Voici le texte de Gérard Courtois dans Le Monde.
« Il rêvait d'être roi de France et de Navarre. C'était il y a un an, durant ces folles semaines de février et mars 2007, quand affluaient vers lui des cohortes de jeunes convertis, bluffés par son audace et emballés par son absolue conviction que l'heure du centre était venue. Les sondages affolés lui faisaient miroiter, alors, de passer la barre des 20% au premier tour de la présidentielle. Il se croyait en mesure de menacer la candidate socialiste, après quoi tous les espoirs seraient permis, contre toute attente, hors la sienne. Il y a un an, donc, François Bayrou caressait son panache national avec une jubilation non dissimulée. Il rêvait à voix haute de l'Elysée.
La chute est, aujourd'hui, extrêmement brutale : la mairie de Pau ne lui sera même pas accordée en lot de consolation. Il voulait démontrer, envers et contre tous, que la voie nouvelle préconisée pour la France pouvait au moins déplacer les lignes au cœur de son Béarn natal. C'eût été une honorable – et utile – base de repli, comme le signe que sa cavalcade des dernières années n'avait pas été totalement donquichottesque et vaine. Pour moins de 400 voix, les électeurs palois en ont décidé autrement, au terme du second tour des municipales et d'une triangulaire aux allures de coupe-gorge.
Le 22 avril 2007, pourtant, François Bayrou a presque réussi son pari, celui de tous les centristes français depuis un demi-siècle : bousculer les lignes, desserrer l'étau des deux grands camps qui dominent la vie politique française et s'en partagent le gouvernement, récuser à la fois la droite et la gauche. Bref, faire émerger une nouvelle force qui prendrait ce qu'il y a de meilleur chez chacun : le libéralisme économique de la droite, en moins sauvage, la préoccupation sociale de la gauche, en plus tolérant, sur fond d'institutions modernisées et d'engagement européen réaffirmé.
Avec 18,5 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle, il fait mieux, ce jour-là, que ses devanciers, mieux que les 15,5 % de Jean Lecanuet en 1965 et les 16,5 % de Raymond Barre en 1988. Résultat encourageant, inespéré même, puisqu'il triple quasiment son score de 2002 et impose ses électeurs en arbitres du second tour. Mais dès le lendemain, l'implacable logique bipolaire de la Ve République a effacé le mirage du centre. Sommé par la droite de soutenir Nicolas Sarkozy, il s'y est refusé pour préserver le capital d'indépendance qu'il avait accumulé depuis 2002 en refusant de rejoindre puis en se démarquant franchement de l'UMP. Invité par Ségolène Royal à passer une alliance avec elle, il n'a pas osé franchir le Rubicon.
Les conséquences de cette neutralité ombrageuse ont été immédiates : une grosse majorité de ses électeurs ont rejoint le bercail traditionnel de la droite ; quant à la plupart de la trentaine de députés qui l'avaient suivi jusque-là, ils ont préféré arrêter les frais – la menace de l'UMP de leur faire perdre leur siège aux législatives de juin a eu raison de leur audace. Au soir de ces législatives, l'Assemblée nationale ne comptait plus que trois centristes indépendants (dont M. Bayrou), tous les autres ayant rallié la majorité pour constituer le"Nouveau Centre" et grappiller quelques maroquins ministériels.
A ce moment-là, déjà, l'aventure de François Bayrou est symptomatique de l'impasse dont n'arrive pas à sortir le centrisme français depuis 1958. En effet, le mode de scrutin législatif uninominal à deux tours, puis l'instauration en 1962 de l'élection présidentielle au suffrage universel à deux tours ont progressivement structuré la vie politique autour des deux grandes coalitions, plus ou moins composites, de la gauche et de la droite. Toutes les tentatives pour installer durablement une troisième force ont tourné court.
Dans les années 1960 et 1970, l'affrontement droite-gauche est trop radical pour laisser, dans l'entre-deux, le moindre espace significatif. Le Centre démocrate, créé par Jean Lecanuet après la présidentielle de 1965, résistera moins d'une décennie : une partie de ses troupes rejoint Georges Pompidou dès 1969 et l'autre Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Le centre tombe où il penchait, à droite. Le paysage et les esprits évoluent dans les années 1980 et 1990 : l'exercice du pouvoir par la gauche, l'effacement du Parti communiste, l'émergence d'une extrême droite vindicative et les cohabitations à répétition vont progressivement conduire les deux grands partis de gouvernement (RPR et PS) sur la voie d'une plus grande modération. Mais du même coup, priver un centre autonome de tout espace idéologique significatif.
