mardi 9 septembre 2008

Actualités – France

Les socialistes réagissent plutôt négativement à la main tendue de François Bayrou


Sans surprise, les socialistes n'ont pas saisi au bond la balle envoyée dans leur camp par François Bayrou le week-end dernier. Le président du MoDem, qui aspire à être le pivot de l'opposition à Nicolas Sarlozy, a appelé les socialistes, sans les nommer, à se rassembler avec lui pour réussir l'"alternance" en 2012.

Au nom du PS, le secrétaire national Bruno Le Roux a déclaré lundi que François Bayrou devait d'abord faire preuve de "clarté" sur son projet politique pour que les socialistes puissent envisager de travailler avec quelqu'un qui aujourd'hui, a-t-il dit, n'est pas "de gauche" et veut par exemple "abroger totalement les 35 heures". Bertrand Delanoë, candidat à la direction du PS, s'est prononcé fin août contre "des rassemblements avec des gens qui se diraient à la fois de droite et de gauche". Mais il y a des ambiguïtés chez ceux qui soutiennent sa candidature à la direction du parti, comme le maire de Grenoble Michel Destod qui s'est allié au MoDem dès le 1er tour des municipales. Chez Martine Aubry, qui, au second tour à Lille, s'est alliée aux Verts et enfin au MoDem après avoir rassemblé la gauche au premier tour, c'est non aussi. "Je ne sais pas quelle société veut construire François Bayrou. Pour moi tant qu'il en sera ainsi, le MoDem ne pourra être nationalement un partenaire de la gauche". Selon Benoît Hamon (gauche du parti), "François Bayrou a besoin du PS pour exister, les socialistes se suicideraient à chercher à le faire vivre". Jean-Christophe Cambadélis estime, lui, que l'ouverture vers la gauche du président du MoDem - qui avait soutenu l'UMP Alain Juppé à Bordeaux - découle de l'échec de sa stratégie "ni droite, ni gauche" qui lui a valu une débâcle aux municipales. "Il en tire les conclusions pour faire un pas tactique vers le PS en pariant sur son incapacité à surmonter sa crise et en s'adressant directement aux électeurs socialistes", explique le député de Paris.

Actualités – France

Nouveau Centre : tensions après la main tendue d’Hervé Morin aux Libéraux


Pour la première université d'été de son parti, Hervé Morin s'est trouvé bien isolé dans son projet d'établir un lien privilégié avec Hervé Novelli et les Réformateurs de l'UMP. Le numéro deux du parti, Jean-Christophe Lagarde, a voulu «une explication de gravure» avec le ministre de la Défense. «Nous sommes des sociaux, nous n'avons rien à faire avec ces libéraux qui, pour certains, se sont séparés de l'UDF en 1998 car ils étaient tentés par une alliance avec le FN…» Le député maire de Drancy s'est aussi dit «agacé» par l'invitation faite à Jean-Pierre Raffarin «qui n'a rien d'un centriste» de se rendre au «séminaire des Centres» organisé à Épaignes par Hervé Morin, le 18 septembre, trois jours avant les sénatoriales. D'autres élus du Nouveau Centre, comme le député du Loir-et-Cher Maurice Leroy, lui ont emboîté le pas. Le président du groupe, François Sauvadet, a mis en garde contre la reconstitution de l'ancien parti Démocratie libérale d'Alain Madelin.

Actualités – France

L’électorat de base du Mouvement démocrate demeure au centre-droit


Selon une étude de l’IFOP sur les derniers résultats des élections cantonales, le Mouvement démocrate est encore très ancré au centre-droit quant à son électorat au moment même où François Bayrou tend à se positionner sur les terres du Parti socialiste pour acquérir la base qui lui permettrait d’enlever les prochaines élections présidentielles. Comme l’explique Le Monde, « La mutation de l'ex-UDF, formation centriste arrimée à la droite, vers le Mouvement démocrate (MoDem), alliance regroupant des sensibilités venues d'horizons divers, est loin d'être achevée ».

Voici les principaux résultats de cette étude intitulée « Le vote Modem : une équation complexe »

« Il a beaucoup été question du Modem et de son électorat à l’occasion des municipales. Scores en retrait par rapport à la « percée » de François Bayrou à la présidentielle, hétérogénéité idéologique de cet électorat et responsabilité importante dans l’échec de la droite, tels furent les principaux commentaires formulés. De manière plus fine que les municipales (où le Modem était allié à des forces politiques différentes dans bon nombre de villes, ce qui rend l’algèbre électorale le concernant beaucoup plus compliquée), les cantonales constituent un matériau d’analyse de première main pour tenter de cerner les contours de ce vote et de cet électorat.

