Dans une interview au Figaro, Didier Bariani, membre fondateur de l'UDF en 1978 et ancien ministre, en retrait depuis la création du Mouvement démocrate dont il est membre, reproche à François Bayrou sa stratégie et son positionnement politique. Extraits.
Le Figaro. Comment analysez-vous le revers subi par le MoDem aux européennes?
Didier Bariani. Je crois que François Bayrou se remettra de cet échec, mais ce qu'il a tenté d'incarner, c'est moins sûr. Dans la campagne, on a principalement retenu son aversion, obsessionnelle, maladive, pour le chef de l'État. Et ça ne suffit pas pour faire une politique. Cette quête du Graal de l'indépendance s'est transformée depuis quelques mois en une volonté de faire du MoDem le parti du premier opposant à Nicolas Sarkozy. Ce rôle a peut-être flatté l'orgueil de François Bayrou, mais la mise en cause récurrente du chef de l'État ne constitue pas une alternative. Et cette technique n'a pas retenu l'adhésion. Par exemple, les socialistes déçus de la gauche se sont reportés sur les écologistes plutôt que sur le MoDem. J'ajoute que c'est une manœuvre pas très réglo vis-à-vis des gens qui le soutenaient, et qui espéraient un vrai positionnement, ni à gauche ni à droite. La troisième voie lui échappe de plus en plus. C'est dommage.
(…)
Comptez-vous rester membre du MoDem?
Je n'ai pas fait la démarche d'en partir, mais depuis quelques mois, je me suis mis en retrait. Je garde toute mon affection pour François Bayrou, mais il faut qu'il remette en cause sa stratégie politique et qu'il fasse son autocritique au conseil national. Je me méfie du syndrome groupusculaire qui, à chaque élection, affecte le centre. Je redoute cette balkanisation de la famille centriste. S'il est impossible d'obtenir un infléchissement des positions des dirigeants du MoDem, chacun retournera à sa famille d'origine. Le Parti radical en ce qui me concerne.
Propos recueillis par Philippe Goulliaud
© 2009 Le Figaro
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