C'est cette tenaille que François Bayrou s'efforce de desserrer depuis une dizaine d'années. Jusqu'à présent sans succès, hormis son coup d'éclat à la présidentielle. Il a eu beau abandonner le vieux costume de l'UDF pour fonder le Mouvement démocrate (MoDem) en décembre 2007, cela ne lui a pas redonné davantage d'oxygène politique.
Les élections locales viennent d'en faire la cruelle démonstration. Certes, François Bayrou peut se targuer d'avoir ébranlé des alliances intangibles depuis plus de trente ans : la stratégie d'union de la gauche fixée par le Parti socialiste au congrès d'Epinay avait, au début des années 1970, coupé court aux alliances socialo-centristes en vigueur jusque-là dans de nombreuses villes. Le MoDem vient de rouvrir cette frontière : avant même le premier tour des municipales dans des villes comme Dijon, Grenoble, Montpellier ou Roubaix, entre les deux tours à Marseille ou Lille, par exemple. Mais dans le même temps, à Bordeaux ou Arras, Biarritz ou Epinay-sur-Seine, les centristes se sont alliés avec la droite, tandis qu'ailleurs ils constituaient des listes autonomes. Cette confusion a brouillé les cartes, au point de faire rimer centrisme avec opportunisme.
Certes, aussi, les candidats et les électeurs du centre ont été les arbitres du second tour dans de nombreuses villes, mais à un niveau électoral beaucoup trop faible (3,7% dans les villes de plus de 3500 habitants) pour lui permettre de s'ancrer solidement dans le paysage. Dès lors, les maigres forces bayrouistes risquent fort de se retrouver vassalisées par la gauche ou par la droite dont elles voulaient, précisément, s'émanciper.
Privé de troupes à l'Assemblée et peut-être demain au Palais du Luxembourg (où la petite trentaine de sénateurs qui l'ont soutenu jusque-là pourraient bien, demain, prendre leurs distances), privé de relais municipaux suffisants, affaibli par son propre échec à Pau, François Bayrou est plus seul que jamais. Il ne lui reste que sa voix, la certitude de son"destin" et la trace de l'espoir qu'il avait fait naître chez beaucoup il y a un an. Maigre viatique pour traverser le désert qui le sépare de la prochaine élection présidentielle.
© Le Monde 2008
Site politique sur le Centre et le Centrisme
mardi 18 mars 2008
Actualités du Centre. Municipales 2008 La défaite du Mouvement démocrate et de la stratégie de François Bayrou
Voici l’analyse de l’Express sur la défaite de François Bayrou et du Mouvement démocrate aux municipales.
Dans sa traversée du désert, Pau ne sera pas son oasis. Au soir du second tour des municipales, le nom de François Bayrou est venu s’ajouter à la liste des personnalités battues. Même à 342 voix près, un échec reste un échec. Le 16 mars, la gauche a triomphé nationalement, mais celui qui se veut le premier opposant à Nicolas Sarkozy a perdu. La droite a sombré, mais le patron du MoDem lui a offert, lors d’un dimanche lugubre, sa meilleure nouvelle : sa propre défaite.
Cette fois-ci, contrairement à la présidentielle de l’an passé, François Bayrou avait accepté d’envisager avec ses proches, avant l’élection, ce qu’il devait faire en cas de désaveu. Sa réponse : ne rien changer. Les deux fondamentaux qui font selon lui un parti – un leader (lui-même) et une stratégie (l’alliance avec les républicains de gauche comme de droite) – sortent pourtant très abîmés de ces municipales. « Il prétend être président de la République et il n’est même pas capable de se faire élire maire face à une candidate peu charismatique », ironise le député PS Pierre Moscovici.
Cap sur la présidentielle de 2012!
