Hillary Rodham Clinton s’est relancée en remportant la primaire démocrate en Pennsylvanie avec 10 points d'avance sur Barack Obama mardi soir. La sénatrice de New York décroche une victoire majeure qui lui permet de regagner du terrain dans la course à l'investiture. "Certains pensaient que je perdrais et m'ont dit d'abandonner", a lancé l'ex-First Lady à des électeurs venus saluer sa victoire à Philadelphie. "Mais les Américains n'abandonnent pas. Et ils méritent un président qui n'abandonne pas, lui non plus". "Grâce à vous, le courant est en train de changer", a-t-elle ajouté. Après dépouillement de 98% des bulletins, la sénatrice de New York l'emportait avec 55% des votes, contre 45% pour son rival, s'assurant ainsi 52 délégués supplémentaires sur les 158 accordés à la Pennsylvanie. Barack Obama en remportait pour sa part 46. Selon un décompte établi par l'Associated Press, le sénateur de l'Illinois conserve une nette avance, avec 1.694,5 délégués contre 1561.5 pour sa rivale, des chiffres qui incluent les quelque 500 "superdélégués" -des personnalités démocrates- qui ont apporté leur voix à l'un ou à l'autre.
Quatre millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour un scrutin décisif pour Hillary Clinton, la Pennsylvanie étant le dernier des dix Etats qui doivent encore voter jusqu'à début juin à offrir autant de délégués en vue de la convention démocrate qui désignera en août à Denver le candidat du parti à la présidentielle de novembre. "Maintenant, c'est à toi de décider, Indiana", a déclaré pour sa part Barack Obama après l'annonce des premiers résultats, se projetant d'emblée vers les prochaines primaires qui se tiendront dans cet Etat et en Caroline du Nord le 6 mai. Attaquant sa rivale sans la nommer, il a ajouté qu'"on peut calculer et faire des sondages sur ses positions et dire excatement à tout le monde ce qu'ils veulent entendre. Ou l'on peut être le parti qui ne se concentre pas seulement sur comment gagner, mais pourquoi nous devrions gagner". A l'issue d'une campagne de six semaines marquées par l'intensification des attaques personnelles, l'ancienne résidente de la Maison Blanche avait choisi de jouer la confiance mardi soir, en organisant un meeting sur place à Philadelphie. Son rival, à l'inverse, a montré qu'il s'attendait à une défaite en s'envolant pour l'Indiana avant même la fermeture des bureaux de vote.
Sa victoire, Hillary Clinton la doit aux voix des ouvriers, des femmes et des blancs qui ont majoritairement voté pour elle au cours d'une élection dominée par les questions économiques. Plus de 80% des électeurs interrogés à la sortie des urnes ont estimé que les Etats-Unis se trouvaient déjà en récession. Barack Obama a pour sa part séduit les noirs, les classes sociales favorisées et les électeurs ayant récemment rejoint le parti démocrate, selon les sondages réalisés par The Associated Press et des chaînes de télévision. L'excellent score enregistré par Hillary Clinton conforte son succès dans les grands Etats - elle a précédemment gagné les primaires du Texas, de la Californie, de l'Ohio et de l'Etat de New York. Une tendance qui pourrait lui être utile pour convaincre les "superdélégués" de faire abstraction de l'avance de Barack Obama en termes de délégués lorsqu'ils choisiront en août le candidat démocrate pour l'élection présidentielle. C'est par ailleurs la troisième fois qu'elle l'emporte alors qu'une défaite aurait pu compromettre définitivement sa candidature. "Pendant six semaines, le sénateur Obama et moi avons parcouru l'Etat (...). Nous avons été jugés l'un à côté de l'autre, faisant de notre mieux", a rappelé Hillary Clinton. "Vous avez écouté et aujourd'hui vous avez choisi. Avec deux guerres à l'étranger et une crise économique ici, vous savez que les enjeux sont élevés et que les défis sont grands. Mais vous savez aussi (...) que les possibilités sont infinies avec un président qui est prêt à gouverner dès le premier jour".