vendredi 1 mai 2009

Edito d'Alexandre Vatimbella: Le Centre est pluriel et son morcellement, une de ses forces principales

Alors que François Bayrou en créant le Mouvement démocrate a décidé de se rapprocher du Parti socialiste dans une stratégie mitterrandienne et que ses anciens amis de l’UDF ont créé le Nouveau Centre et se sont rapprochés de l’UMP avec qui ils sont au gouvernement, le Centre orphelin a néanmoins de nombreux prétendants. Du Parti radical de Jean-Louis Borloo au Nouveau Centre d’Hervé Morin en passant par les Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet, la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel et même le Mouvement démocrate de François Bayrou (qui tente d’occuper tout l’espace entre le Centre et la Gauche), nombreux sont ceux qui voudraient occuper la place dont certains estiment qu’elle n’existe pas tout en la qualifiant de stratégique électoralement parlant ! Comprenne qui pourra…

Même l’UMP se verrait bien annexer le Centre, ce qu’il n’a pas réussi à faire avec l’arrivée des anciens UDF dans le RPR de Chirac en 2002, ni même en 2007 avec l’élection de Nicolas Sarkozy. Sans oublier le Parti socialiste, ce qui lui permettrait d’écraser enfin la mouche du coche Bayrou qui l’empêche de se concentrer sur son rôle de premier opposant à Nicolas Sarkozy que le Président du Mouvement démocrate n’a pas hésité une seule seconde à squatter.

Cette liste en dit long sur le morcellement du Centre en France alors que l’UDF avait paru à sa création en 1978 puis dans les années 2000 être le réceptacle naturel et légitime de la mouvance centriste. Mais ce morcellement n’est pas forcément une faiblesse comme le croient les adversaires du Centre et de nombreux analystes politiques. Au contraire.

D’une part, il est la preuve que le Centre est vivant, qu’il attire et qu’il existe. D’autant que le Centre n’a jamais été et ne sera jamais monolithique. C’est même contraire à sa philosophie politique faite de pragmatisme et de consensus. Il «suffit» de partager les valeurs du Centrisme (Respect, Solidarité, Tolérance, Liberté) et son principe de gouvernance équilibrée pour faire partie de la grande famille centriste.

D’autre part, ce morcellement se révèle un atout et une force. Car, de ce fait, le Centre est incontournable pour gouverner. Qu’il soit Centre, Centre-droit ou Centre-gauche, il est d’ailleurs associé au pouvoir depuis les débuts de la III° République jusqu’à aujourd’hui sans interruption (en excluant évidemment la période de Vichy). Et tous les pouvoirs de droite et de gauche ont été obligés d’écouter les modérés avec qui ils gouvernaient.

Bien sûr, le plus souvent le Centre n’est pas majoritaire dans les gouvernements où il est associé ce qui l’empêche de mettre en place une vraie politique du Centre, se contentant d’infléchir une politique au centre. C’est pourquoi, le but du Centre demeure de devenir majoritaire ou, à tout le moins, la principale force politique dans un cas de figure où d’autres formations se rallieraient à son programme.

Reste que l’influence du Centre a permis plus souvent que le contraire d’éviter que des idéologies extrémistes manquant de raison et de sagesse n’entraînent le pays vers des rivages qu’il aurait pu regretter. Et ça, la France mais aussi la totalité des démocraties dans le monde le doivent au Centre.


Alexandre Vatimbella

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