Dans une interview au Figaro Magazine, le Président du Nouveau Centre revient sur les élections européennes, sur la défaite de François Bayrou et sur l’avenir de son parti. Hervé Morin affirme que le Nouveau Centre sera présent aux régionales avec des listes autonomes et qu’il a vocation à présenter un candidat aux élections présidentielles de 2012
Le Figaro Magazine- Quelle est la part du Nouveau Centre dans le score des listes conduites par la majorité aux européennes?
Hervé Morin- En 2004, l'UDF réalisait 12 %. Je considère donc qu'aujourd'hui, au vu du score du MoDem, nous avons apporté entre 4 et 5 points à l'UMP. Ce qui est certain, c'est que sans nous, l'UMP n'aurait pas atteint 28%. Je constate que nous avons tenu plus d'une centaine de réunions avec, à chaque fois, le soutien de nombreux militants enthousiastes. Je suis d'autant plus heureux d'avoir fait le choix de l'union qu'il a contribué fortement à ce score, sans précédent depuis 1984 pour une alliance politique au pouvoir.
Comment analysez-vous l'échec de François Bayrou?
Le glissement de François Bayrou vers la gauche suscite l'incompréhension et le place dans une situation absurde de concurrence avec les partis de gauche. François Bayrou s'est égaré sur des terres qui lui sont étrangères. Comment peut-on imaginer que l'électorat de centre droit se reconnaisse dans un tel parcours? Sa «chevènementisation» est en cours. Nous savons bien que lors de l'élection présidentielle de 2007, la très grande majorité des électeurs qui avaient voté pour François Bayrou au premier tour ont choisi au second de soutenir Nicolas Sarkozy. La famille du centre aspire à un projet autrement plus ambitieux qu'une sommaire opposition de personne à personne, dont Bayrou a fait son seul principe d'action.
Comment capter ces électeurs?
Il ne s'agit pas de capter, mais de convaincre. Et c'est ce que je fais. En dix-huit mois d'existence, 11.000 militants nous ont déjà rejoints. Nous avons devant nous trois chantiers: la reconstruction d'un parti qui incarne le centre droit, la restauration de notre corps de doctrine et l'affirmation de notre identité politique. Sur le fond, trois sujets nous préoccupent tout particulièrement: la protection des libertés, et notamment la question de la liberté religieuse, la définition des droits fondamentaux numériques, ou encore la liberté d'entreprendre. La promotion de l'idée européenne doit constituer un modèle de civilisation. La question de la réduction de la dette et du retour à l'équilibre budgétaire constitue notre troisième chantier. Et enfin, de nouvelles formes de solidarités plus responsabilisantes sont à inventer pour demeurer fidèles à notre exigence de justice.
Et sur la question du manque de visibilité?
Je ne veux pas me lancer dans une stratégie de la petite phrase et du contre-pied. Le Nouveau Centre doit incarner l'humanisme moderne au sein de la majorité...
... et présenter des listes autonomes aux régionales?
François Sauvadet a été chargé de constituer un groupe de travail pour que nous puissions déterminer avant le 14 juillet les chefs de file Nouveau Centre pour les régionales de 2010. Nous prendrons le temps de déterminer ensuite notre stratégie, dans la mesure où il s'agit d'un scrutin à deux tours. Nous verrons alors s'il nous faut avoir une position identique dans chaque Région.
Et pour les scrutins de 2012?
Il serait logique que mon parti incarne les valeurs du centre et du centre droit à l'élection présidentielle. Mais mon objectif prioritaire est de présenter aux prochaines législatives 40 candidats de moins de 40 ans capables de gagner. Il s'agit pour moi de préparer l'avènement d'une nouvelle génération politique.
Propos recueillis par Carl Meeus
© 2009 Le Figaro
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