Actualités-Grande Bretagne
Le Labour perd les élections locales ; le Parti libéral-démocrate en deuxième position
Le Premier ministre travailliste Gordon Brown va devoir batailler ferme pour tenter de remettre son parti sur les rails après sa déroute historique et la perte humiliante de la mairie de Londres aux élections locales de jeudi en Angleterre et au Pays de Galles. Deuxième "mauvaise" nuit consécutive pour Gordon Brown qui, après avoir encaissé la plus importante défaite du Labour en quarante ans aux élections locales de jeudi, a vu s'envoler vers les conservateurs la prestigieuse mairie de Londres, aux mains du travailliste Ken Livingstone depuis la création du poste en 2000. "C'est un message adressé au gouvernement. Je pense que c'est comme un coup de pied au derrière pour nous tous du gouvernement de la part du peuple britannique qui dit +Ecoutez, c'est difficile par ici. Nous subissons la rigueur. Nous voulons que vous dirigiez+" (le pays), a déclaré samedi la ministre de l'Intérieur Jacqui Smith sur la chaîne Sky News. "Pour nous tous au parti travailliste, il y a un travail à faire et nous devons le faire", a-t-elle poursuivi. Dans une conférence de presse vendredi matin, avant même l'annonce officielle des résultats du scrutin, M. Brown avait assuré que son gouvernement allait "tirer les leçons" du scrutin. Sur les 4.102 sièges en jeu, le Labour en a perdu plus de 330, les conservateurs en ont gagné près de 260 et les libéraux-démocrates 19. Les tories ont conquis la majorité absolue dans 12 conseils supplémentaires. La presse britannique titrait samedi sur "Le massacre du 1er mai" dans The Times et The Independent, qui soulignait qu'avec leur leader David Cameron les tories étaient de nouveau "présentables". The Guardian évoquait le "long et sanglant vendredi de Brown". Pour le Daily Mail, si Gordon Brown se concentre sur les difficultés économiques, "il a le temps de se rattraper avant les prochaines élections" législatives prévues d'ici mai 2010. Selon des estimations de la BBC, le Labour s'est classé en troisième position avec 24% des voix, derrière les libéraux-démocrates (25%) et à vingt points derrière les conservateurs (44%). Un véritable retournement de situation par rapport à juin 2007 lorsque M. Brown a pris les rênes du parti et du pays, succédant à Tony Blair. En septembre, il avait même une avance de 11 points sur les tories. "Je suis sûr que la situation dans deux ans sera différente de celle dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui", a relevé samedi sur la radio BBC4 le ministre de la Justice Jack Straw, confiant en une quatrième victoire consécutive des travaillistes aux élections parlementaires. "De nombreux gouvernements ont perdu avec l'ampleur à laquelle nous avons perdu à Londres et ensuite ont gagné les élections législatives suivantes", a-t-il ajouté. Mais le gouvernement devra commettre "moins d'erreurs". En 2004, le Labour avait également terminé en troisième position aux élections locales, avec 26% des voix, plombé par la décision de Tony Blair d'intervenir en Irak. L'année suivante, le Labour avait conservé sa majorité à Westminster. Mais cette fois, la prise de la mairie de Londres par le conservateur Boris Johnson, surnommé "Boris le bouffon", a porté un coup douloureux au Labour. Cette victoire, annoncée peu avant minuit vendredi après un dépouillement plus long que prévu, est considérée par M. Cameron comme un jalon important dans sa conquête de Downing street, résidence officielle du Premier ministre à Londres. En début d'après-midi samedi, Boris Johnson a signé la déclaration officielle par laquelle il accepte d'être le maire de Londres pour quatre ans, mandat qui débute dimanche à minuit. Après cette cérémonie, il s'est engagé à "mener la contre-attaque" contre la criminalité et rappelé les grandes lignes de son projet (construction de logements abordables, amélioration des transports publics, aménagement de la taxe d'embouteillage).