Actualités-Etats-Unis
Présidentielle 2008
Barack Obama bien positionné dans des Etats-clés
L'issue de la présidentielle américaine devrait se jouer réellement dans seulement une dizaine d'Etats, où l'issue du duel entre Barack Obama et John McCain s'annonce incertain. La faute à un système électoral particulier: le président est en effet élu indirectement, par un collège de grands électeurs. Burdett Loomis, professeur de science politique à l'université du Kansas, compte voter pour Barack Obama en novembre même s'il sait que sa voix ne fera pas la différence. Bastion républicain, le Kansas n'a pas soutenu un candidat démocrate à la Maison Blanche depuis... 1964. "Même si nous avons une seule élection présidentielle où les Américains vont aux urnes le même jour, il y a en réalité 51 scrutins où le vainqueur rafle la mise", explique-t-il en référence aux votes organisés dans les 50 Etats du pays, plus le district de Washington. Il juge "anachronique" le Collège électoral, désigné à l'issue de ces votes avec la mission d'élire formellement le président, un mécanisme conçu à l'époque des fondateurs du pays il y a plus de deux siècles. Ce système électoral explique pourquoi MM. Obama et McCain vont concentrer leurs efforts sur seulement 15 Etats tout au plus: les plus susceptibles de basculer dans un camp ou dans l'autre. Le Collège électoral a été créé pour assurer un minimum de poids électoral aux petits Etats. Chaque Etat dispose d'au moins trois grands électeurs sur les 578 qui élisent officiellement le président à la mi-décembre. Les détracteurs du système demandent qu'il soit remplacé par une élection au suffrage universel direct. En 2000, Al Gore avait remporté le vote populaire, mais c'est George W. Bush qui avait obtenu une majorité des grands électeurs. Le scrutin paraît joué d'avance dans 35 à 40 Etats, qui semblent acquis à l'un des deux grands partis. Du coup, ils devraient rester en marge de la campagne. En revanche, dix à 15 Etats-clés ou "swing states", où la bataille s'annonce disputée, devraient retenir toute l'attention des candidats et constituer le véritable champ de bataille de la campagne. Barack Obama et John McCain devraient y effectuer des déplacements répétés et y consacrer beaucoup d'argent à la diffusion de spots de campagne télévisés. Deux des Etats parmi les plus stratégiques sont l'Ohio et la Floride, qui attribuent respectivement 20 et 27 grands électeurs. La victoire sur le fil de George W. Bush en Floride il y a huit ans lui a permis d'accéder à la Maison Blanche. Et il a pu y rester quatre ans plus tard en partie grâce à l'Ohio. Cette année, les regards se tournent également vers la Virginie, Etat traditionnellement républicain mais qui pourrait basculer, selon certains observateurs. Le candidat arrivé en tête dans un Etat, quel que soit son score, remporte l'ensemble des grands électeurs en jeu, une "délégation" dont la taille dépend du poids démographique de l'Etat en question. La Californie compte 55 grands électeurs, soit plus qu'aucun autre Etat. A l'inverse, sept Etats et le district de Washington en possèdent seulement trois. Les sondages montrent qu'une grande majorité des Américains préféreraient voir le président élu au suffrage universel direct. Cela impliquerait de modifier la Constitution, chose qui n'a eu lieu que 27 fois depuis que le texte fondamental a été adopté en 1787. Pour entrer en vigueur, un amendement constitutionnel doit être adopté à une majorité des deux tiers par les deux chambres du Congrès, puis ratifié dans les trois quarts des Etats. L'association Vote populaire national milite pour une solution alternative en vertu de laquelle les Etats accepteraient d'attribuer tous leurs grands électeurs au vainqueur du vote populaire national.