Premier constat, le Modem a été en capacité de se présenter dans 534 cantons (soit 26 % des cantons en jeu), ce qui peut paraître faible mais qui doit être relativisé eu égard à la jeunesse de ce mouvement. Et dans ces 534 cantons, le score moyen du Modem s’établit à 13,9 %, soit un résultat non négligeable, et qui en a fait un des arbitres du second tour dans bon nombre de cas. D’où provient cet électorat et qui a pâti au premier tour de ce score du Modem ?

Il semble qu’au premier tour les résultats du Modem ont été beaucoup plus interdépendants de ceux de l’UMP que de ceux du PS. L’impact moyen de la présence de candidats Modem sur les résultats de l’UMP est de -6,6 points quand elle n’est que de -2,8 points sur le PS. Ce qui semble donc indiquer que le Modem a nettement plus mordu sur le centre-droit que sur le centre-gauche, qui est resté beaucoup plus captif ou fidèle aux candidats socialistes. Ceci est confirmé lorsque l’on analyse cette fois les scores du Modem lui-même, qui apparaissent beaucoup plus « élastiques » à la présence ou non de l’UMP qu’à celle du PS.

Dans les 355 cantons où le Modem affrontait l’UMP, son score moyen s’établit à 10,9 % pour s’envoler à 21,3 % dans les 179 cantons où l’UMP n’alignait pas de candidat face au parti de François Bayrou. Tout se passe donc comme si le parti centriste avait capté une bonne partie du vote de droite dans ces cantons. A l’inverse, dans les 123 cantons où il n’affrontait pas le PS, il n’obtient en moyenne que 15,4 % soit seulement 1,8 points de plus par rapport au résultat enregistré dans la moyenne des 410 cantons où le Modem était confronté au PS. Cette faible prime de moins de 2 points montre donc que l’électorat socialiste et de centre-gauche dans les cantons dépourvus de candidats PS s’est assez peu porté sur le Modem, qui a eu, on l’a vu, en revanche moins de mal à récupérer dans des circonstances identiques une fraction significative de l’électorat UMP.

Ces premiers constats chiffrés donnant à voir une forte interdépendance entre vote Modem et vote UMP au premier tour apparaissent intuitivement en contradiction avec bon nombre de commentaires ayant insisté sur les forts reports dans l’entre-deux tours des électeurs Modem sur la gauche. Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons analysé, dans les 721 cantons où avait lieu un duel gauche/droite au second tour, l’évolution du « total gauche » et du « total droite » entre les deux tours en fonction du score obtenu par le Modem au premier tour.

La gauche a davantage profité des reports du MoDem dont certains électeurs ont néanmoins voté à droite au second tour : gauche et droite ont manifestement profité de reports de voix s’étant porté sur les candidats soutenus par François Bayrou au premier tour. Plus le Modem avait atteint des niveaux élevés au premier tour et plus la dynamique en faveur des deux camps a été forte entre les deux tours. Il s’agit là d’un des enseignements les plus importants pour comprendre et interpréter ces élections cantonales. Si les candidats de gauche au second tour ont vu leur score davantage progresser par rapport au « total gauche » du premier tour que leurs rivaux de droite, l’écart n’est jamais très important entre les dynamiques enregistrés par les deux camps et la droite a elle aussi largement bénéficié de reports d’électeurs du Modem. On est donc loin du scénario souvent présenté expliquant la nette défaite de la droite par des reports massifs du Modem sur la gauche. La réalité est sans doute plus nuancée et plus complexe mais néanmoins cruelle pour l’UMP. Comme on l’a vu, le Modem a affaibli la droite au premier tour en exerçant une concurrence plus efficace envers l’UMP que vers le PS. Et au second tour, les reports ont majoritairement été orientés vers la gauche même si la droite en a aussi reçu une part non négligeable. Mais ces reports vers la droite au second tour ne sont plus du tout de la même qualité que du temps de l’UDF alors même que le Modem a pourtant fixé et capté un part significative de l’électorat de centre-droit au premier tour. Tout se passe donc comme si une fraction significative de l’électorat de centre-droit et d’un électorat « flottant », jusqu’à présent plutôt orienté à droite, se soit détournée au premier tour de l’UMP au profit du Modem puis ait franchi au second tour un cap en basculant à gauche. Le vote Modem aurait en quelque sorte servi de sas de transition vers la gauche pour une partie de l’électorat centriste. Mais ce phénomène ne vaut pas pour l’ensemble de l’électorat Modem, qui demeure très composite et dont une part importante a continué de voter à droite au second tour dans des configurations de duel. Néanmoins, le glissement de cet électorat charnière vers la gauche est l’un des ressorts de la défaite de la majorité présidentielle. »

© 2008 IFOP