L’alliance au centre sera un des clivages du congrès du Parti socialiste
François Bayrou observe avec intérêt, à la veille du congrès de Reims, les difficultés du Parti socialiste à trancher le débat sur ses rapports avec le centre, et les conséquences pour son parti de la nouvelle donne socialiste. Le vote des motions socialistes qui a donné l'avantage à Ségolène Royal dans la course pour le leadership, a fait resurgir l'hypothèse d'une alliance du Parti socialiste avec le leader centriste, pour une éventuelle alternance en 2012. Chacun au PS se souvient de la main tendue -en vain- par Mme Royal à M. Bayrou dans l'entre-deux tours de la présidentielle de 2007. Un rapprochement de nouveau évoqué ces derniers mois par l'ex-candidate et ses partisans. Une alliance ou pas avec le Mouvement démocrate est "un élément majeur de différence dans les discussions menées en ce moment au PS", selon l'eurodéputé Harlem Désir, lieutenant de Bertrand Delanoë qui s'est toujours opposé à tout contrat de gouvernement avec le MoDem. Pour la vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, qui élude la question du positionnement de son parti par rapport au PS dans la perspective de 2012, "à Reims, le PS a rendez-vous avec lui-même". Le premier parti d'opposition qui maintient depuis des années "une synthèse molle entre son aile gauche et son aile sociale-démocrate" est "le seul grand parti qui ne se soit pas encore rénové", explique-t-elle à l'AFP. Il doit "une fois pour toutes dégager une ligne et une vision claires". François Bayrou estime lui aussi que "désormais, le Parti socialiste ne peut plus éluder la question de sa ligne politique". Le député des Pyrénées-Atlantiques pronostique une "période de grande confusion, où toutes les combinaisons apparaissent possibles".
Il n'a qu'une certitude: au vu des résultats du vote des motions socialistes, les perdants "sont ceux qui soutenaient que tout contact était à proscrire avec le Mouvement démocrate". Allusion au maire de Paris, grand vaincu du scrutin, dont la motion a recueilli quelque 25% des voix, derrière celle de Ségolène Royal (29%). Pour le politologue Philippe Braud, le combat des chefs au PS profitera au leader centriste, mais "à court terme" seulement. "Dans tous les cas de figure, a-t-il expliqué à l'AFP, le curseur va se déplacer plus à gauche, puisque traditionnellement, la bataille du leadership au PS se gagne toujours à gauche". "Ca libèrera donc immédiatement plus d'espace politique au centre" pour François Bayrou et son parti, selon M. Braud. Mais le gain risque d'être "très provisoire", nuance-t-il, car l'approche d'échéances électorales conduira les dirigeants du PS à se positionner plus au centre, "une nécessité pour conquérir une vraie majorité". Aux dernières municipales, Martine Aubry a remporté une victoire "d'autant plus large à Lille qu'elle avait le soutien de personnalités du MoDem sur sa liste", rappelle le politologue.
Manuel Valls, député-maire d'Evry et soutien de Ségolène Royal, défend d'ailleurs une stratégie qui consiste "d'abord à fédérer toute la gauche, et ensuite s'ouvrir à tous ceux qui refusent la politique de Sarkozy et peuvent se retrouver sur notre projet et notamment sur les questions du progrès social et des libertés". Mais à la veille du Congrès de Reims, il assure qu'un accord avec le MoDem, un "parti hybride, qui ne veut pas choisir entre la droite et la gauche", n'est "pas à l'ordre du jour"