Actualités – France
Jean Arthuis prépare sa riposte au Mouvement démocrate
Le président de la commission des finances au Sénat réunit 600 élus et militants, le 29 juin, pour tenter de recoller les morceaux. Voici l’interview qu’il a accordée à Ouest France.
-Ex-UDF, ex-MoDem, Nouveau Centre, centristes de l'UMP... Cette dispersion n'est pas un peu ridicule ?
Jean Arthuis : La famille centriste est atomisée, vaporisée. C'est un phénomène qui a commencé en 1998, au lendemain des régionales, qui s'est poursuivi en 2002 et qui atteint son paroxysme en 2007. La conséquence, c'est une bipolarisation qui fait pencher le balancier très à gauche dans les élections locales. On a vu des figures emblématiques du centre passer à l'UMP et la conquête par la gauche de la plupart des sièges des exécutifs régionaux. Je suis persuadé que la vie politique française a besoin d'un centre indépendant, suffisamment fort et clair dans son identité.
-Vous allez réunir, le 29 juin, au Sénat, les centristes qui voudront bien vous rejoindre. Vous attendez beaucoup de monde ? Et vous en attendez quoi ?
Jean Arthuis : Notre objectif, c'est de rassembler le centre, pas de créer un parti supplémentaire. Nous sommes un certain nombre à avoir tenté l'expérience du MoDem. Cette stratégie d'autonomie est une véritable impasse, totalement illisible. On a vu, à Lyon, six MoDem élus, trois à droite, trois à gauche ! Dans ces conditions, j'ai décidé de claquer la porte. Avec seize collègues sénateurs, quatre députés européens et un député national, nous avons décidé de lancer cet appel. On a réservé à peu près six cents places. Le but, c'est de vérifier qu'il y a bien, en France, une culture et un attachement au centre sur des valeurs humanistes, sociales, libérales, européennes.
-Le Nouveau Centre (allié de l'UMP) ne peut pas être cette famille-là ?
Jean Arthuis : Il peut difficilement réclamer son indépendance, compte tenu de l'engagement très direct de plusieurs de ses membres dans la vie gouvernementale. Il ne nous est pas apparu qu'il avait vocation à rassembler tous les centristes. Pas plus que le MoDem. Mais nous invitons tous les centristes à s'interroger.
-Quand on vous écoute individuellement, on a le sentiment que les idées sont assez largement partagées...
Jean Arthuie : Ça prouve bien que nous avons un ADN commun.
-Alors, c'est un problème d'hommes ?
Jean Arthuis : On n'est pas dans une attitude de mésentente. Je connais plusieurs parlementaires du Nouveau Centre prêts à changer le nom du parti. Au soir du 29 juin, nous dirons, je crois, que nous sommes prêts à participer à la fondation d'un centre qui donne des gages d'indépendance.
-Vous pariez sur une évolution du Nouveau Centre ?
Jean Arthuis : Oui.
-L'UMP et Nicolas Sarkozy laisseront-ils faire ?
Jean Arthuis : Nous voulons avoir davantage d'indépendance pour aider le gouvernement à remettre d'aplomb les finances publiques, pour redonner de la compétitivité à l'économie et la rendre compatible avec la justice sociale. Il faut que, sur un certain nombre de propositions, nous soyons plus fermes que ne l'a été le Nouveau Centre.
-Certains vous suspectent de développer une stratégie personnelle...
Jean Arthuis : À titre personnel, je n'ai aucune ambition. Simplement, les partis ne fonctionnent pas tout seuls. Alors, j'ai estimé que mon devoir était de participer à ce rassemblement.
Recueilli par Michel URVOY.
© 2008 Ouest France