samedi 22 mars 2008

Une Semaine en Centrisme. Le Mouvement démocrate, parti opportuniste et/ou parti de l'individu-roi?

La stratégie municipale du Mouvement démocrate peut être décrite de deux manières. Une manière « old school » qui fait penser aux plus mauvaises heures des alliances opportunistes de la III° et de la IV° République et de la politique italienne depuis 60 ans (voir la raison de la prochaine élection législative anticipée en Italie suite à la défection d’un groupuscule) où l’on se tourne vers le plus offrant afin d’obtenir des strapontins voire plus. Une manière « postmoderne » où l’on fait son marché en s’alliant, à l’envie, avec n’importe qui, celui qui vous est le plus sympathique, le moins antipathique, celui qui peut vous en donner le plus, celui qui est le plus « bankable », etc. dans une stratégie d’individualisme absolu. Dans cette vision, le Mouvement démocrate n’est en fait qu’un agrégat d’individualistes qui a chacun sa vision politique et qui revendique son « moi je » total cher à la jeunesse depuis les années 80 et donc aux bobos d’aujourd’hui.
Si c’est cela, et cela y ressemble beaucoup, cela n’a plus beaucoup à voir avec le Centrisme tel que nous le définissons ici et que le définissent de nombreux auteurs plus férus de fonds que de salades électorales ou de visions individualistes. Cela n’a plus rien à voir à la Démocratie chrétienne, famille dont est issu François Bayrou, où l’on est une personne dans une communauté au lien social fort et non un individu dans une société basée uniquement sur « chacun fait ce qu’il lui plaît » dans la sphère sociale.
Rappelons que le Mouvement démocrate n’a obtenu que 4% des voix et monnaye à droite et à gauche son désistement et son intégration dans des listes en vue du second tour afin d’obtenir plus que ce à quoi il aurait pu prétendre. Bien évidemment, peut-être qu’au soir de ce deuxième tour, cette stratégie sera un fiasco et les manchettes vendeuses des journaux qui ne parlent que de ce marchandage (et qui rappellent celles de la peopolisation sarkozienne…) nous paraîtront ridicules. Néanmoins, il restera la stratégie.
François Bayrou veut devenir Président de la république depuis que ce farceur de François Mitterrand lui a soufflé à l’oreille qu’il en a l’étoffe. Tout est donc bon pour lui pour exister alors qu’électoralement il ne représente – si l’on prend les résultats de la présidentielle – que moins de 20% des électeurs. Il est dans une stratégie de communication qui n’est pas très pointue mais qui donne des résultats, stratégie que tous les « trublions » de la politique utilisent aujourd’hui de Nicolas Sarkozy contre Jacques Chirac à Barack Obama contre Hillary Clinton en passant par François Bayrou contre Nicolas Sarkozy… Il faut s’opposer à celui qui est en place ou qui représente soi-disant l’establishment en promettant un « changement », changement qui est tellement peu concret que l’on n’en connaît pas la teneur.
Que François Bayrou obtienne le poste qu’il convoite est fort possible au vu des nouvelles donnes électorales et des discours politiques qui touchent les électeurs (rappelons-nous ici l’inconsistance de celui de Ségolène Royal qui surfait, quand elle était en tête dans les sondages, sur des idées tellement vagues qu’elle pouvait prétendre être d’accord avec tout le monde !).
Reste que François Bayrou prétendait voici deux ans sortir le Centre de sa stratégie opportuniste, de le rendre indépendant totalement des autres partis et de proposer de reconstruire un lien social fort qui est l’apanage du Centrisme. Force est de constater, actuellement, qu’il est un opportuniste qui s’allie tantôt avec l’UMP (Bordeaux), tantôt avec le PS (Marseille), tantôt avec les communistes (Dijon) tout, en créant un parti postmoderne qui est en train de casser ce qui reste du lien social… Et le Centre dans tout cela ? Bonne question à laquelle François Bayrou avait répondu lors de la campagne présidentielle en déclarant qu’il n’avait jamais était du Centre. Drôle d’idée de vouloir faire gagner le Centre tout en n’en étant pas !


Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC