mardi 30 décembre 2008

Editorial d'Alexandre Vatimbella. 2009 : Barack Obama ne peut-il que décevoir ?

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Voilà une question que beaucoup ne veulent pas se poser tant la réponse semble, à la fois, évidente et lourde de conséquences. Car même si Barack Obama obtient de grands succès dans sa politique, même s’il demeure lui-même, tout ce qui a été investi dans sa personne, dans son image ne peut qu’amener de la déception. Cette déception ne viendra pas de ce qu’il est mais de ce que nous avons investi en lui. Nous attendons tellement de sa présidence que même un Superman, un Batman, un Spiderman, chacun de leur côté ou tous les trois ensemble, ne pourraient relever le défi. Seul sans doute Dieu en serait capable. A l’heure du désenchantement du monde, voilà qui est bien paradoxal. Mais Barack Obama Superstar est aussi emblématique de nos attentes dans ce XXI° siècle où nous avons l’impression de ne plus savoir où nous allons, à moins que ce ne soit pas seulement une impression… Dès lors, Barack Obama peut devenir un grand président des Etats-Unis s’il est capable d’indiquer un chemin et d’y guider son pays et le monde à sa suite.
Mais nous ne devons pas attendre tout de Barack Obama. A cause de la déception dont nous avons parlé, bien sûr, mais aussi parce que si c’est le cas nous risquons de détruire tout ce qu’il peut apporter de bon. La passion, même si elle n’est pas partagée, lorsqu’elle se sent trahie est de celle qui porte souvent le plus de ressentiment et appelle à plus de vengeance. Elle devient aveugle en brûlant ce qu’elle a adoré la veille. Ce danger guette Obama plus que tout autre président des Etats-Unis et plus, peut-être, que tout autre dirigeant de notre monde contemporain. Cette passion trahie nous guette et sera peut-être terriblement destructrice. Car lorsque l’on investi autant, après que l’on se croit trahi, alors, il n’y a plus rien, il n’y a plus d’espoir.
D’autant qu’il faudra bien savoir de quel Obama l’on parle. De celui qui dit des choses ou de celui à qui on prête toutes nos attentes. Dans les médias du monde entier, on lit et on entend des gens qui viennent dire ce qu’Obama doit faire, ce qu’il faut qu’il fasse, ce qu’ils veulent qu’il fasse. On s’éloigne de la vraie personne d’Obama pour penser, tel un dieu que l’on prie, qu’il pourra exaucer nos vœux, tous nos vœux. Cette attente totalement irrationnelle n’est évidemment pas nouvelle dans l’histoire de l’Humanité ni même dans celle de la politique. Mais elle semble ici démultipliée. Car tout le monde à son Obama. Les noirs, les blancs, les jaunes, les rouges, les chrétiens, les athéistes, les musulmans, les bouddhistes, ceux qui votent à droite, ceux qui votent à gauche, les Arabes, les Juifs, les employés de l’industrie automobile, les activistes de l’environnement et de l’écologie, les pacifiques, les faucons, les tenants de la grandeur militaire des Etats-Unis, les tenants du softpower américain, les supporters d’une politique économique libérale et les interventionnistes, et ainsi de suite. Il y a autant de Barack Obama que d’habitants sur terre ! Non pas parce que chacun de nous en a une vision particulière, ce qui est le cas pour tous les gens connus, mais parce que chacun a investi ses propres attentes dans le nouveau président des Etats-Unis.
Nous devons ainsi être préparés à être déçus. Mais nous devons aussi nous préparer à relever les défis du XXI° siècle avec Barack Obama et à l’aider. Car s’il déçoit, s’il faillit, ce sera sans doute aussi parce que nous n’avons rien fait de notre côté (bien entendu, Barack Obama peut aussi ne pas se révéler à la hauteur de sa tâche ni même à celle de ses promesses). La personnalité providentielle n’existe pas et n’existera jamais. Mais celui qui possède le charisme et l’intelligence, capable de montrer le chemin, celui-là existe. Et quand on en trouve un, si Obama est bien un de ceux-là comme on peut l’espérer au vu de son parcours jusqu’à aujourd’hui, il serait bête de gâcher cette formidable opportunité de bâtir un nouveau monde, tous ensemble.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

