Ce n'est pas que Barack Obama soit devenu moins intelligent mais, alors que les médias ne semblaient pas en faire grand cas voici quelques mois lors des primaires démocrates face à Hillary Clinton , ni même d'ailleurs les électeurs, de plus en plus de gens s'interrogent sur le contenu du fameux "changement" promis par le sénateur de l'Illinois. Car il ne suffit pas de dire "changement" à tout va pour en faire une réalité palpable. Or, au moment où le pays traverse une crise économique mais aussi une crise de confiance, le peuple américain veut savoir où l'on va l'emmener. Avec John McCain, les choses semblent connues: ce sera une politique de centre droit avec des relents de conservatisme au niveau des impôts, de la guerre contre le terrorisme et de certaines valeurs prônées (mais sans doute pas mise en oeuvre comme l'interdiction de l'avortement par exemple). Avec Barack Obama, c'est une toute autre paire de manche car le flou est assez grand sur plusieurs questions. Ce sera, sans doute, une politique de centre gauche mais on ne sait plus très bien quelles sont les options retenues pour la guerre d'Irak (retrait immédiat ou non) et pour certaines valeurs (Obama est apparu très conservateur sur la peine de mort et la possession d'armes) sans parler d'un discours assez atone sur l'économie, la principale préoccupation des Américains.
Du coup, la timidité des propositions de Barack Obama est de plus en plus mise en avant même au Parti démocrate où certains demandent instamment à son futur candidat d'être plus ferme et plus entreprenant en la matière. Mais c'est aussi sa personnalité et son expérience qui font de plus en plus problème et John McCain en profite pour affirmer que Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste et qu'il ne suffit pas qu'il dise qu'il n'est pas un "politicien de Washington" pour apparaître comme un homme providentiel (McCain joue aussi sur son côté "en marge" du Parti républicain pour affirmer qu'il n'est pas non plus un politicien de cette espèce détesté par l'Amérique profonde).
Bien sûr, les élections sont loin encore et tout peut évoluer d'un côté comme de l'autre. Barack Obama est le favori incontestable mais cette position qu'il occupe pour la première fois de sa vie (il ne l'était pas quand il a été élu sénateur de l'Illinois, ni non plus lors des primaires démocrates) semble le mettre mal à l'aise et le paralyser. D'autant que tous les observateurs expliquent que cette élection est dans la poche des Démocrates. Dès lors, toute inflexion de l'image de leur candidat apparaît comme un signe de faiblesse. C'est ce qui se passe actuellement. La Convention démocrate à Denver à la fin de cette semaine devrait redonner un peu de lustre et d'allant à la campagne de Barack Obama. Il faut surtout qu'elle retrouve une dynamique, celle qui lui a permis de battre Hillary Clinton lors des primaires démocrates.
Le seul problème est que Barack Obama, avec une couverture médiatique aussi forte voire indécente, n'est plus tellement un "homme nouveau" qui électrisait les foules par son discours mais aussi par ce sentiment que tout allait devenir comme dans le "Rêve américain". D'autant que le candidat démocrate a des idées politiques de longue date que l'on peut retrouver dans ses livres et ses discours: il est du Centre, ce qui pourrait, de plus en plus, décevoir la partie la plus bruyante et la plus exposée médiatiquement de ses fans: les jeunes à la gauche du Parti démocrate, voir de gauche tout court...
Alexandre Vatimbella