François Bayrou a "contre-attaqué" lundi face à des "manoeuvres" orchestrées selon lui par l'Elysée pour l'empêcher de construire un centre indépendant, et en a appelé aux adhérents du MoDem qui devront se prononcer "avant l'été" sur sa stratégie. Plutôt discret depuis son échec aux municipales, le président du Mouvement démocrate avait organisé une conférence de presse au siège parisien du parti, pour "mettre un terme à une opération de déstabilisation". Le leader centriste faisait allusion notamment à une note publiée par le journal le Monde, attribuée à un conseiller de Nicolas Sarkozy. Ce texte énumère tous les récents développements qui pourraient contribuer à fragiliser M. Bayrou, notamment la volonté de plusieurs élus de "faire revivre" l'UDF et de se rapprocher de la majorité présidentielle, quitte, comme le sénateur Jean Arthuis, à partir du MoDem. "Des mouvements présentés comme internes" au MoDem "n'avaient en réalité pas grand chose de spontané", mais étaient "dirigés et agités de l'extérieur, pour parler clairement, de l'Elysée", a assuré M. Bayrou.
Le "troisième homme" de la présidentielle a fustigé "l'intrigue, la déloyauté, le cynisme" des gouvernants, à un moment où le pays "va dans le mur", avec "une dégradation parallèle de la situation économique, financière et sociale". Il a également fustigé la création d'un "comité de liaison" de la majorité piloté par Nicolas Sarkozy, alors que le président est censé être "au-dessus des intérêts et des contingences des partis", et le projet de changement du mode de scrutin pour les régionales. Un projet "destiné, croient-ils, à nous empêcher de trouver notre place dans cette élection", a-t-il dénoncé. "Je conduirai sans faiblir la contre-attaque contre ces manoeuvres", a-t-il affirmé, écartant un "illusoire retour en arrière" à une UDF qui serait "de nouveau l'allié inconditionnel du parti majoritaire".
Pour une "clarification" qui devra être effectuée "avant l'été", M. Bayrou a décidé de soumettre au vote des quelque "60.000 adhérents" un "texte d'orientation qui ne laissera aucune place à l'ambiguïté". Il a invité "tout dirigeant qui ne serait pas d'accord avec la ligne d'indépendance" qu'il défend à présenter "sa propre motion", dans un défi à ceux qui contestent sa stratégie, comme les sénateurs centristes menés par Michel Mercier, trésorier du parti. "Je n'accepterai plus ni manoeuvre interne ni déstabilisation externe, ni le bazar", a-t-il prévenu. Le député des Pyrénées-Atlantiques a précisé que s'il n'obtenait pas la "confiance" des adhérents lors de ce vote, il cesserait "évidemment" d'exercer ses fonctions à la tête du parti. Mais il semble n'avoir aucune inquiétude sur l'issue de la consultation: "ce qui a été parfaitement compris par les adhérents ne correspond pas tout à fait au monde des élus", a-t-il lancé. Il a également exclu que les "UDF historiques" puissent récupérer le siège et les actifs du parti, une autre "manoeuvre" qui selon lui "échouera lamentablement". "L'UDF appartient aux adhérents", qui ont choisi lors du congrès de décembre 2007 "la naissance d'un nouveau mouvement", le MoDem, a-t-il rappelé, affichant "une grande tranquillité" à ce sujet.
Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, a jugé que François Bayrou se posait en "victime" pour "rallier les sympathies". François Sauvadet, chef de file des députés du Nouveau Centre (ex-UDF ralliés à Nicolas Sarkozy) a estimé qu'il invoquait "la vieille théorie du complot pour expliquer l'échec de sa gestion autocratique du Modem".