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Présidentielle 2008
Barack Obama et Hillary Clinton scelle leur unité à unity !
New Hampshire - Barack Obama et Hillary Clinton scellent leur réconciliation: pour la première fois depuis leur duel acharné des primaires, les anciens rivaux démocrates sont apparus ensemble en public vendredi, pour un meeting commun à Unity, petite localité bien nommée du New Hampshire. L'ancienne First Lady en a profité pour rappeler à l'ordre ceux de ses partisans qui songeraient à voter républicain ou s'abstenir.
"Hello Unity, Hello, New Hampshire", a lancé Hillary Clinton, en tailleur pantalon bleu azur, montée sur la scène avec Barack Obama. "Et bien, Unity n'est pas seulement un endroit magnifique comme on peut le voir, c'est aussi un sentiment merveilleux, non?", a-t-elle ajouté, jouant sur la symbolique du nom de la ville, unité en français.
"Et je sais qu'en commençant ici, avec unité, dans ce champ, nous terminerons sur les marches du Capitole, quand Barack Obama prêtera serment pour devenir notre prochain président", a-t-elle assuré à la tribune, pendant que le futur candidat démocrate, en chemise blanche, l'écoutait assis à côté d'elle sur un tabouret.
Hillary Clinton a demandé vendredi à ses partisans de soutenir Barack Obama qu'il
"Je ne crois pas que qui que ce soit ici ignore que nous avons eu des primaires durement disputées", a dit Mme Hillary Clinton aux quelque 4.000 personnes (selon l'équipe Obama citant les forces de l'ordre) venues à cette première réunion publique commune organisée avec Barack Obama, à qui elle avait apporté son soutien dès le 7 juin, quatre jours après les dernières primaires. "Nous nous sommes battus pied à pied dans ces primaires durement disputées, mais aujourd'hui, et pendant tous les jours à venir, nous sommes côte à côte", a ajouté Mme Clinton. "A tous ceux qui ont voté pour moi et envisagent maintenant de voter pour (le présidentiable républicain) John McCain, je vous demande instamment d'y réfléchir (..), je suis avec Barack Obama parce que je sais qu'il se battra pour vous", a-t-elle poursuivi. Hillary Clinton a appelé ses partisans à rejoindre ceux de Barack Obama pour "créer une force irrépressible pour un changement dans lequel nous pouvons tous croire".
A son tour, Barack Obama a rendu un hommage appuyé à la sénatrice de New York et son époux, l'ancien président Bill Clinton, saluant des alliés et des piliers du parti de l'âne. "On a besoin d'eux. On a vraiment beaucoup besoin d'eux. Ce n'est pas seulement ma campagne, mais le peuple américain qui a besoin de leur dévouement, leur vision et leur sagesse dans les mois et les années à venir, parce que c'est comme ça que nous permettrons au parti démocrate d'être uni. Et c'est comme ça que nous permettrons au peuple américain d'être uni et que nous allons apporter le rêve américain dans tous les coins et tous les Etats de ce grand pays que nous aimons"".
Après le retrait de Hillary Clinton de la course il y a trois semaines, chacun dans le camp démocrate s'efforce désormais de cicatriser les plaies causées par une campagne des primaires d'une rare violence. Il s'agit aussi pour Barack Obama, qui a choisi de financer sa campagne exclusivement sur fonds privés, de s'accorder les faveurs des principaux donateurs de Mme Clinton. L'ancienne First Lady les a d'ailleurs invités jeudi soir à soutenir son ex-rival.
Ces retrouvailles étaient pour eux un impératif, chacun dépendant à présent de l'autre. Barack Obama doit tout particulièrement conquérir le vote des ouvriers et des femmes de plus de 50 ans, électorats acquis à la sénatrice de New York et que le républicain John McCain a déjà commencé à courtiser. M. Obama attend à présent que Mme Clinton les appelle clairement à se prononcer pour lui.
De son côté, Hillary Clinton a besoin de l'aide du sénateur de l'Illinois pour éponger une partie des dettes contractées lors des primaires. A défaut d'être candidate à la Maison Blanche, elle entend également jouer un rôle de premier plan dans le dispositif de campagne de M. Obama.
Jeudi, Obama avait rencontré plus de 200 des principaux soutiens financiers de la campagne de Clinton dans un hôtel de Washington, assurant qu'il allait lui-même, comme son épouse Michelle, donner de sa poche le maximum permis -2.300 dollars, soit 4.600 en tout- pour aider Clinton, qui a accumulé 20 millions de dollars (12,8 millions d'euros) de dettes au total, dont plus de la moitié sur ses fonds personnels.
En coulisses de cette réunion, cependant, le plus important restait les négociations sur le rôle à venir de la sénatrice de New York. Trois de ses proches sont actuellement en train d'en discuter avec l'équipe d'Obama, évoquant notamment ses déplacements, son rôle lors de la convention nationale du parti en août, où le candidat sera officiellement désigné, et le remboursement de ses dettes. Jeudi, puis vendredi encore, M. Obama avait rendu hommage à la campagne "historique" de Mme Clinton, se réjouissant que les petites filles d'aujourd'hui sachent désormais "qu'elles peuvent faire tout ce que font les garçons, qu'elle peuvent le faire mieux et en portant des talons".
Ce récent rapprochement entre les deux ex-adversaires semble porter ses fruits auprès des électeurs démocrates. Selon un sondage Associated Press-Yahoo News, 53% de ceux qui avaient voté Clinton lors des primaires soutiennent aujourd'hui Obama. En avril, seuls 40% étaient dans ce cas. Cependant, environ 20% de ces démocrates affirment encore qu'ils soutiendront le jour du vote le candidat républicain. Ainsi, Unity, un électeur républicain prêt à voter pour Barack Obama, Ken Hall, espérait que ce meeting "ferait du bien pour rassembler tout le monde". mais des manifestants sont tout de même venus vendredi avec des pancartes pour dire "non à Obama". "Un joli garçon intelligent ne fait pas un président", a justifié Carole Stone-Oks, une électrice de Mme Clinton venue du Massachusetts voisin et désormais décidée à voter pour le républicain John McCain, sauf si l'ex-Première dame était choisie comme colistière. "Il peut nous promettre la Lune, et c'est ce qu'il fait, mais comment va-t-il la décrocher pour nous?", s'interroge avec scepticisme Wendy Thomas, du New-Hampshire. "Je n'ai jamais ressenti l'amour que beaucoup vouent à Obama", reconnaît-elle. A l'opposé, Sam Arora, représentant du site "voteboth.com" ("votez pour les deux.com") qui plaide pour un ticket Obama-Clinton, est venu à Unity depuis Baltimore (Maryland, est) pour applaudir ses champions: "Je veux vraiment les voir marcher ensemble. Ces deux-là sont les leaders les plus talentueux de notre génération !", s'exclame-t-il avec ferveur. Les "Hillary, Hillary" et les "Obama, Obama" scandés dans un même souffle par les milliers de personnes réunies à Unity et qui auraient été impensables il y a encore quelques semaines lui donne quelque espoir...