Voici la chronique de Favilla parue dans le quotidien Les Echos et consacrée à la «Permanence d'un centre»
«A défaut de passionner les électeurs, les élections européennes intéressent les politologues. D'un sondage à l'autre, en effet, l'UMP semble calée sur un gros quart des suffrages (27-28%), le PS sur un gros cinquième (21-22 %). Comme dans les recettes approximatives des cocktails, les deux grands partis font ensemble environ une moitié des voix. Au sein de l'autre moitié s'inscrit le « Centre ». Ce terme imprécis a toujours désigné cette notable catégorie d'électeurs qui ont en commun d'être plus réformistes que la droite, plus modernes que la gauche, qui refusent de s'enrégimenter, pratiquent à un haut degré l'esprit d'examen, n'aiment pas les solutions simplistes ou extrêmes, font confiance à la méthode expérimentale, et attachent une importance primordiale au contenu. S'y ajoutent naturellement quelques indécis et quelques amoureux impénitents de l'improbable « troisième voie », mais qui ne font pas l'essence du centre français.
Tel qu'en lui-même, son noyau a toujours représenté environ 13 % des suffrages (score des « réformateurs » de Lecanuet-Servan-Schreiber en 1973), momentanément majoré par l'ancienne UDF. C'est, par coïncidence, celui qu'affectent les sondages au Modem aujourd'hui. Son leader affecte de voir une percée personnelle dans ce qui ne pourrait être qu'une permanence de la statistique. On peut lui reconnaître en revanche le mérite de l'avoir maintenu, malgré une UMP élargie au centre et un PS à peu près libéré de son socialisme doctrinaire. Flairant ce danger, il a décidé de suppléer à ces risques centrifuges par l'agressivité à l'égard de Nicolas Sarkozy. Mais il peine à répondre clairement à la demande de contenu, qui fait la principale vertu du centre. Martine Aubry l'a bien perçu qui se pose en « première proposante » face à ce « premier opposant » auto-désigné.
Mais des anciennes marges vertes de la gauche se lève aussi, aujourd'hui, une liste Europe Ecologie. L'indépendance d'esprit de Daniel Cohn-Bendit la libère des adhérences socialistes, son authentique dimension européenne la qualifie plus que d'autres pour cette consultation, son projet pour une autre croissance intéresse les réformateurs et séduit la jeunesse. Si sa percée pouvait survivre aux européennes, et avec un score du même ordre que celui du Modem, il pourrait inaugurer une politique française à deux centres, dont le nouveau serait plus chargé de contenu.»
© 2009 Les Echos
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