Entre anciens amis centristes, les règlements de compte sont souvent féroces. Cette fois-ci, c’est Dominique Paillé, ex-Udf et aujourd’hui porte-parole adjoint de l’UMP qui s’attaque au «faux centrisme» de François Bayrou dans un livre au titre sans ambiguïté: «Les habits neufs des faux centristes. Arnaque ou imposture?». Il a expliqué pourquoi au Figaro. Extraits.
Le Figaro. Pourquoi cette charge contre François Bayrou?
Dominique Paillé. Mon livre ne se résume pas à cela! Je l'ai commencé après les Municipales de 2008, qui ont consommé la rupture définitive avec François Bayrou. Cette campagne a consacré son revirement de stratégie. S'inspirant de François Mitterrand, il veut désormais essayer de se faire élire par des voix de gauche, en plumant le PS, alors qu'il est un conservateur de droite. Je voulais expliquer que, pour moi, le centre ne peut se situer qu'au sein d'une coalition majoritaire autour de Nicolas Sarkozy.
Votre sous-titre, Arnaque ou imposture?, annonce la couleur…
François Bayrou est un conservateur sur le plan des mœurs et de la société mais plus libéral ou, en tout cas, moins interventionniste que Nicolas Sarkozy dans le domaine économique. Mais comme il ne peut pas être le premier à droite, il tente d'être le premier à gauche. Là est l'imposture. L'arnaque, c'est qu'il n'a pas de projet de société. Il propose du vent aux électeurs. C'est un marché de dupes. Si, par hypothèse qui ne peut qu'être d'école, il était élu, ce serait grâce à une majorité de gauche. Il serait donc contraint de faire une politique de gauche et ne pourrait pas suivre cette «troisième voie» qu'il invoque. Les institutions de la V° ne le permettent pas.
Avant de dénoncer François Bayrou, vous l'avez soutenu. Qui a changé?
Je suis resté avec lui jusqu'à fin 2001, parce qu'à l'époque il rêvait de transformer l'UDF en grand parti de la droite et du centre. En créant l'UMP et en le faisant adhérer au PPE, nous avons concrétisé ce projet. Mais Bayrou n'étant pas l'instigateur de ce mouvement qu'il avait toujours appelé de ses vœux, il a préféré s'en détacher.
Vous êtes revenu de votre giscardisme, de votre bayrouisme et de votre chiraquisme. Allez-vous rester sarkozyste?
Je suis revenu de mon giscardisme parce que Valéry Giscard d'Estaing a arrêté de réformer la société en cours de mandat, de mon chiraquisme parce que Jacques Chirac a arrêté les réformes en tout début de mandat et de mon bayrouisme parce que François Bayrou n'a pas de projet de réforme. Nicolas Sarkozy, lui, en a un, auquel j'ai d'ailleurs modestement contribué, et il le met en œuvre tous les jours. Je n'ai donc aucune raison de revenir de mon sarkozysme.
Propos recueillis par Judith Waintraub
© 2009 Le Figaro
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.