L’autonomie et/ou les accords passés souvent avec le PS, parfois avec l’UMP, ont donné au final peu d’élus : un seul à Paris, aucun à Strasbourg ou à Lyon. La victoire à Mont-de-Marsan ne changera rien à l’affaire. « Il y aura une explication de gravure », promet Michel Mercier, qui a démissionné durant la campagne de ses fonctions de président de la fédération du Rhône. « Bayrou va s’effondrer », pronostique Hervé Morin, sûr de récupérer, au profit de son Nouveau Centre, nombre des cadres locaux du MoDem.
Même pas mort ! Cap, encore et toujours, sur la présidentielle de 2012 ! L’ex-troisième homme de 2007 va désormais s’atteler à la reconstruction d’une formation politique digne de ce nom. En regardant sur sa gauche et sur sa droite, François Bayrou est convaincu qu’il reste un chemin pour sa destinée. « Le congrès du Parti socialiste tournera autour de nous, imagine-t-il.
La question des alliances est la question qui se pose à toute la gauche européenne. Soit il y aura une explosion entre les partisans d’une alliance avec l’extrême gauche et ceux qui la souhaitent avec le MoDem ; soit il y aura une compétition entre le PS et moi. » Et la liste de ses présidentiables n’est pas pour l’inquiéter. Strauss-Kahn ? « On ne peut pas être le président du FMI et le candidat du PS à l’Elysée. » Delanoë ? « Je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose d’intéressant sur le pays. » Royal ? « Elle ne sera jamais présidente : non en raison de ce qu’elle fait, mais de ce qu’elle est. » Hollande ? « Il est le plus dense. Mais il n’a toujours pas fait sa mue. »
Les gens lui disent: "La prochaine fois…"
L’observation des dix premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy ne le fait pas plus douter. « J’ai toujours dit que cela n’irait pas au niveau de l’éthique et de l’esthétique », confie celui qui avait indiqué entre les deux tours qu’il « ne voterait pas » pour le président de l’UMP. Il y a tant et tant qui le sépare de lui depuis si longtemps : « Je me souviens qu’en 1994, autour de la table d’Edouard Balladur, Sarkozy rebaptisait Juppé “Juppette”. Quelle mesquinerie ! » Et puis, sur les routes de France, il raconte croiser tellement de gens qui lui chuchotent à l’oreille : « La prochaine fois… »
Un soir, attablée à une table paloise, Claude Della, une de ses colistières, lui avait glissé une conviction tirée de son expérience d’orthophoniste : « La première fois qu’un événement se répète, c’est un hasard ; la deuxième, une coïncidence ; la troisième, un schéma. » François Bayrou espère réussir à lui montrer un jour qu’il n’est pas qu’un homme de défaites.
© L’Express 2008
Dans sa traversée du désert, Pau ne sera pas son oasis. Au soir du second tour des municipales, le nom de François Bayrou est venu s’ajouter à la liste des personnalités battues. Même à 342 voix près, un échec reste un échec. Le 16 mars, la gauche a triomphé nationalement, mais celui qui se veut le premier opposant à Nicolas Sarkozy a perdu. La droite a sombré, mais le patron du MoDem lui a offert, lors d’un dimanche lugubre, sa meilleure nouvelle : sa propre défaite.
Cette fois-ci, contrairement à la présidentielle de l’an passé, François Bayrou avait accepté d’envisager avec ses proches, avant l’élection, ce qu’il devait faire en cas de désaveu. Sa réponse : ne rien changer. Les deux fondamentaux qui font selon lui un parti – un leader (lui-même) et une stratégie (l’alliance avec les républicains de gauche comme de droite) – sortent pourtant très abîmés de ces municipales. « Il prétend être président de la République et il n’est même pas capable de se faire élire maire face à une candidate peu charismatique », ironise le député PS Pierre Moscovici.
Cap sur la présidentielle de 2012!
L’autonomie et/ou les accords passés souvent avec le PS, parfois avec l’UMP, ont donné au final peu d’élus : un seul à Paris, aucun à Strasbourg ou à Lyon. La victoire à Mont-de-Marsan ne changera rien à l’affaire. « Il y aura une explication de gravure », promet Michel Mercier, qui a démissionné durant la campagne de ses fonctions de président de la fédération du Rhône. « Bayrou va s’effondrer », pronostique Hervé Morin, sûr de récupérer, au profit de son Nouveau Centre, nombre des cadres locaux du MoDem.
