparu. Où sont les Chaban d'aujourd'hui? J'entends bien les réticences exprimées par Alain Juppé par exemple. Mais pour l'instant, cela est dit à mi-voix. J'ai la certitude que cette sensibilité n'a pas disparu. Le jour viendra où elle se réveillera.
Dominique de Villepin est-il un partenaire potentiel ou un adversaire électoral?
Je suis sûr qu'il partage la même analyse et j'espère qu'il le dira. Dire «jamais avec la gauche», ou «jamais avec des gens qui viennent de la droite», ou «jamais avec le centre», c'est dire «jamais d'alternance». Je sais bien qu'il est dérangeant de sortir des schémas qui ont un demi-siècle. Même pour moi, cela constitue un effort. Mais c'est la condition même du changement politique en France.
Votre détermination n'est pas entamée ?
Ma détermination est inentamable. Ce que je défends, le temps l'imposera. Si alternance il y a, ce ne pourra être que sur un projet fédérateur, des idées justes et simples où chacun pourra se retrouver sans renier ce qu'il est. C'est pour cela que je crois à un projet qui aille, sans concessions, au bout de l'idée humaniste. C'est la seule voie pour dépasser le double constat d'échec des décennies passées: le capitalisme, parce qu'il est amoral, ne peut constituer un projet de société; et l'étatisme jacobin ne marche pas et stérilise un pays.
Le MoDem réunit ce week-end un congrès à Arras. Quels en sont les enjeux?
Le premier enjeu, au-delà des régionales, c'est le projet, avec deux mots clés «humanisme » et «réformisme».
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