Le Nouveau Centre veut porter les idées du Centre et fustige l’opposition systématique du Mouvement démocrate
« Nous avons fait le choix d'être un parti de gouvernement, pour porter les idées du centre, quand d'autres ont choisi l'opposition systématique. » François Sauvadet, le président du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée nationale a rappelé une fois de plus le choix qu’avaient fait les députés et les sénateurs qui avaient quitté François Bayrou entre les deux tours de l’élection présidentielle tout en fustigeant à nouveau la posture d’éternel opposant à Nicolas Sarkozy qu’a endossé François Bayrou singeant une nouvelle fois François Mitterrand et son opposition au Général de Gaulle. Cette déclaration a eu lieu lors d’un Conseil national du Nouveau Centre consacré à l’économie. Une vingtaine de propositions ont été faites lors de cette réunion sous la forme de « recommandations pour une croissance forte et solidaire ». C’est le secrétaire national à l’économie du parti, Christian Saint-Etienne et ancien conseiller de François Bayrou lors de la dernière élection présidentielle qui les a détaillées en affirmant qu’elle voulaient démontrer que le Nouveau Centre n’était pas « un centre mou ».
Dans ce document qui sera soumis au débat dans les fédérations, le Nouveau Centre a recommandé de « s'assurer que les plus riches contribuent à l'impôt sur le revenu », en sortant du bouclier fiscal la CSG et les impôts locaux sur l'habitation. Très axées sur les PME et les collectivités territoriales, les propositions portent également sur un grand emprunt de 60 milliards d'euros, garanti par l'Etat, « pour orienter l'épargne populaire vers le financement des PME ». Le Nouveau Centre suggère également des « emplois chance » (possibilité pour toute entreprise de moins de 20 salariés d'embaucher trois personnes sans charges sociales pendant trois ans, hormis les cotisations retraite), une proposition qui rappelle les « deux emplois sans charges » de la campagne présidentielle de François Bayrou.
Non, ce n’est pas la liberté qui est en cause dans la crise économique et financière mondiale comme voudraient le faire croire ceux qui ont toujours eu peur de son exercice effectif mais la façon dont elle est organisée. Cette distinction est essentielle pour ne pas tomber dans une critique facile mais aussi stérile d’une soi-disant tare originelle du libéralisme qui permettrait aux plus roublards de faire leur beurre sur le dos des autres. Car, ici, ce n’est pas le libéralisme qui est responsable de cette crise mais bien le capitalisme, c’est-à-dire le système économique qui organise la machine à produire de la richesse et qui, comme le prouve l’exemple chinois, n’a guère besoin du libéralisme pour exister. C’est de ce système que proviennent les dysfonctionnements qui ont été mis au jour et justement stigmatisés.
Comme l’explique la philosophe Valérie Charolles dans son ouvrage « Le libéralisme contre le capitalisme », « Il est urgent de revenir aux fondements de la pensée libérale. Pour Adam Smith, le marché est le pendant de la démocratie. Il repose sur la reconnaissance de la liberté de chacun et de sa capacité à être partie prenante de la sphère économique : le travail, source de la richesse, est la valeur fondamentale. La concurrence, à ses yeux, sert à garantir que le mouvement du marché ne débouchera pas sur des positions de domination, mais permettra l’équilibre à long terme où les profits seront modérés et accessibles à tous. Trois notions sont donc fondamentales pour Smith : le travail, la concurrence et l’équilibre. » On le voit, on est loin des agissements qui ont conduit à la dérive financière actuelle du capitalisme qui n’est supportée que par les ultralibéraux. Et si ces notions fondamentales du libéralisme avaient été appliquées, nous n’en serions pas à débourser des centaines et des centaines de milliards pour renflouer des banquiers et des traders qui ont cru que notre argent était leur argent…
De même, tous les théoriciens sérieux du libéralisme, ont toujours affirmé que liberté sans responsabilité était une calamité. S’il y a liberté, il faut nécessairement la responsabilité. C’est ce qu’écrit très clairement un des théoriciens du libéralisme le moins régulé, Friedrich Von Hayek : « La liberté ne signifie pas seulement que l'individu a à la fois l'occasion et le poids du choix ; elle signifie aussi qu'il doit supporter les conséquences de ses actions et qu'il recevra estime ou blâme pour elles. La liberté et la responsabilité sont inséparables ». Cette responsabilité est essentielle si l’on a en tête cette évidence que rappelle Montesquieu, « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ». La responsabilité de ses actes est donc là pour qu’il ne dépasse pas la frontière qui conduit à l’abus. Car l’irresponsabilité crée le désordre qui crée l’insécurité qui tue la liberté et qui provoque, par exemple, la crise d’aujourd’hui. Dès lors, Il faut que cette responsabilité ne demeure pas qu’un vœu pieu mais qu’elle soit organisée pour empêcher ceux qui pensent qu’elle n’est qu’un mot creux, sans signification et sans implication sur leurs actes, d’aller trop loin. John Locke dit que « là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de liberté ». La norme doit donc être ce rempart, non seulement contre l’abus du pouvoir politique mais aussi contre l’abus du pouvoir économique.
