L’année 2008 sera, avant tout, l’année Barack Obama même si la crise économique et financière mondiale aura un peu éclipsé la victoire historique du premier « noir » (Barack Obama est métis) à l’élection présidentielle américaine. Au niveau politique, Barack Obama est un centriste qui semble vouloir appliquer un centrisme dynamique dans tous les domaines de la politique, de l’économie, du social et du sociétal. Bien évidemment, nous ne savons pas encore comment il va gouverner et si ses promesses seront tenues. Mais, jusqu’à présent, rien ou presque ne permet de penser qu’il ne gouvernera pas comme il l’a annoncé. La première preuve en est la constitution de son équipe. Globalement, elle est totalement centriste. Au-delà de figures centristes bien connues comme Hillary Clinton ou Robert Gates, on trouve des personnalités de gauche et de droite qui s’équilibrent. Surtout, on trouve une ligne directrice qui, comme l’a rappelé le nouveau président, sera celle qu’Obama aura choisie et celle-ci, il l’a réaffirmé de nombreuses fois, sera centriste dans son essence et dans son esprit.
L’élection de Barack Obama a un peu écrasé tous les autres faits de 2008 en relation avec le Centre et le Centrisme. Reste que cette année a été bien terne pour le Centrisme en France. Les élections municipales ont été une Berezina pour le Mouvement démocrate, son président se faisant même battre à Pau sans que cela ne remette curieusement en cause sa place à la tête du parti. Le Nouveau Centre a un peu limité la casse mais surtout grâce à l’UMP et il ne décolle guère dans les sondages. Surtout, il a de la peine à affirmer une indépendance et une originalité qui fonderaient son utilité. Mais le vrai fossoyeur de Centre indépendant demeure celui qui n’arrête pas d’y faire référence quand cela l’arrange, alors qu’il avait prétendu pendant la campagne présidentielle de 2007 n’avoir jamais été un centriste, François Bayrou. Bien évidemment, on comprend sa stratégie et personne ne peut critiquer sa volonté d’être président de la république même si ses chances sont peu importantes au jour d’aujourd’hui et qu’il a du faire imploser un Centre qui commençait à croire à son unité pour se poser en recours face à un Nicolas Sarkozy qui est devenu son obsession et qu’il diabolise 24 heures sur 24. D’un point de vue uniquement centriste, François Bayrou n’a pas rendu service au Centre. Rendra-t-il service à la France ? L’avenir se chargera de la réponse. Mais dans le milieu centriste, les choses évoluent souvent rapidement et les reclassements sont en train de s’effectuer. Ainsi, deux pôles semblent maintenant coexister, un centre-gauche dont le Mouvement démocrate serait le noyau et un centre-droit dont le Nouveau Centre serait l’embryon. Autour d’eux, les Radicaux de gauche, les Progressistes, la Gauche moderne, le Parti radical valoisien et quelques autres formations ou clubs comme ceux de Jean Arthuis ou de Jean-Marie Cavada. Une chose est sûre, l’unité n’est pas à l’ordre du jour pour 2009. Il faudra sans doute attendre la prochaine élection présidentielle de 2012 pour y voir plus clair dans la mouvance centriste.
Dans le monde, le Centrisme ne se porte pas si mal que cela. Il est au pouvoir dans plusieurs pays européens mais aussi sur les quatre autres continents, de la Lituanie à Israël en passant par la Roumanie. Il s’agit parfois de partis de centre-droit ou de centre-gauche mais qui revendiquent leur centrisme. Et, crise économique et financière mondiale oblige, beaucoup de gouvernement plus marqués d’un côté gauche ou d’un côté gauche de l’échiquier, sont obligés de gouverner encore plus au centre que d’habitude. La résurgence des mesures keynésiennes montrent en tout cas que le centrisme économique a encore de beaux jours devant lui…
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Jean Gripari
Chargé du service étranger du CREC
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