La prétendante démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton et le républicain John McCain sont d'accord sur au moins un point: mettre en cause la crédibilité du troisième présidentiable Barack Obama en matière de politique étrangère. Accusé tour à tour d'être "naïf" ou "va-t-en guerre" et, dans tous les cas, "inexpérimenté", le candidat démocrate Barack Obama n'a pourtant pas l'intention de mettre cet aspect de son programme sous le boisseau. Ses propositions sont en rupture sur de nombreux points avec la politique étrangère américaine classique. C'est même "la critique la plus radicale" de la politique suivie "depuis des décennies" par un candidat sérieux au poste de président, estime Spencer Ackerman dans le numéro daté du mois d'avril du magazine progressiste American Prospect. Cette "radicalité" ne convainc pas encore. Les sondages montrent que M. Barack Obama est derrière ses rivaux quand on interroge les Américains sur les capacités de chacun des candidats à être commandant en chef. Selon un diplomate occidental s'exprimant sous couvert de l'anonymat, les militaires font davantage confiance à Mme Hillary Clinton qu'à M. Obama pour assumer le commandement en chef des forces armées. M. Obama est une "colombe" affirment ceux qui l'entendent parler de l'Irak. C'est un "faucon" peuvent affirmer les mêmes après avoir entendu M. Obama parler d' Al-Qaïda . Défendant l'idée d'un retrait des soldats américains d'Irak dans un délai de 16 mois, il suggère de ne laisser sur place qu'un contingent chargé de protéger les civils américains et de lutter contre Al-Qaïda. Mais M. Obama ne se contente pas de réclamer un retrait des troupes américaines d'Irak. "Je ne veux pas simplement mettre fin à la guerre. Je veux mettre fin à l'état d'esprit qui nous conduit d'abord à choisir la guerre", a-t-il dit lors d'un débat télévisé avec Mme Clinton. Dans un long texte publié en juillet dans la revue Foreign Affairs, M. Obama expliquait que si les Etats-Unis ne doivent pas renoncer à faire usage de la force, "ils ne devraient pas hésiter à parler directement avec l'Iran". Il a également proposé de parler directement avec les dirigeants cubains ou nord-coréens. Cette proposition a provoqué l'émoi de ses adversaires qui ont dénoncé sa "naïveté" et l'ont accusé de vouloir donner un blanc-seing aux pires dictateurs de la planète. Quand M. Obama a évoqué la possibilité de bombarder des cibles d'Al-Qaïda au Pakistan, il s'est vu accusé d'être un "va-t-en guerre" prêt à bombarder un pays allié des Etats-Unis dans sa guerre contre le terrorisme. Pour mettre en œuvre cette politique, M. Obama s'est entouré d'une équipe aguerrie. Parmi ses partisans figurent Zbigniew Brzezinski et Anthony Lake, anciens conseillers à la Sécurité nationale sous Jimmy Carter et Bill Clinton. Spécialiste de l'Afrique et ancienne membre de l'administration Clinton, Susan Rice est une de ses principales conseillères en politique étrangère. Lors d'une récente conférence au Council of Foreign Relations, Mme Rice (sans lien de parenté avec l'actuelle secrétaire d'Etat Condoleezza Rice), a résumé les autres propositions de M. Obama: envoyer plus de troupes en Afghanistan et exiger des Européens un engagement militaire plus fort, remettre à plat les projets de défense antimissile en Europe, lutter contre la pauvreté, qui va de pair avec la lutte contre le terrorisme. Sur d'autres points importants comme le conflit israélo-palestinien, M. Obama se présente -comme ses concurrents- comme un ami d'Israël et propose de poursuivre l'isolement du Hamas dans la bande de Gaza. Mais la fermeté des convictions de M. Obama a été mise en doute après la "gaffe" d'une de ses conseillères en politique étrangère -qui a démissionné depuis- et qui avait affirmé qu'en Irak, le retrait ne pourrait peut-être pas être aussi rapide qu'annoncé.