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Présidentielle 2008
Barack Obama adopte un discours rassembleur et modéré
Ardent libéral et réformateur pendant les primaires, le candidat démocrate à la Maison Blanche Barack Obama a mis le cap au centre cette semaine, une règle du jeu immuable pour gagner les faveurs d'un plus large électorat à l'approche de la présidentielle en novembre. Si le changement demeure au cœur de son message, le sénateur de l'Illinois (nord) a ajusté son discours aux aspirations d'un grand nombre d'Américains et multiplié les références au patriotisme et à la foi. Ses conseillers semblent aussi manœuvrer pour lui donner un peu de marge sur l'Irak et atténuer le refrain antiguerre répété lors des primaires, en même temps que sa promesse d'un retrait immédiat des troupes américaines. "C'est typique dans les campagnes présidentielles, de mener la bataille des primaires avec des positions extrêmes et puis de dériver doucement vers le centre afin d'attirer le plus grand nombre d'électeurs à l'élection générale," explique le politologue Costas Panagopoulos. "Je pense que pour Obama c'est particulièrement crucial car, dans une large mesure, il ne peut pas trop s'éloigner de son passé (politique) qui est l'un des plus libéraux du Congrès," ajoute M. Panagopoulos, de la Fordham University (New York, nord-est). Le sénateur de l'Illinois a ainsi inquiété les libéraux en se gardant la semaine dernière de condamner la décision de la Cour suprême sur les armes à feux, au nom de la défense du droit à porter des armes, jugé inaliénable par beaucoup. Il a également délaissé ses convictions antérieures -- et suscité des critiques de l'aile gauche de son parti--, en renonçant au financement public de sa campagne électorale, préférant utiliser les millions de dollars recueillis auprès de ses partisans. Tout comme son rival républicain John McCain, Barack Obama a aussi exprimé son désaccord avec une décision de la Cour suprême interdisant d'infliger la peine de mort pour des viols d'enfants non-accompagnés de meurtre. "La plupart des candidats à la présidentielle adaptent leur message une fois obtenue l'investiture de leur parti, mais M. Obama n'est pas simplement en train d'orienter son discours vers le centre (...) il veut un troisième mandat Bush," ironisait un éditorial du quotidien conservateur Wall Street Journal cette semaine. Récemment, à propos de l'Irak, le candidat démocrate a certes répété être en faveur d'un retrait immédiat des troupes mais quelques heures plus tôt, il avait laissé entendre qu'il pourrait "affiner" sa stratégie après avoir effectué une visite sur le terrain. Le Comité national du parti républicain (RNC) a immédiatement réagi l'accusant d'être une girouette en laissant planer le doute sur un retrait immédiat des troupes. "Le problème d'Obama avec l'Irak déprécie le principe même de sa candidature et le montre comme un politicien typique", a affirmé le porte-parole du RNC Alex Conant. De féroces débats ont agité le site même du candidat après ces revirements. "Obama a opéré des changements qui sont vraiment décevants," y écrit une internaute appelée "Elisabeth." "Plus l'espoir est élevé, plus dure est la chute et beaucoup d'entre nous avaient placé leurs espoirs très haut, comme jamais auparavant dans nos vies", ajoute-t-elle. Sur son blog, la libérale Arianna Huffington avertit Obama du risque de reproduire l'erreur du démocrate John Kerry en 2004, dont le virage au centre avait contribué, selon elle, à lui faire perdre l'élection.