Voici le contenu intégral de la note interne adressée au chef de l'Etat. Celle-ci a été rédigée avant la réunion qui s'est tenue mercredi 9 avril à l'Elysée, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à laquelle participaient des responsables de l'UMP, du Nouveau Centre, du Parti radical, du Forum des républicains sociaux, de la Gauche moderne, des Progressistes, ainsi que Jean-Marie Cavada et Michel Mercier, en vue de constituer un "comité de liaison de la majorité présidentielle".
«1) Plusieurs mouvements récents dans la famille centriste sont à noter.
Votre proposition à Michel Mercier pour appartenir officiellement à la Majorité présidentielle a sans doute été un déclencheur puisque le président du groupe UC du Sénat ne s'en est pas caché.
Les ministres centristes (Hervé Morin, Valérie Létard, André Santini – Christian Blanc se tient à l'écar) ont alors redoublé d'assiduité auprès des sénateurs centristes pour leur proposer une alliance plus claire au sein du Nouveau Centre. Le petit groupe prêt à le faire atteindrait aujourd'hui le tiers de l'effectif.
Depuis le lendemain des élections municipales, Michel Mercier a fait savoir à François Bayrou et Marielle de Sarnez qu'il ne les suivrait plus dans des opérations suicides et sectaires et que c'était là sa responsabilité de trésorier à la fois de l'UDF et du MoDem.
Jean Arthuis, dans une interview au Journal du dimanche, est venu s'aligner pratiquement mot pour mot sur la position de Michel Mercier.
Thierry Cornillet, député européen centriste, que vous avez reçu, a de son côté publié un manifeste pour le Centre qui constitue à la fois une proposition et une analyse pertinente de la situation : le Nouveau Centre ne recrutera pas plus, par contre il est possible de retravailler dans le cadre de l'UDF historique sans François Bayrou.
Dans le même temps, de nombreux élus dans le Grand Ouest, maires de petites villes (Douarnenez, Concarneau, Landerneau, Quimperlé) ne s'affilient pas au Nouveau Centre mais se réclament de l'Union centriste. Pierre Méhaignerie, comme il vous l'a d'ailleurs dit, les encourage dans ce sens. S'ils ne veulent pas venir à l'UMP, il préfère qu'ils n'aillent pas non plus au Nouveau Centre.
2) Derrière ces mouvements variés, plusieurs constantes peuvent nous permettre de continuer à compter sur l'ensemble de la famille centriste pour la recherche d'une majorité au Sénat et d'une majorité au Congrès.
Michel Mercier souhaite sincèrement être ministre et reste très intéressé par la possibilité pour un parlementaire de retrouver son siège directement comme l'avant-projet de loi constitutionnelle le prévoit.
Jean Arthuis veut conserver la présidence de la commission des finances en septembre prochain.
Pierre Méhaignerie veut rester la référence centriste au sein de l'UMP.
Enfin, il est clair qu'à quelques semaines du versement aux partis politiques de la dotation publique de l'Etat, les sénateurs centristes et de nombreux élus locaux ne veulent plus en faire bénéficier François Bayrou et Marielle de Sarnez, sans pour autant apporter tout cela au Nouveau Centre.
En conclusion, il est possible dans les semaines qui viennent que les UDF centristes historiques récupèrent même matériellement le siège du parti et tous les actifs qui y sont, lesquels appartiennent toujours formellement à l'UDF. Nous nous retrouverions alors avec un parti centriste supplémentaire (l'ancienne UDF) entre le Nouveau Centre et le MoDem.
3) Il est clair que, depuis plusieurs semaines, cette analyse a été faite par Jean-Louis Borloo et son secrétaire général, Laurent Hénart. Le ministre d'Etat multiplie les entretiens et les déjeuners avec l'ensemble de cette mouvance et tente, en vain jusque-là, de la fédérer à son profit.
Dans ce contexte, la réunion que vous présidez [mercredi 9 avril] avec la majorité présidentielle n'en est que plus opportune. »
Site politique sur le Centre et le Centrisme
vendredi 11 avril 2008
L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Où est la « place du Centre » ?