On doit organiser la liberté politique et son corollaire, la liberté économique. Car, si cette dernière découle de la première, elle est surtout le système le moins mauvais pour produire de la richesse et non le cadre naturel quasi-métaphysique avec cette fameuse « main invisible » qui régulerait les marchés. Sans liberté d’entreprendre et sans récompense liée à cette liberté en cas de réussite, la plupart des entrepreneurs potentiels n’entreprendraient jamais. A cette réelle prise de risque doit correspondre une gratification en cas de réussite. Mais si l’on a le droit de réussir, on a aussi l’obligation d’être responsable de ce que l’on entreprend. Et là on se trouve au cœur des dysfonctionnements du capitalisme financier où la plupart de ceux qui entreprennent sur les marchés boursiers du monde sont totalement irresponsables dans tous les sens du terme notamment parce que les règles de régulation ne sont pas assez contraignantes et, pire, parce qu’elles ne sont pas appliquées. Irresponsables dans la manière de travailler, irresponsables de leurs actes, irresponsables vis-à-vis de l’argent des autres qu’ils utilisent. Et là se trouve la problématique. Car certains ultralibéraux qui confondent les marchés financiers avec la corne d’abondance couplée avec le loto continuent à affirmer que ce sont les règles de fonctionnement et de contrôle qui sont trop contraignantes au nom de la liberté et de l’efficacité. Pour eux, il faut une liberté totale au mépris de la responsabilité mais aussi de la morale car voilà bien d’un gros mot qu’ils n’aiment pas entendre préférant utiliser celui, moins exigent, de « éthique » que s’auto-imposeraient les acteurs du marché. On a malheureusement vu avec cette crise combien cette autorégulation et cette éthique étaient puissantes… Car, selon eux, tout doit être sacrifié au nom de l’efficacité. C’est une affirmation dangereuse car la morale doit être la borne de l’efficacité. Il n’est pas possible de faire n’importe quoi au nom de l’efficacité au risque d’ouvrir la boite de pandore de tous les abus dans tous les domaines. Et cette exigence morale dans notre monde irresponsable doit être traduite en réglementations c’est-à-dire, dans le cas qui nous occupe ici, en limitant les possibilités de faire n’importe quoi pour s’enrichir sur les marchés financiers et en prévoyant de vraies et fortes sanctions pour ceux qui les transgressent. Loin d’être liberticide comme le crient volontiers ceux qui justement s’enrichissent sur le dos des autres grâce à quelques tours de passe-passe (et non grâce à leur travail et leur intelligence) et leurs idéologues, elles permettent à la liberté de vivre pour tous. Faire n’importe quoi, ce n’est pas la liberté c’est le désordre. Et le désordre empêche toute activité. Seule la sécurité le permet. Voilà un discours que même ces ultralibéraux devraient entendre, eux pour qui la sécurité est la seule fonction légitime d’un Etat et l’ordre la seule façon d’apporter la confiance nécessaire au développement économique. Car le capitalisme est, au bout du compte, un outil de développement économique, c’est-à-dire un outil pour apporter le bien être aux sociétés qui l’utilisent et à ceux qui y vivent et non une fin en soi.
Le maire PS de Montpellier veut un Parti démocrate réunissant les socialistes et les partisans de Bayrou
Lors d’une interview au site LaTéléLibre, le président socialiste très controversée de la région Languedoc-Roussillon et partisan de Ségolène Royal, Georges Frêche s’est dit favorable à une union entre le Parti socialiste et le Mouvement démocrat, union dans un seul parti qui s’appellerait le Parti démocrate. Selon lui, « le parti de Jaurès et de Blum, c’est fini ». Il a ajouté, à propos la prochaine élection présidentielle de 2012, « si Bayrou arrive derrière Ségolène, il faudra lui donner le poste de premier ministre et Ségolène présidente de la République. Et ensuite, il faudra unifier le PS et le MoDem avant 10 ans pour faire un parti démocrate ».
Hervé Morin traite François « d’imprécateur médiatique » « égaré en rase campagne »
Dans une interview donnée au quotidien Le Figaro, le président du Nouveau Centre et ancien numéro deux de l’UDF s’en prend à la politique de son ancien patron, François Bayrou. Extraits.
François Bayrou a appelé les déçus du PS à le rejoindre. N'est-il pas le mieux placé pour profiter de la crise au PS ?
