En choisissant le gouverneur de l'Alaska, Sarah Palin, comme colistière, le candidat républicain à la Maison blanche John McCain a envoyé un signal fort aux chrétiens conservateurs, leur montrant que la foi et les armes avaient leur place sur son 'ticket'. Bien qu'il soit opposé à l'avortement et membre d'une Eglise évangéliste, les cercles chrétiens n'apprécient pas le soutien de McCain aux recherches sur les cellules souches ou sa discrétion sur le mariage homosexuel. Malgré ces critiques, de récents sondages montrent que le sénateur de l'Arizona gagne des suffrages parmi les protestants évangélistes blancs, dont les voix sont essentielles au succès d'un candidat républicain. L'arrivée à ses côtés de Sarah Palin, 44 ans, mère de cinq enfants âgés de cinq mois à 18 ans et chrétienne fervente, devrait lui permettre de mobiliser les derniers réticents, soulignent les chrétiens conservateurs et des analystes. "C'est un choix stratégique brillant pour McCain. Il avait vraiment besoin d'attirer les électeurs évangélistes", observe Michael Lindsay, sociologue politique à l'université Rice de Houston et spécialiste des évangélistes. "Dans l'histoire contemporaine, aucun républicain n'a conquis la Maison blanche sans leur soutien." Un adulte sur quatre se définit comme protestant évangéliste aux Etats-Unis. La plupart considèrent la Bible comme la transcription littérale de la parole de Dieu et prennent leur foi très au sérieux. Le mouvement évangéliste s'est divisé récemment, certains de ses chefs de file ayant élargi leurs thèmes de prédilection à des sujets plus libéraux tels que la protection de l'environnement, mais l'opposition aux droits des homosexuels et à l'avortement restent des ciments forts. "Le gouverneur Palin est un ardent défenseur des politiques pro-famille qui fédèrent les conservateurs sociaux. Elle est connue pour défendre la culture de la vie à chaque occasion", explique Tony Perkins, président du Conseil de recherche sur la famille, un groupe de pression proche des évangélistes. "Le sénateur McCain a fait un choix remarquable. Elle est solide sur tous les sujets sociaux importants", ajoute-t-il. Seule sa situation de "mère active" semble pouvoir susciter des critiques à l'encontre de celle qui pourrait devenir, le 4 novembre, la première vice-présidente de l'histoire. Les chrétiens américains estiment que la place d'une mère de famille est au foyer. Mais d'autres admirent le dévouement de cette femme ayant su trouver un équilibre entre sa carrière et sa famille. "J'ai aussi cinq enfants et je pense que c'est formidable de voir quelqu'un se démener pour intégrer sa famille dans sa mission", dit Charmaine Yoest, présidente d'un groupe anti-avortement. "Et sa décision d'avoir son enfant en sachant qu'il avait le syndrome de Down est une histoire magnifique." Son appartenance à la National Rifle Association, groupe de pression qui considère le port d'arme comme un droit fondamental, consolide encore son image chez les conservateurs.