Avec le fiasco du Mouvement démocrate et de sa stratégie « à la carte » et la défaite cinglante de la droite aux municipales, avec les espoirs retrouvés d’une gauche à la recherche de partenaires pour les prochaines échéances électorales, les politiques, les politologues et les journalistes ne parlent plus que de la « place du Centre ». Mais où est-elle cette place ? A Droite comme le dit Jean-Pierre Raffarin et Hervé Morin ? A Gauche comme le prétend Ségolène Royal ? Nulle part comme le répète François Bayrou (c’est-à-dire un coup à droite, un coup à gauche et vive les présidentielles de 2012 !) ?
Bien sûr, derrière cette question sur la place du Centre il ya évidemment une autre question essentielle : y a-t-il une place pour le Centre ? Cette question qui est sans cesse remise sur le tapis par tous ceux qui affirment que le Centre n’existe pas.
Et puis, il y a ceux qui affirment péremptoirement qu’un Centre n’existe pas mais que tout le monde s’y retrouve pour gouverner ! Ainsi, il n’y aurait qu’une Gauche et une Droite, irresponsables idéologiquement en proposant des programmes irréalisables et responsables politiquement et devant donc gouverner au centre. Mais de Centre, nenni ! Voilà bien une de ces démonstrations fallacieuses qui permet de prétendre que le Centre ne serait qu’un appendice ou un supplétif de la Droite ou de la Gauche, voire un simple parti d’opportunistes en quête de se vendre au plus offrant pour grappiller quelques strapontins éventrés et grinçants.
Alors, cette place du Centre ? La place du Centre mais elle est… au centre, pardi ! Et sa philosophie politique est le Centrisme, pas une idéologie de Droite, ni une de Gauche, ni un mélange indigeste des deux, ni un opportunisme sans aucune originalité propre. La place du Centre est évidemment au centre et, il faut l’ajouter immédiatement dans une posture forte d’indépendance d’autant plus qu’on lui dénie son existence. Le Centre est du Centre et au centre. Une pensée politique n’existe que si elle est indépendante parce qu’elle représente une sensibilité politique qui ne peut se fondre dans une autre pensée. La Gauche ne sera jamais la Droite, le Centre ne sera jamais la Gauche et la Droite ne sera jamais le Centre.
Mais cette constatation n’interdit pas les convergences d’idées et les rapprochements politiques sur des programmes ponctuels voire sur des programmes de gouvernement. D’une parte, parce que nous sommes dans une démocratie où tous les « partis de gouvernement » ou presque partagent le même socle de valeurs. Et puis, d’autre part, ne nous y trompons pas, indépendance ne veut pas dire isolement. Le Centre, pour gouverner, a besoin de faire des alliances comme la Gauche et la Droite. Rien de mal à cela car un parti politique existe pour gouverner, c’est sa fonction première et sa mission. S’il ne peut gouverner seul, il lui faut des partenaires. Un Centre indépendant mais un Centre dans le jeu politique capable de discuter et de nouer des alliances claires. Un Centre indépendant n’est pas un Centre qui ne fait pas d’alliances. Prétendre le contraire c’est vouloir l’asphyxier ou s’en servir comme une arme politique mais non comme une puissance capable de gouverner. Et, ce qui souvent dessert le Centre, ces alliances peuvent exister tant à Droite qu’à Gauche parce que le Centre est un libéralisme social avec certaines de ses idées défendues par la Droite et d’autres par la Gauche. Et l’originalité ontologique du Centre, c’est bien se mélange unique en son genre, celui qui fait que le Centre est un rassembleur car il propose une vraie politique de liberté et de solidarité dans un juste équilibre afin de ne léser personne.
La fameuse place du Centre existe et elle est au centre et du Centre. Cette affirmation est pour ceux qui ne comprennent pas ce qu’est le Centre mais aussi pour tous ceux qui se réclament du Centre. Les Centristes sont souvent déboussolés par les affirmations qui prétendent qu’ils n’existent pas mais ils le sont tout autant par les agissements de certains politiques qui se réclament du Centre. C’est pourquoi la clarification est un enjeu majeur du Centre. Au lieu de jouer un jeu politique peu lisible, il doit affirmer ses valeurs et proposer des alliances s’il en est besoin par rapport à ces valeurs. Tout autre façon de procéder ne peut qu’accréditer l’idée que le Centre n’est rien d’autre qu’un marais où surnagent quelques opportunistes dont certains croient en des couronnements nationaux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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