Même pas mort ! Cap, encore et toujours, sur la présidentielle de 2012 ! L’ex-troisième homme de 2007 va désormais s’atteler à la reconstruction d’une formation politique digne de ce nom. En regardant sur sa gauche et sur sa droite, François Bayrou est convaincu qu’il reste un chemin pour sa destinée. « Le congrès du Parti socialiste tournera autour de nous, imagine-t-il.
La question des alliances est la question qui se pose à toute la gauche européenne. Soit il y aura une explosion entre les partisans d’une alliance avec l’extrême gauche et ceux qui la souhaitent avec le MoDem ; soit il y aura une compétition entre le PS et moi. » Et la liste de ses présidentiables n’est pas pour l’inquiéter. Strauss-Kahn ? « On ne peut pas être le président du FMI et le candidat du PS à l’Elysée. » Delanoë ? « Je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose d’intéressant sur le pays. » Royal ? « Elle ne sera jamais présidente : non en raison de ce qu’elle fait, mais de ce qu’elle est. » Hollande ? « Il est le plus dense. Mais il n’a toujours pas fait sa mue. »
Les gens lui disent: "La prochaine fois…"
L’observation des dix premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy ne le fait pas plus douter. « J’ai toujours dit que cela n’irait pas au niveau de l’éthique et de l’esthétique », confie celui qui avait indiqué entre les deux tours qu’il « ne voterait pas » pour le président de l’UMP. Il y a tant et tant qui le sépare de lui depuis si longtemps : « Je me souviens qu’en 1994, autour de la table d’Edouard Balladur, Sarkozy rebaptisait Juppé “Juppette”. Quelle mesquinerie ! » Et puis, sur les routes de France, il raconte croiser tellement de gens qui lui chuchotent à l’oreille : « La prochaine fois… »
Un soir, attablée à une table paloise, Claude Della, une de ses colistières, lui avait glissé une conviction tirée de son expérience d’orthophoniste : « La première fois qu’un événement se répète, c’est un hasard ; la deuxième, une coïncidence ; la troisième, un schéma. » François Bayrou espère réussir à lui montrer un jour qu’il n’est pas qu’un homme de défaites.
© L’Express 2008
Actualités du Centre. Municipales 2008 Fort revers électoral pour le MoDem
Voici l’analyse du Nouvel Observateur sur la défaire du Mouvement démocrate.
Le parti de François Bayrou, qui a essuyé une défaite à Pau, ne conserve qu'un seul conseiller de Paris contre 10 auparavant. Seule conquête d'une ville de plus de 30.000 habitants : Mont-de-Marsan.
Le premier test électoral du Mouvement démocrate s'est soldé, dimanche 16 mars au soir, par la défaite de son président François Bayrou à Pau et par la quasi disparition des représentants du MoDem au conseil de Paris.
Ces résultats, qui éclipsent largement la conquête de Mont-de-Marsan et la réélection de plusieurs maires sortants, constituent un échec personnel pour le leader centriste, très isolé depuis sa troisième place à la présidentielle de 2007, et qui espérait faire de Pau un tremplin pour ses ambitions nationales.
Ils pourraient aussi mettre à mal l'unité de son nouveau parti, officiellement fondé en décembre 2007, dont la stratégie d'alliances à la carte entre les deux tours a suscité des dissensions internes.
Une "image complètement gâchée"
"Plus personne ne sait où on habite", regrette ainsi le député européen Thierry Cornillet, qui déplore une "image complètement gâchée" et a annoncé dimanche soir son intention de créer "au sein du MoDem un courant résolument de centre droit".
Avec 38,81% des voix, le député des Pyrénées-Atlantiques a été battu sur ses terres de Pau de moins d'un point par la liste de la socialiste Martine Lignières-Cassou, le maire sortant Yves Urieta (ex-PS), soutenu par l'UMP, étant largement distancé (21,42%).
A Paris, le MoDem ne conserve qu'un siège au Conseil de Paris, celui de sa chef de file dans la capitale, Marielle de Sarnez, comparé à dix sièges dans la précédente mandature.
Les listes MoDem à Paris avaient réalisé au premier tour un score moyen de 9,06% et, faute d'un accord électoral avec le maire PS sortant Bertrand Delanoë, qui n'avait pas répondu aux appels de Marielle de Sarnez, s'étaient maintenues dans trois arrondissements, tout en se sachant menacées par le mode de scrutin.