Une semaine en centrisme. 2008, l’année Obama

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L’année 2008 sera, avant tout, l’année Barack Obama même si la crise économique et financière mondiale aura un peu éclipsé la victoire historique du premier « noir » (Barack Obama est métis) à l’élection présidentielle américaine. Au niveau politique, Barack Obama est un centriste qui semble vouloir appliquer un centrisme dynamique dans tous les domaines de la politique, de l’économie, du social et du sociétal. Bien évidemment, nous ne savons pas encore comment il va gouverner et si ses promesses seront tenues. Mais, jusqu’à présent, rien ou presque ne permet de penser qu’il ne gouvernera pas comme il l’a annoncé. La première preuve en est la constitution de son équipe. Globalement, elle est totalement centriste. Au-delà de figures centristes bien connues comme Hillary Clinton ou Robert Gates, on trouve des personnalités de gauche et de droite qui s’équilibrent. Surtout, on trouve une ligne directrice qui, comme l’a rappelé le nouveau président, sera celle qu’Obama aura choisie et celle-ci, il l’a réaffirmé de nombreuses fois, sera centriste dans son essence et dans son esprit.
L’élection de Barack Obama a un peu écrasé tous les autres faits de 2008 en relation avec le Centre et le Centrisme. Reste que cette année a été bien terne pour le Centrisme en France. Les élections municipales ont été une Berezina pour le Mouvement démocrate, son président se faisant même battre à Pau sans que cela ne remette curieusement en cause sa place à la tête du parti. Le Nouveau Centre a un peu limité la casse mais surtout grâce à l’UMP et il ne décolle guère dans les sondages. Surtout, il a de la peine à affirmer une indépendance et une originalité qui fonderaient son utilité. Mais le vrai fossoyeur de Centre indépendant demeure celui qui n’arrête pas d’y faire référence quand cela l’arrange, alors qu’il avait prétendu pendant la campagne présidentielle de 2007 n’avoir jamais été un centriste, François Bayrou. Bien évidemment, on comprend sa stratégie et personne ne peut critiquer sa volonté d’être président de la république même si ses chances sont peu importantes au jour d’aujourd’hui et qu’il a du faire imploser un Centre qui commençait à croire à son unité pour se poser en recours face à un Nicolas Sarkozy qui est devenu son obsession et qu’il diabolise 24 heures sur 24. D’un point de vue uniquement centriste, François Bayrou n’a pas rendu service au Centre. Rendra-t-il service à la France ? L’avenir se chargera de la réponse. Mais dans le milieu centriste, les choses évoluent souvent rapidement et les reclassements sont en train de s’effectuer. Ainsi, deux pôles semblent maintenant coexister, un centre-gauche dont le Mouvement démocrate serait le noyau et un centre-droit dont le Nouveau Centre serait l’embryon. Autour d’eux, les Radicaux de gauche, les Progressistes, la Gauche moderne, le Parti radical valoisien et quelques autres formations ou clubs comme ceux de Jean Arthuis ou de Jean-Marie Cavada. Une chose est sûre, l’unité n’est pas à l’ordre du jour pour 2009. Il faudra sans doute attendre la prochaine élection présidentielle de 2012 pour y voir plus clair dans la mouvance centriste.
Dans le monde, le Centrisme ne se porte pas si mal que cela. Il est au pouvoir dans plusieurs pays européens mais aussi sur les quatre autres continents, de la Lituanie à Israël en passant par la Roumanie. Il s’agit parfois de partis de centre-droit ou de centre-gauche mais qui revendiquent leur centrisme. Et, crise économique et financière mondiale oblige, beaucoup de gouvernement plus marqués d’un côté gauche ou d’un côté gauche de l’échiquier, sont obligés de gouverner encore plus au centre que d’habitude. La résurgence des mesures keynésiennes montrent en tout cas que le centrisme économique a encore de beaux jours devant lui…
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Jean Gripari
Chargé du service étranger du CREC