Ces appels démontrent que François Bayrou a besoin du PS. Le MoDem est devenu en peu de temps une petite fraction de l'opposition, aux côtés du PS. C'est une trahison de l'idéal centriste. C'est parce que j'ai refusé cette stratégie qu'au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle j'ai créé le Nouveau Centre. Le puzzle politique de 2012 commence déjà à se constituer.
En choisissant l'alliance avec le PS, François Bayrou s'est coupé de l'électorat du centre droit et a dévoyé nos valeurs communes. François Bayrou s'est égaré en rase campagne. Scrutin après scrutin, il accumule les revers électoraux : les élections municipales à Pau, l'échec total aux sénatoriales. À Arcachon, le score du candidat MoDem à la législative partielle, qu'il est venu soutenir en personne, ne dépasse même pas 3,7 % ! Sans élus et sans électeurs, le MoDem est moins un parti d'opposition qu'un groupe d'opposants animé par un imprécateur médiatique. François Bayrou est devenu un berger sans troupeau, sans élus et sans électeurs. Il n'a plus le choix de ses alliances et se rapproche de ceux qui l'ont fustigé pendant tout le congrès de Reims.
Dans ce contexte, quelle peut être la stratégie du Nouveau Centre ?
Le Nouveau Centre incarne le centre et le centre droit en faisant valoir les thèmes qui lui sont chers : l'idéal européen, la défense de toutes les libertés, la justice sociale et le respect de l'individu. D'ailleurs, ces valeurs sont la clé de voûte du projet économique que nous présenterons samedi, lors du conseil national du Nouveau Centre : notamment permettre aux PME d'embaucher trois salariés exonérés de cotisations employeurs pendant trois ans ou favoriser la relance des investissements des collectivités locales qui ont de nombreux projets dans leur tiroir qu'elles peuvent lancer rapidement.
Présenterez-vous des listes autonomes aux élections européennes ?
Nous restons fidèles à l'héritage des pères fondateurs de l'Europe : Jean Monnet, Robert Schuman et, après eux, Valéry Giscard d'Estaing et Simone Veil. Nous voulons porter cet idéal européen au sein de la majorité présidentielle. Le Nouveau Centre sera au rendez-vous de cette échéance électorale majeure.
Le sénateur centriste Jean Arthuis vous reproche de ne pas assez faire entendre votre différence par rapport à l'UMP.
Le Nouveau Centre est dans la majorité. Mon mouvement a fait entendre sa voix à plusieurs reprises, en demandant l'abandon du fichier Edvige ou en réclamant le plafonnement global des niches fiscales. Jean Arthuis et moi-même avons en commun de vouloir faire revivre la famille centriste. Il faut maintenant que nous travaillions ensemble.
François Bayrou choisit une stratégie de gauche et d’opposition systématique
François Bayrou, qui ambitionne d’apparaître comme le principal opposant à Nicolas Sarkozy, cherche à occuper le créneau laissé vacant par un Parti socialiste tout à sa guerre interne. Face à un PS «coupé en deux», le président du Mouvement Démocrate réaffirme sa volonté d’attirer à lui des électeurs socialistes déçus : «il faut que tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’action du pouvoir actuel et de Nicolas Sarkozy aient un espoir», qui ne peut «visiblement» pas venir du PS, en «bout de cycle et en décomposition grave». «Je me sens une responsabilité d’offrir un espoir, des idées et un rassemblement possible à ces millions de Français qui cherchent et ne trouvent plus et s’en désespèrent». «Il faut une alternative au pouvoir actuel. Cette alternative, elle doit être proposée et exprimée aux Français, et elle impliquera des rassemblements. C’est une idée si simple qu’on s’étonne que ça fasse l’objet de polémiques internes au PS». «J’ai apprécié que Ségolène Royal accepte l’idée de faire bouger les lignes un jour», a-t-il souligné, en allusion aux propositions d’ouverture au centre de l’ex-candidate socialiste à la présidentielle. «Je n’ai pas oublié que Martine Aubry à Lille a accepté et voulu un accord avec des gens qui sont très bien, et qui sont très bien dans la majorité municipale de Lille.»
«A court terme, le spectacle donné aujourd’hui par le parti socialiste et l’idée qu’il ne remplit plus ses fonctions d’opposant ne peut qu’être bénéfique à François Bayrou, comme d’ailleurs à Besancenot ou aux Verts» estime François Miquet-Marty, directeur de l’institut de sondage Viavoice. Selon lui, le Modem peut en tirer profit aux européennes, car «il a un discours clair sur l’Europe, ce qui n’est pas le cas du PS, au moins depuis 2005, et il y a des électeurs qui sur ces enjeux-là peuvent facilement passer du Parti socialiste au MoDem».«A moyen terme, c’est plus compliqué. Si le parti socialiste évolue en deux pôles, Ségolène Royal sera davantage positionnée sur ce créneau central, où Bayrou ne sera plus seul».