Monsieur Jean Arthuis a créé un parti au mois de juin, l’Alliance centriste. Son but, «rassembler les centristes». Pendant six mois il s’est tu jusqu’au lendemain des accords du Nouveau Centre avec l’UMP et la désignation des têtes de liste du Mouvement démocrate pour les élections régionales, où le voilà qui propose des listes d’union entre son parti et les deux autres pour cette même consultation électorale!
On peut s’interroger sur la pertinence de la stratégie de monsieur Arthuis. Trois possibilités nous sont offertes. Soit le président de l’Alliance centriste est un stratège extraordinaire qui pense que lancer un appel à l’union, alors que ceux à qui on la propose ont déjà décidé de ne pas y participer, va créer un mouvement de fond dans l’univers centriste qui va tout balayer et faire naître un nouveau paysage où l’union sera la règle. Soit il a tout fait pour que cet appel soit un flop sachant que personne ne voulait entendre parler d’union mais qu’il fallait en lancer un pour tenter d’exister et justifier de la création de l’Alliance centriste. Soit, pire, il a compris que son parti ne servait à rien et il tente de le saborder.
Nous éliminerons la première possibilité. Pour qu’elle marche, il faudrait que l’Alliance centriste soit un parti qui a une puissance électorale ou que Jean Arthuis soit un leader du Centre incontournable. Ce n’est pas le cas.
La deuxième possibilité apparaît comme la plus vraisemblable. L’Alliance centriste est actuellement un parti sans programme, sans prise de position, sans communication et sans leadership. Dans le parti même, une large frange de ceux qui l’on rejoint sont inquiets de cet immobilisme. Dès lors, il fallait faire un geste. Ce qui a été fait avec cet appel complètement décalé à l’union.
Néanmoins, on ne peut exclure la troisième possibilité. Jean Arthuis a créé un parti alors que tout porte à croire qu’il n’a pas l’envie, et sans doute pas la stature, d’en diriger un. Brillant spécialiste des finances publiques au Sénat, il a ses hobbies sur le déficit des comptes publics ou la TVA sociale. Il est reconnu dans ses interventions dans ce domaine ce qui, avec ses mandats locaux et son statut d’ancien ministre, le contente assurément. Sa longue hésitation avant de claquer la porte de l’UDF et le fait que l’Alliance centriste soit restée longtemps une simple association Rassembler les Centristes avant de se transformer, presque à contrecœur, en parti politique militent pour cette thèse d’un sabordage soft.
Bien sûr, ce qui viendrait infirmer tout ce que l’on vient de dire serait que dans les jours qui viennent les états majors du Nouveau Centre et du Mouvement démocrate donnent leur accord pour de telles listes ou que les militants de ces partis obligent leurs directions à agir comme tel... D’ailleurs, on aurait pu suggérer à monsieur Arthuis de plutôt lancer une pétition à l’union auprès des militants et sympathisants centristes au lieu d’un appel à l’union dans le vide qui, malheureusement, risque de la faire plus régresser que progresser.
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.