"Coup de balancier"
Dans sa première réaction, François Bayrou a évoqué pour Pau "le résultat d'une manœuvre dont tout le monde connaît l'inspiration et les détails". Allusion à Nicolas Sarkozy qui, selon le MoDem, avait personnellement piloté le soutien à Yves Urieta afin de barrer la route au "troisième homme" de la présidentielle, déjà très affaibli depuis l'échec de son parti aux législatives.
"A moins de dix mois d'intervalle, coup de balancier à droite, coup de balancier à gauche": pour François Bayrou, les résultats nationaux des municipales témoignent cependant d'une "instabilité de la vie politique française" qui nécessite plus que jamais de construire en France "un centre fort, stable".
Visiblement déçu mais combatif, il a également blâmé le mode de scrutin, fustigeant une "loi électorale qui (...) empêche la juste représentation" des petits partis.
Victoires dans de plus petites municipalités
Le parti centriste a perdu les mairies d'Anglet et de Noisy-le-Sec, prise par les socialistes.
Il a effectué une seule conquête dans les villes de plus de 30.000 habitants: Mont-de-Marsan, où sa candidate a battu le maire PS sortant.
Il peut également se consoler avec des victoires dans des villes plus petites, comme Paimpol, L'Aigle (Orne) et Saint Leu (La Réunion).
Des maires sortants ont été réélus, à Saint-Brieuc, Biarritz et Talence.
D'autres l'avaient été dès le premier tour, à Arras, Montigny-le-Bretonneux, Epinay-sur-Seine, Hérouville-Saint-Clair, Ville d'Avray et Le-Plessis-Trevise.
Le MoDem a commencé, lors de cette élection, à tisser un réseau de conseillers municipaux. Mais là encore, le résultat est probablement en deçà de ses ambitions puisque des listes avec lesquelles il avait fusionné au second tour ont perdu, comme celle du candidat PS à Marseille et celle du maire sortant apparenté UMP à Toulouse.
© Le Nouvel Observateur 2008
Le parti de François Bayrou, qui a essuyé une défaite à Pau, ne conserve qu'un seul conseiller de Paris contre 10 auparavant. Seule conquête d'une ville de plus de 30.000 habitants : Mont-de-Marsan.
Le premier test électoral du Mouvement démocrate s'est soldé, dimanche 16 mars au soir, par la défaite de son président François Bayrou à Pau et par la quasi disparition des représentants du MoDem au conseil de Paris.
Ces résultats, qui éclipsent largement la conquête de Mont-de-Marsan et la réélection de plusieurs maires sortants, constituent un échec personnel pour le leader centriste, très isolé depuis sa troisième place à la présidentielle de 2007, et qui espérait faire de Pau un tremplin pour ses ambitions nationales.
Ils pourraient aussi mettre à mal l'unité de son nouveau parti, officiellement fondé en décembre 2007, dont la stratégie d'alliances à la carte entre les deux tours a suscité des dissensions internes.
Une "image complètement gâchée"
"Plus personne ne sait où on habite", regrette ainsi le député européen Thierry Cornillet, qui déplore une "image complètement gâchée" et a annoncé dimanche soir son intention de créer "au sein du MoDem un courant résolument de centre droit".
Avec 38,81% des voix, le député des Pyrénées-Atlantiques a été battu sur ses terres de Pau de moins d'un point par la liste de la socialiste Martine Lignières-Cassou, le maire sortant Yves Urieta (ex-PS), soutenu par l'UMP, étant largement distancé (21,42%).
A Paris, le MoDem ne conserve qu'un siège au Conseil de Paris, celui de sa chef de file dans la capitale, Marielle de Sarnez, comparé à dix sièges dans la précédente mandature.
Les listes MoDem à Paris avaient réalisé au premier tour un score moyen de 9,06% et, faute d'un accord électoral avec le maire PS sortant Bertrand Delanoë, qui n'avait pas répondu aux appels de Marielle de Sarnez, s'étaient maintenues dans trois arrondissements, tout en se sachant menacées par le mode de scrutin.
