vendredi 7 novembre 2008

Une semaine en Centrisme. Barack Obama, président de la rupture et de la réconciliation

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Barack Obama sera-t-il le président de la rupture ou celui de la réconciliation ? Cette question est intéressante car, pour beaucoup, le nouveau président apparaît comme celui de la rupture par rapport aux années Bush et même comme celui qui va initier une nouvelle ère de la politique américaine et même mondiale (ébauchée dans son discours de Berlin), le vrai début du XXI° siècle comme la guerre de 14-18 fut le véritable début du XX° siècle. Mais, pour d’autres, il représente au contraire le président de la réconciliation, celui qui va rapprocher l’Amérique bleue (démocrate) et l’Amérique rouge (républicaine) et qui va permettre au pays de revenir enfin aux préceptes des Pères fondateurs de la démocratie américaine, un pays uni et dirigé par un gouvernement modéré. A ce dilemme, on peut répondre que l’on peut être à la fois le président de la rupture et de la réconciliation et même du retour à l’idéal de la Révolution américaine. Tout dépend en effet de quoi on est la rupture et de quoi on est la réconciliation. N’oublions pas que les huit ans de présidence de George W. Bush ont été ceux des clivages et des divisions clairement assumés par les « nouveaux républicains » emmenés par des hommes comme Newt Gingrich ou Dick Cheney qui ont fait de l’idéologie une arme de combat et qui ont toujours voulu mettre en place une nouvelle Amérique très à droite où la morale politique était un mix détonant de conservatisme religieux et d’ultralibéralisme économique. Dès lors, la rupture est une façon, non seulement de mettre un coup d’arrêt cette dérive idéologique qui oppose plutôt qu’elle ne réunit et de repositionner, dans le même temps, le balancier politique au centre dans une vision de réconciliation et plus d’affrontement. Les paroles et les écrits de Barack Obama vont plus dans ce sens. Cependant, on ne peut oublier que les Etats-Unis ont également besoin de se projeter dans le futur surtout avec la crise économique mais pas seulement. Les nouveaux défis qui préexistaient à cette crise n’ont pas disparu. Inventer un « nouveau monde » est donc une obligation pour créer une nouvelle croissance, avec plus d’emplois et plus respectueuse de l’environnement et de l’être humain au moment où les pays émergents viennent se raccrocher au peloton des pays développés et où les problèmes de ressources naturelles qui se tarissent et de pollution imposent la vision et la mise en place d’une économie basée sur le développement durable (et non sur l’arrêt du progrès). De ce point de vue, Barack Obama incarne la rupture car il a proposé un nouveau développement économique promettant de créer dans les années à venir cinq millions d’emplois dans les secteurs des énergies propres. Tout de suite on voit à nouveau poindre le président de la réconciliation puisque cet énorme chantier ne pourra être mis en œuvre que par la mobilisation de tout le pays avec les Démocrates, les Républicains et les Indépendants dans une sorte d’union nationale qui transcende les clivages partisans. Evidemment, toute cette analyse n’est, pour l’instant, basée que sur des discours de campagne et des écrits programmatiques. Dorénavant, ce sont les actes que l’on va scruter pour savoir si Barack Obama sera cette espèce rare mais que l’on a déjà vu dans l’histoire : un dirigeant de la rupture et de la réconciliation.
Alexandre Vatimbella & Jean Gripari
Directeur du CREC & Chef du département Etats-Unis du CREC

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