"Coup de balancier"
Dans sa première réaction, François Bayrou a évoqué pour Pau "le résultat d'une manœuvre dont tout le monde connaît l'inspiration et les détails". Allusion à Nicolas Sarkozy qui, selon le MoDem, avait personnellement piloté le soutien à Yves Urieta afin de barrer la route au "troisième homme" de la présidentielle, déjà très affaibli depuis l'échec de son parti aux législatives.
"A moins de dix mois d'intervalle, coup de balancier à droite, coup de balancier à gauche": pour François Bayrou, les résultats nationaux des municipales témoignent cependant d'une "instabilité de la vie politique française" qui nécessite plus que jamais de construire en France "un centre fort, stable".
Visiblement déçu mais combatif, il a également blâmé le mode de scrutin, fustigeant une "loi électorale qui (...) empêche la juste représentation" des petits partis.
Victoires dans de plus petites municipalités
Le parti centriste a perdu les mairies d'Anglet et de Noisy-le-Sec, prise par les socialistes.
Il a effectué une seule conquête dans les villes de plus de 30.000 habitants: Mont-de-Marsan, où sa candidate a battu le maire PS sortant.
Il peut également se consoler avec des victoires dans des villes plus petites, comme Paimpol, L'Aigle (Orne) et Saint Leu (La Réunion).
Des maires sortants ont été réélus, à Saint-Brieuc, Biarritz et Talence.
D'autres l'avaient été dès le premier tour, à Arras, Montigny-le-Bretonneux, Epinay-sur-Seine, Hérouville-Saint-Clair, Ville d'Avray et Le-Plessis-Trevise.
Le MoDem a commencé, lors de cette élection, à tisser un réseau de conseillers municipaux. Mais là encore, le résultat est probablement en deçà de ses ambitions puisque des listes avec lesquelles il avait fusionné au second tour ont perdu, comme celle du candidat PS à Marseille et celle du maire sortant apparenté UMP à Toulouse.
© Le Nouvel Observateur 2008
Actualités du Centre. Municipales 2008 L’UMP doit s’ouvrir au centre selon Jean-Pierre Raffarin
L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, vice-président de l'UMP, a estimé lundi que le gouvernement devait "corriger le tir sur un certain nombre de points" après la défaite de la majorité aux municipales et cantonales. "Nous devons infléchir un certain nombre d'axes de notre politique" et "le gouvernement doit corriger le tir sur un certain nombre de points", a déclaré M. Raffarin sur LCI. Il a notamment jugé que le rapport Attali sur la libéralisation de la croissance "avait été une cause d'échec" pour la majorité "parce qu'on a parlé de réformes en faisant peur sans parler des résultats". "Je crois qu'on parle trop des réformes et pas assez des progrès (...) Il faut parler des résultats", a ajouté l'ancien Premier ministre. "Je crois qu'il y a une certain nombre de sujets sur lesquels il faut modifier le discours gouvernemental, je pense qu'il y a un certain nombre de politiques qui ont été oubliées", a-t-il poursuivi. Selon M. Raffarin, "il faut parler de la politique de l'emploi" qui a été "oubliée pendant neuf mois" évoquant également l'aménagement du territoire. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, a estimé lundi que l'UMP était "trop à droite" et qu'elle devait "s'ouvrir au centre" après "la disparition" du président du Mouvement Démocrate François Bayrou. "Le fait que François Bayrou sorte d'un certaine manière du jeu politique aujourd'hui nous donne une responsabilité nouvelle. Nous devons parler à l'électorat centriste. Il est clair que les victoires de l'UMP dans l'avenir ne se feront pas contre le centre", a déclaré le vice-président de l'UMP sur LCI. "L'UMP est trop à droite aujourd'hui, l'UMP doit s'ouvrir au centre", a-t-il ajouté. "Il est clair aujourd'hui que la disparition de François Bayrou appelle la majorité présidentielle à se réorganiser, il nous faut un pôle du centre fort", a-t-il insisté. M. Bayrou, candidat à la mairie de Pau, a été battu dimanche par le PS. Selon M. Raffarin, "c'est à l'UMP et à son allié du Nouveau centre à répondre à ce que François Bayrou a proposé sans pouvoir lui-même y répondre". Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Jean-François Copé a réclamé lundi après la défaite de la majorité, "plus de lisibilité" dans le programme de réformes du gouvernement, demandant également que les parlementaires soient davantage associés à celles-ci. Pour beaucoup de Français "la feuille de route" du gouvernement "n'est pas encore réalisée", a-t-il relevé sur Europe 1 réclamant "plus de lisibilité" dans le programme des réformes à venir. "Sur cette feuille de route, il faut qu'on voit bien lisiblement ce que nous avons à faire pour cette année 2008", a-t-il dit. "Parmi les leçons à tirer" du scrutin et "outre le fait qu'il faut continuer les réformes, je pense que nous les députés de l'UMP on devra être associés plus en amont désormais à la fabrication de ces réformes", a déclaré M. Copé. "De ce côté-là, il y a une méthode à moderniser", a ajouté le député-maire de Meaux réélu au premier tour des municipales. Le secrétaire général adjoint de l'UMP Dominique Paillé a jugé lundi que si les élections municipales et cantonales n'ont pas abouti à "une victoire", elles sont "loin d'être une déroute" pour la droite qui a échappé, selon lui, au "scénario catastrophe" envisagé par l'UMP. "Ce n'est pas une victoire mais c'est loin d'être une déroute. Le scénario catastrophe incluait la perte de grandes villes qui sont fort heureusement restées dans le giron de la droite : Marseille, Le Havre et quelques autres", a déclaré M. Paillé sur I-télé. "Ce n'est pas une victoire. C'est même une poussée de la gauche qui nous conduit à un résultat qui est un résultat décevant par rapport à nos espoirs mais malgré cela, c'est loin d'être une déroute", a-t-il insisté. En ce qui concerne l'échec du président du MoDem François Bayrou à Pau, ce n'est en rien "un soulagement", a assuré M. Paillé. "C'est un non-événement", a-t-il affirmé expliquant toutefois qu'il ne "comprenait pas le cheminement politique" du leader du MoDem. M. Bayrou "a reçu un avertissement très fort". "C'est sans doute de la part de l'électorat une demande de clarification urgente de sa position", a-t-il ajouté. Selon Dominique Paillé, qui s'est appuyé sur un sondage paru dans Le Parisien lundi, les Français ont fait leurs choix d'abord en fonction de "critères locaux" et non par opposition à la politique du gouvernement. "Nous allons remettre sur le métier un certain nombre de réformes", a-t-il ajouté, en évoquant "six ou sept" dont celle de l'Etat. Interrogé sur son éventuelle entrée au gouvernement à l'occasion d'un remaniement, M. Paillé a affirmé d'être "demandeur de rien". "C'est une décision qui appartient au président de la République", a-t-il rappelé.
Actualités du Centre. Municipales 2008 Les résultats du second tour
I: 12.355.906
V: 7.655.680 61,96%
E: 7.419.351 60,05%
Abs: 4.700.226 38,04%
Extrême gauche : 15.215 0,21%
Parti communiste : 114.778 1,55%
Union de la gauche : 1.789.636 24,12%
Parti socialiste : 742.680 10,01%
Verts : 38.843 0,52%
Divers gauche : 620.578 8,36%
Gauche-centristes : 320.033 4,31%
Divers : 47.877 0,65%
Régionalistes : 23.957 0,32%
Centre-MoDem : 154.849 2,09%
Majorité-centristes : 469.783 6,33%
Majorité : 1.981.480 26,71%
Divers droite : 1.074.521 14,48%
Front national : 21.181 0,29%
Extrême droite : 3.940 0,05%
V: 7.655.680 61,96%
E: 7.419.351 60,05%
Abs: 4.700.226 38,04%
Extrême gauche : 15.215 0,21%
Parti communiste : 114.778 1,55%
Union de la gauche : 1.789.636 24,12%
Parti socialiste : 742.680 10,01%
Verts : 38.843 0,52%
Divers gauche : 620.578 8,36%
Gauche-centristes : 320.033 4,31%
Divers : 47.877 0,65%
Régionalistes : 23.957 0,32%
Centre-MoDem : 154.849 2,09%
Majorité-centristes : 469.783 6,33%
Majorité : 1.981.480 26,71%
Divers droite : 1.074.521 14,48%
Front national : 21.181 0,29%
Extrême droite : 3.940 0,05%
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